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Devenir locavore, est-ce vraiment facile ?

Il y a quelques temps, en râpant du combava sur ma préparation de poissons, je me suis demandé si je pourrais nourrir ma famille avec des produits locaux uniquement, donc devenir « locavore ». 

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Ce terme  « locavore » a été inventé par Jessica Prentice de San Francisco en 20055 à l'occasion de la journée mondiale de l'environnement, qui a proposé aux résidents locaux d’essayer de manger seulement les aliments cultivés ou produits à l’intérieur d’un rayon de 160 kilomètres.

Le New Oxford American Dictionary a défini un « locavore » comme étant une personne qui recherche des produits alimentaires locaux. « Locavore » fut le mot de l'année 20076(source Wikipedia). 

J’ai d’abord décidé que j’allais rechercher mon approvisionnement dans un rayon élargi, allez…200 kilomètres, car au-delà cela deviendrait du « consommons français ». Puis j’ai tenté de faire l’inventaire de tout ce dont je devrais me passer en adhérent au locavorisme  pur et dur : d’abord, le combava, ô combien délicieux, mais bon, je ferai du poisson au citron – au citron ??? il viendra d’où mon citron ? y a-t-il des cultures de citron à moins de 200 kilomètres  ? Sauf erreur, en France, seule la Côte d’Azur en produit, mais la production risque d’être insuffisante pour satisfaire la demande ; et la Côte d’Azur est en dehors de mes 200 kilomètres,  Revenons à mon citron, il faudra d’abord planter des citronniers en basse Ardèche, les arroser, beaucoup – ce n’est pas très écolo – puis il faudra des camions,  beaucoup de camions,  pour les distribuer dans toute la région (ce n’est pas très écolo non plus). A moins que l’on ne retransforme la Dolce Via en voie ferroviaire ?  le plus simple sera que j’arrête de manger des citrons en attendant que les citronniers soient productifs… 

Il faudra aussi oublier tous les fruits et légumes tropicaux, bananes, mangues,noix de coco, litchis oranges, clémentines, ananas, avocats, patate douce, gingembre,  mon fameux combava et les délicieuses bergamotes d’Italie, oublier les amandes de Turquie et les raisins de Smyrne, ou de Corinthe, , puis le comté, le camembert, le parmesan, le sel, le poivre et autres épices, le Porto, le Whisky, les saucisses de Frankfort, le chocolat, et tellement, tellement de choses, qu’il serait intéressant d’en faire l’inventaire au fur et à mesure de nos besoins. Par exemple, les fleurs du bouquet que l’on vient de m’offrir viennent-elles d’une production locale ? D’où une nouvelle question, que cultive t-on, que produit-on en Ardèche ? Le père de l’agronomie moderne, Olivier de Serres, ardéchois bon teint, a bien dû laisser quelques consignes pour  que notre territoire soit autosuffisant en matière d’alimentation. D’après mes petites recherches,  selon les saisons (car bien sûr le locavore respecte le rythme des saisons), nous aurons un  choix limité, en été les tomates, courgettes, aubergines, pêches, abricots, (s’il ne gèle pas) etc, etc…ne devraient pas poser problème, mais la production locale  ne suffira semble t’il pas  à nourrir la population locale ? Nous devrons peut-être  oublier aussi les melons qui ne sont pas cultivés localement, les haricots verts qui viennent de partout sauf d’Ardèche,(bien que j’ai mon petit producteur perso pas très loin)  tout comme les artichauts, les choux fleurs, les brocolis, choux Romanesco et choux de Bruxelles, carottes, etc etc… Heureusement, nous avons la ratte, oui, mais petite production , et très limitée dans le temps. La Violine de Borée, n'en parlons pas, je n’en ai jamais vu sur les marchés. Mais nous avons les châtaignes !!!! en conserve à la belle saison, fraiches ensuite. Nous avons  aussi des pommes. Bien sûr, localement nous pouvons cultiver beaucoup de variétés. J’ai appris que l’Ardèche, qui  est un territoire fortement contrasté, est caractérisé par une grande diversité de productions. Nous avons donc cette chance de pouvoir varier nos assiettes, contrairement à la Beauce, par exemple, qui ne produit presqu’exclusivement des céréales.  Des contraintes géographiques et climatiques de notre région,  l’agriculture  locale a su développer des produits de qualité tout en conservant son authenticité à ses paysages. Mais bien que diversifiée, la production locale ne suffit pas à satisfaire toute la demande locale. 

J’ai donc essayé pendant quelques semaines de n’acheter que des produits « indigènes »…. Difficile. Sur le marché, on ne sait pas d’où viennent les fruits et légumes, ils sont étiquetés « France », mais sans plus d’indication sur la provenance. 

Les supermarchés des environs, eux, mentionnent les produits ardéchois. J’aime bien acheter des carottes ou des pommes d’Ardèche. J’ai le sentiment de faire une bonne action, d’être proche du producteur ….que je ne connais pas plus que le normand ou le nantais. 

Le locavorisme est une belle idée, je favorise l’achat de produits locaux quand je peux et que les prix ne sont pas prohibitifs, néanmoins cette pratique me semble favoriser une sorte de repli « communautaire », j’achète et je mange ce qui vient de chez moi, je ne veux rien de l’extérieur, c’est un peu effrayant. 

Ne pas tomber dans les excès me paraît important, j’ai donc décidé de devenir 

Flexivore. J’achète le plus possible local, mais j’irai quand même de temps en temps faire mon petit stock de combavas….

Je suis désolée si ce petit article est un peu décousu et incomplet, mais François me presse pour que j’écrive quelque chose !!!! alors voilà, c’est fait. Je trouve le sujet intéressant et serai ravie d’avoir d’autres avis, des idées, de bonnes adresses locales, etc…

Hélène Duchamp

Commentaires

  • Merci pour cet article bien intéressant. Il me réconforte. En effet, j'avais essayé une démarche un peu similiare en m'inscrivant pendant une année dans une communauté qui livrait des panniers de saison. J'avoue que ce n'est pas une réflexion approfondie qui m'a fait abandonner le principe. C'est tout simplement que toute la famille avait assez de manger beaucoup de courges, de choux, de pommes et des poireaux en hiver. Certes, on nous rajoutait des recettes dans le panier, mais nous nous sommes jetés avec une joie profonde et absolment pas écologique sur ananas, litchis, oranges, gingembre, citrons etc. et j'ai compris qu'il faut savoir doser . Un peu de tout, aussi local que possible - si cela nous inspire et nous convient. Depuis, j'ai adopté l'attitude d'Hélène - avec une pause de deux ans pour choux et courges de toute sorte à la demande de mon fils et de mon mari.... Christiane

  • merci Christiane, vous avez aussi tenté l'expérience, pour en arriver aux mêmes conclusions. Et à moins de revenir quelques siècles en arrière il me parait difficile de ne consommer que local. A bientôt j'espère, sur la place, devant une bonne bière, ardéchoise bien sûr !!!

  • bonjour Madame, manger local ne veut pas dire que toute la nourriture doit être produite ici, tous les clients du marché font comme vous, ma compagne aussi, par obligation d'ailleurs. Cela m'amène à énoncer cette banale et bébete terminaison : "dorénavant, faites comme d'habitude" .
    Bon appétit et bonne santé avec les produits du marché

  • Je vous remercie Monsieur Dussaud pour cette édifiante réflexion ; je ne parlais pas de juste manger local, mais d'appliquer l'art de vivre locavore. Alors justement si, lla nourriture du "locavore" doit être produite dans un rayon de 200 kms maxi de son habitat. Et ce n'est pas par obligation, mais par choix qu'il supprime tout ce qui vient d'au-delà des 200 kms. Donc, exit les produits mentionnés dans mon article, et bien d'autres encore. Bon appétit quand même !

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