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Crier, cracher…

Comme beaucoup, j’ai passé quelques heures de plaisir devant mon poste de télévision à l’occasion des Jeux Olympiques.

J’ai vu de belles, de très belles choses. Le sport est une magnifique école, autant qu’un vrai spectacle. Si je pouvais poser une question aux athlètes, ce serait la suivante :

‘’Pourquoi criez-vous ?’’

Le cri devient une discipline comptant de plus en plus de pratiquants. Par exemple : un
lanceur de poids (médaille de bronze), après avoir catapulté son boulet, s’est mis à crier dans le cercle de lancer, à crier comme une bête.

Plusieurs hurlements encore en regagnant son banc. Un sauteur à la perche qui n’a pas attendu d’avoir atterri pour crier, et aussi après le saut, naturellement. J’ai regardé la compétition par équipes des escrimeuses françaises contre leurs collègues japonaises.

Étonnant : après chaque assaut, nous avions droit à des cris, les Japonaises se montrant pourtant supérieures, en ce domaine, à leurs adversaires. On distinguait le visage hurlant à travers la grille métallique. Je
pensais que l’escrime était un sport requérant et imposant la maîtrise de soi.

Les Japonais sont, par leur culture, des maîtres du calme et de la modération. Et quand parfois elle ôtait son casque, la voir crier devant toute la salle me mettait mal à l’aise.


Quel manque d’élégance ! Parfois les deux escrimeuses criaient ensemble, l’une de joie et l’autre de déception, probablement… Les juges auraient pu se laisser aller, eux aussi, au hurlement, pourquoi pas. Et les spectateurs aussi.

Et les téléspectateurs, ma foi... J’ai vu une escrimeuse française, après le combat, ôter très calmement son casque, attendre plusieurs secondes, puis pousser un cri énorme ne devant rien, absolument rien, à l’élégance féminine dont elle me semblait capable.


Bien sûr, on me dira qu’après l’effort le champion a besoin d’extérioriser un trop-plein d’énergie, de tension nerveuse.
J’entends. Mais je n’ai pas vu Léon Marchand et ses adversaires nageurs hurler dans la piscine. Je n’ai pas entendu des cris bestiaux sur la ligne d’arrivée du 100m ou du 200 m, ni sur les épreuves cyclistes.

Cela viendra peut-être… On a bien assisté, à l’occasion d’un bain médiatisé dans la Seine, au cri
strident autant que ministériel de madame Oudéa-Castéra.


Madame la ministre, s’il vous plaît, un peu de tenue…

Une autre pratique détestable est le crachat, recrutant ses adeptes surtout, mais pas essentiellement, sur les pelouses de football et de rugby. Cela devient un rite. Avant de tirer un
penalty ou un coup-franc, le footballeur crache, tout comme le joueur de rugby avant une transformation ou un coup de pied au but. Nouveau crachat après le tir, bien entendu. On se
relève d’une mêlée, on crache. Et l’on a quelques chances de se rouler dedans…

Les femmes s’y mettent à leur tour. Et là, franchement, traitez-moi de sexiste si cela vous plaît, mais une jeune femme qui crache ne donne pas de l’élégance féminine une image inoubliable. Encore plus moche que chez un homme. Les instances sportives pourraient-elles interdire cette
mauvaise habitude ? Elles ont bien interdit les chaussettes sur les chevilles et les maillots débraillés…
On me rétorquera aussi que le champion a besoin d’extérioriser quelque chose, de vider sa bouche. J’entends toujours. Mais alors, pourquoi ne crache-t-on pas au basketball, au handball ou au tennis de table ?

Parce qu’on ne souille pas un parquet, le sol d’un gymnase. On avale sa salive. Jusqu’à quand ?


J’ai pratiqué le sport. Je n’ai jamais ressenti le besoin de crier, pas plus que de cracher.


Je porte une grande admiration à trois sportifs exemplaires :


Guy et Lilian Camberabéro, et Michel Jazy. Curieusement, ces champions se ressemblaient par leur morphologie, leur gabarit ne relevant pas de l’armoire à glace. Il ne me semble pas qu’ils crachaient ou criaient au coup de sifflet final ou sur la ligne d’arrivée d’un 5 000m, en faisant des bonds de cabri. Ils se permettaient parfois de lever les bras.

Aucune manifestation ridicule ou déplacée, mais de la retenue, de la classe, de l’élégance. Je pourrais compléter cette courte liste de bien d’autres noms : Jim Clark, Alain Prost, Bernard Hinault, Roger Bambuck…

Alors, mesdames les sportives, messieurs les sportifs, s’il vous plaît, reprenez-vous et plaisez-nous.


On pourrait aussi écrire sur les simagrées des footballeurs après le but : c’est à qui se distinguera par une invention nouvelle dans le ridicule et le grotesque.

Écrire aussi sur le poing brandi par les joueurs et les joueuses de tennis après avoir marqué.

Curieuses choses que tout cela.

 

Michel Guigon.

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