« L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prenaient faussement pour de l’espérance. »
Bernanos - La Liberté pour quoi faire ?
Episode 8 de la Mosaïque du fou
CHAPITRE 4 – Le Colonel
Le colonel Bires est un drôle de personnage, lui qui est d’un naturel doux et aimant, n’a connu que discipline militaire haine et combat. Sa destinée est aux antipodes de son caractère. Sa vie lui a appris la rigueur, le respect et la discipline, il a été engagé sur tous les fronts, officier des troupes spéciales, commandos Keiffer, il est intervenu dans tous les combats contre les ennemis de la République du début du XXIème siècle. Il n’est pas un guerrier des scènes de combat traditionnelles, mais de toutes celles dont on ne parle pas aux actualités télévisées, et si parfois on annonce le résultat de leurs actions, une libération d’otages ici, l’élimination d’un Leader des terroristes là-bas, on ne parle jamais d’eux. Leur philosophie est celle de l’économie de bruit, de parole et surtout des vies de leurs frères d’armes, un bon commando est un commando vivant. Analyse, préparation minutieuse, patience et efficacité maximum, et pour finir ne jamais oublier comment on s’exfiltre de situations difficiles derrières les lignes ennemies.
En mai 2022 quand le RN arriva au pouvoir, le colonel était commandant des commandos Kieffer avec le grade de Colonel et il avait pris sous ses ordres un tout jeune capitaine Johannes Durand qui était un excellent élément. Réfléchi & prudent dans la préparation, précis dans la planification, chirurgical & implacable dans la réalisation. Il ne montre aucune cruauté envers les ennemis mais pas de faiblesse non plus, quand les commandos interviennent la mort est forcément une partie de l’équation quand ce n’est pas la raison de l’intervention même. Ils ne tirent que s’ils ont identifié la cible, mais quand ils le font c’est pour éliminer l’ennemi. Si le colonel avait dû qualifier le capitaine Durant, il aurait dit que c’était le commando parfait. En 2023 les commandos Keiffer ont commencé à être engagés dans des opérations qui relevaient plus de l’islamophobie que de la défense de la république, en bons militaires les commandos ont obéi jusqu’au jour où le gouvernement a voulu les utiliser contre des citoyens français. Le Capitaine Durant a juste refusé d’obéir, il a été mis aux arrêts et est passé en cours martiale. Le colonel l’a défendu auprès de la hiérarchie, puis a été son avocat à la cour martiale. Ce procès a été hautement médiatisé, car pour le gouvernement cette attitude était, à juste titre, inacceptable. D’ailleurs à aucun moment l’ex-capitaine Durant n’a essayé de se défausser ou de trouver des excuses. Il a accepté d’être dégradé et de perdre tous ses droits. Il ne pouvait tout juste pas faire ce qu’on attendait de lui. Il fut dégradé devant ses paires comme il est de coutume. Cette fin de carrière brutale a également provoqué la fin de celle du colonel. Il avait défendu, ou en tout cas essayé de défendre le capitaine Durant avec toute son énergie, et avait essayé en cours martiale d’expliquer que Johannes avait refusé car l’ordre était totalement contraire à son engagement républicain. Bien entendu cette plaidoirie n’avait pas plu au ministère et encore moins à l’Elysée, et on fit comprendre avec des mots certains au colonel qu’il avait acquis ses droits à la retraite, et que s’il ne partait pas il finirait dans un placard aux archives. Dégoûté il fit valoir ses droits à la retraite.
Quand il sorti du ministère à Paris après avoir signé son solde il fut accueilli par un coup de klaxon. Johannes l’attendait au volant de sa vieille Mustang décapotable. Le colonel savait que s’il rejoignait Johannes dans sa voiture toute sa vie allait basculer. Cette pensée c’est immédiatement imposé à lui mais il était fier et content que son capitaine soit là, il savait qu’une nouvelle vie allait démarrer.
Il monta dans la voiture, serra la main tendue d’une poignée de main virile et ne posa aucune question. Johannes les emmena en banlieue est dans un pavillon sur les hauts de Montreuil. Là les attendaient une vingtaine de jeunes gens dont 5 femmes. Le colonel en reconnu une poignée, dont deux qui étaient des commandos Keiffer. Le sujet concernait la modification de l’organisation des B.L.P.R. (Bataillons Laïques Pour la République) et d’engager cette organisation dans la lutte armée qui était en train de se développer dans la partie sud de la France entre plusieurs milices de différentes obédiences religieuses.
Les gaulois de la Croix Flamboyante, milice des Ultras Catholiques
La milice Chiite financée par le Hezbollah « Les Hezbollah »
La milice Sunnite, et là il y en a plusieurs, regroupées sous l’appellation « les fous de Dieu »
La milice venue de Grèce pour appuyer le gouvernement du RN « l’Aube Dorée » des Nazis religieusement proches des ultras Catholiques.
L’armée régulière après avoir essayé de mettre les milices au pas s’est retirée sur un 2 tiers Nord-Ouest du territoire laissant les milices se battre dans un tiers sud-est. Les territoires contrôlés par les milices étaient fluctuants et variables suivant les périodes courtes de combats intenses suivi de longues périodes de calme relatif agrémentées d’escarmouches plus ou moins meurtrières.
C’est ainsi que le colonel et Johannes se sont embarqués dans l’aventure, convenant ce soir-là de l’utilité de la lutte armée et de l’obligation pour eux d’encadrer ce mouvement pour éviter une boucherie quasi inévitable dans l’état actuel du dossier .
Nous avons déjà vu comment ils se sont retranchés dans les Boutières, le parcours pour en arriver là a été jalonné de sang de sueur et de décisions difficiles. Le Colonel n’a jamais regretté son investissement, au début il était toujours assez réservé sur le côté action armée de leur mouvement, mais le désengagement progressif de l’état dans la lutte contre les milices, l’a convaincu du bien-fondé des initiatives de Joannes. Après les avoir utilisés comme fer de lance et comme barrage contre une guerre de religion envahissante, l’état les a abandonnés et a arrêté de les alimenter en armes et munitions. Le support logistique officieux s’est tari doucement au fur et à mesure que cette séparation de la France et cette guerre devenait une raison fallacieuse mais suffisante au RN pour déclarer la loi martiale et renvoyer au calanques grecques toute élection démocratique.
Cet état de chose a beaucoup inquiété le Colonel, et même s’il faisait confiance à Joannes pour alimenter le groupe par des raids en terre ennemie, cela n’était pas suffisant pour assurer la pérennité des équipements, surtout des plus sophistiqués. Il décida donc de recontacter certains de ses contacts, certains hauts fonctionnaires, d’autres politiciens et enfin quelques milliardaires qui lui devaient leur vie, ou celle d’un proche. Il rencontra des fortunes diverses dans ses démarches, et s’aperçut bien vite que les bonnes nouvelles étaient rares et venaient rarement du coté espéré. Par exemple les Commandos Keiffer avaient eu plusieurs actions jointes avec les commandos saoudiens formés par les SAS britanniques. A ces occasions il avait rencontré plusieurs fois le prince MBS Mohammed ben Salmane, fervent des coups tordus et grand admirateur de tous les services commandos de l’occident. Dans sa recherche et par l’intermédiaire des SAS le Prince lui a fait savoir que cette pétaudière en France ne le servait pas, qu’il n’avait aucune confiance dans le gouvernement Français et encore mois dans les milices sunnites ou chiites qui essayaient de s’installer sur le territoire. Une France Laïque c’est normal, rassurant et quelque part c’est un ennemi respectable. Une France Chiite ou Nazi, serait catastrophique pour les intérêts du Prince. Depuis ce jour s’est établi un canal de communication et beaucoup de matériel et d’argent passent par ce canal. Le Colonel s’est ainsi constitué tout un réseau qui lui a permis de garder un coup d’avance et une certaine avance technologique dans son combat. C’est également un réseau de renseignement , plein de hauts fonctionnaires et de politiciens ne souhaitent pas soutenir ouvertement et matériellement les BLPR, mais leur font passer des informations vitales pour leur survie
suite au prochain numéro
Louis Lévêque