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Saint-Martin-de-Valamas : Autrefois, un foyer industriel (1)

Cela surprendra peut-être les plus jeunes, mais Saint Martin et ses alentours furent longtemps un foyer industriel important dans les Boutières (celles-ci étant elles-mêmes le siège de nombreuses entreprises -textiles notamment-). En effet, l'industrie s'y est implantée dès la fin du XIX° siècle, avec le textile et la bijouterie tout particulièrement. Et dans les années 50 et 60, pour rester dans une période que beaucoup ont connue, les industries étaient fort nombreuses dans le secteur et occupaient plusieurs centaines d'employés, grâce à la présence de trois rivières qui pouvaient fournir eau et énergie. En fait, l'activité se concentrait essentiellement dans deux branches: d'une part, le textile; d'autre part, la bijouterie.



  1. LE TEXTILE: il existait alors deux entreprises principales, mais qui avaient des activités bien différentes:

  • L'entreprise Laurent, avec deux usines: l'une, consacrée au tissage, qui occupait le bâtiment sis Rue des Baux (actuellement menuiserie Champ-Roux et garage municipal); l'autre, au moulinage située rue du Pont (actuellement salle polyvalente). Cette entreprise a fermé se portes en 1975, licenciant un nombre important d'employés.

  • L'entreprise Chomarat, dont le site était à Amarnas, près de l'Eyrieux, faisait de l'impression sur tissus (d'où parfois une rivière en aval fort colorée!) et occupait plusieurs dizaines de personnes. Elle a fermé ses portes dans les années 90 et a vu ses activités transférées au Cheylard, les locaux ne servant plus que d'entrepôt.

  • Il faut encore citer l'usine Poncet, située derrière la tour de la Varenne, qui traitait la soie naturelle et n'occupait qu'une poignée d'ouvrières  et qui a fermé en 1986 , ainsi que sa soeur « jumelle », l'usine Grand, du pont des Lièvres, fermée un peu plus tard (mais sise sur la commune de Chanéac)



  1. LA BIJOUTERIE: activité implantée depuis la fin du XIX° siècle à Saint Martin (2), elle était partagée entre deux entreprises:

                  -  L'usine Murat, dans ses ateliers du quartier du Pont, employait plusieurs dizaines d'ouvriers. Fermée au début des années 80, ses locaux sont actuellement occupés par l'atelier du bijou et l'office de tourisme.

                  - L'entreprise Legros occupait une usine rue du Garail (actuellement « La Nouvelle Manufacture ») employait plusieurs dizaines de personnes au cours des années 50 et 60, puis s'est agrandie plus tard avec un nouveau bâtiment contigu (aujourd'hui  occupé par l'entreprise Alinéa), avant de migrer dans les années 90 au hameau de Valamas dans des locaux uitra modernes. Aujourd'hui ne fonctionne plus qu'avec des effectifs réduits 

                 - N'oublions pas l'entreprise Rochette, située, elle, à Limis ( commune de Chanéac) qui travaillait l'or et n'employait qu'un nombre plus restreint de salariés. 



  1. Enfin, il faut signaler, aux alentours immédiats de Saint Martin:

  • L'entreprise Blanchard à Saint Julien d'Intres, spécialisée dans la passementerie, qui existe toujours et faisait travailler quelques dizaines de personnes.

  • L'usine Fimola à Arcens (textile) qui a fermé en 1977

  • La société productrice d'eaux minérales, aussi à Arcens, toujours très active. Il existait une autre société d'eaux au Bois Lantal, mais qui a cessé toute activité depuis.

  • L'entreprise textile Dufour , sise à La Chapelle sous Chanéac , fermée en 1976.(2)

 Au total, ces diverses entreprises occupaient plusieurs centaines d'employés, occasionnant une animation permanente dans les villages (et notamment à Saint Martin , où étaient regroupés les principaux commerces) aux horaires d'entrée et de sortie. A ce sujet, il faut remarquer que les usines  Laurent et Chomarat pratiquaient le travail en équipes (3x8), avec des prises de services à 5h , 13h et 21h, renforçant cette sensation d'animation. 



 Comme on peut s'en apercevoir à la lecture de leurs noms, ces entreprises étaient souvent familiales, les générations se succédant à leur tête, ce qui garantissait une certaine continuité et un attachement au pays. Ce lien familial rompu, ces entreprises eurent beaucoup de mal à se maintenir. Elles ont fermé les unes après les autres, ou ont réduit leurs effectifs, pour des raisons diverses: reprise par d'autres dirigeants, regroupement, concurrence, etc. Mais l'important est de voir quelles conséquences avait l'existence de ces entreprises sur la vie locale. Le recrutement des employés se faisait alors dans un périmètre restreint, de quelques kilomètres autour des communes concernées, dans les alentours immédiats, faute de moyens de transport: certains venaient tout simplement au travail à pied, d'autres à vélo, d'autres encore à vélomoteur (la « mob ») , à moto, beaucoup plus rarement en voiture. Ce n 'est que plus tard, au cours des années 60, que les véhicules motorisés (voitures) se répandant, que le recrutement s'est élargi à des  villages de plus en plus éloignés.. 

 Il faut remarquer également que ces usines étaient implantées dans le bourg même, à faible distance du centre ( la plus éloignée, l'usine Chomarat, n'était qu'à 1km de la mairie!). Toute cette population industrieuse contribuait , comme dit plus haut, à l'animation du bourg, notamment lors des entrées et sorties de services, dont les commerces locaux profitaient, les cafés particulièrement se situant à proximité des usines et offrant aux employés consommations et occasions de discuter avant ou après le travail.



  Le paysage industriel et celui de l'emploi étaient, aux alentours de 1960, bien différents de ceux d'aujourd'hui, où ne subsistent guère que la bijouterie, fortement réduite, à Saint-Martin, la passementerie à Saint-Julien d'Intres, les eaux minérales d'Arcens et quelques petites entreprises (Cypak à Arcens...). De plus, les usines ont souvent quitté le bourg pour ses alentours (Bijoux GL à Valamas) et le recrutement des employés s'est fortement étendu à l'extérieur des localités concernées. Fort contraste, donc, à soixante ans de distance. De village à dominante industrielle, Saint Martin est devenu plutôt un bourg résidentiel ( tout comme ses environs). Est-ce inéluctable? Faut-il le déplorer ou s'en réjouir? A chacun de se faire une opinion.



                                       Gilbert Verdier



  1. Nous parlons là évidemment d'industrie légère, et non de sidérurgie ou de métallurgie.



      (2)  Pour plus de précisions sur toutes ces entreprises, consulter l'ouvrage de Roger Dugua «  Saint-Martin de Valamas et ses environs d'hier et d'aujourd'hui » (  2002, Editions Dolmazon)



Commentaires

  • Il manque, pour Arcens, l'usine dite des Pierres à briquet qui, avant et après cette fabrication, est une centrale hydroélectrique.
    Son histoire est sur le site :
    http://www.atelierpatrimoine.parc-monts-ardeche.fr/inventaire/consultez-et-participez/centrale-electrique-et-usine-de-pierres-a-briquet-de-la-sagne-154.html

    Il y avait aussi la société Gemtec qui fabriquait des bijoux, située dans l'atelier occupé par Cypack. Sans que cela soit industriel, bien qu'il y ait eu jusqu'à 10 ouvriers, on peut aussi citer la scierie située au lieu-dit le Chambon.

  • Merci Monsieur Ribeyre pour ces précisions. Comme quoi, de pouvoir communiquer est utile.
    François

  • Merci pour ce rappel de l'activité industrielle de St Martin et de ses alentours, que de souvenirs, les sorties d'usine de Legros, Murat ou Chomarat, quelle vie dans St Martin à cette époque ! Mes souvenirs d'apprenti et ensuite d'ouvrier chez Legros reviennent à la surface,
    Même si cela paraît aujourd'hui inéluctable, je pense qu'on ne peut que le regretter. Mais cela pose le problème de la perte de nos industries, nous sommes devenus au fil du temps tributaires du seul tourisme, ceux qui font vivre nos villages ce sont ceux qui y habitent, peut-être verrons nous un jour revenir des habitants qui y reviendront pour la douceur de vivre.

  • Bonjour , J ai découvert votre blog , et la j ai tout de suite adhéré , je suis née à st Martin voilà 68 ans , et j ai toujours travaillé au pays , au début bijouterie Murat et ensuite Ardilor jusqu'à la retraite, et tout ce que faites découvrir sur l histoire du pays ,je connais un peu , mais pas tout en vérité , bravo pour votre travail et votre culture , c est vraiment passionnant .
    Bernard

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