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Et si le monde de demain n’était pas du tout à la hauteur de nos espérances ?

« L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prenaient faussement pour de l’espérance. »

                                                           Bernanos - La Liberté pour quoi faire ?bernanos.jpg

 

Episode 4

 

Leylla se retourna sur sa couche, et s’aperçut qu’il n’était pas là. Cela la contraria, il avait la capacité de calmer ses angoisses, d’apaiser ses peurs. Leylla était née au Maroc et avait été élevée dans une famille musulmane modérée. Quand Mohamed VI avait été assassiné par AQMI, et que le Maroc avait à son tour basculé dans le chaos et dans des guerres semi-tribales, semi-religieuses, elle avait émigré aux USA. Elle assista pendant ses années-là à la montée lente, insidieuse mais irréversible de l’islamophobie américaine. Plus les US perdaient de leur puissance et plus ils s’engageaient militairement dans des guerres qui n’étaient pas les leurs et plus la population devenait xénophobe, d’une xénophobie culturelle et religieuse plus que raciale. Les USA ont appliqué une politique internationale qu’ils ont appelé « la défense de la culture occidentale ». Derrière la culture occidentale se cachait la défense de la culture judéo chrétienne. Cette politique, ou plutôt cette xénophobie qui tenait lieu de politique étrangère, a fourni tous les prétextes d’intervention quand les intérêts financiers occidentaux ou israéliens étaient menacés, quand les minorités chrétiennes ou juives étaient menacées, quand l’approvisionnement en matières premières était menacé. C’était une politique étrangère que l’on pourrait qualifier de colonialisme défensif, le but n’étant pas la conquête politique des autres nations, mais la conquête des ressources, par la force quand nécessaires pour maintenir la supériorité du monde occidental, entendez du monde Judéo Chrétien. Son mari la trouva sur le campus alors qu’elle était au bord de basculer dans les mouvements musulmans radicaux, non pas par ferveur religieuse, mais par réaction identitaire.

            Il la ramena en France au pied de la plus haute montagne des Cévennes nord, Le Mézenc, et là dans un cadre remarquable en tous points il lui donna dix très belles années de paix et de bonheur, jusqu’au jour où les fous de Dieux ont décidé de mettre fin à cette parenthèse. Jean son époux a toujours cru que sa laïcité le protégeait de tout et pendant dix ans il était arrivé à la persuader que c’était vrai. Un soir de Novembre 2034, ils étaient au coin du feu avec des amis tous vivants à La Rochette leur village.la rochette.jpg Le sujet de discussion avait été toute la soirée dominée par les atrocités perpétrées par des groupuscules chiites entre Recharinge et Yssingeaux en haute Loire. Cette région était traditionnellement habitée par des ultras protestants qui se surnomment eux même des purs et qui sans être aussi extrême que les Amish, vivent encrés dans le passé. Les purs sont essentiellement pacifiques, totalement intolérants mais pacifiques. Jean avait réussi toute la soirée à les convaincre que ces bandes armées ne viendraient pas jusqu’à La Rochette, que leur cible était les purs. Les amis s’en allèrent et ils rangèrent les reliquats des agapes de la soirée. Les chiens aboyèrent puis plus rien. Jean s’arrêta et écouta. Sans un bruit il prit Leylla par le bras et mis son doigt sur la bouche pour la réduire au silence. Il poussa le buffet du salon, dégagea le lit placard qui se trouvait derrière, ouvrit la porte, l’embrassa tendrement et l’obligea à monter dedans. Il referma la porte, elle l’entendit remettre le buffet à sa place et puis plus rien. Au moins 10 minutes se sont passées, Leylla était terrifiée dans sa cachette, et elle y étouffait. Elle comprit à quoi servait ces lits placards aux 18ème et 19ème siècle, il y faisait chaud même dans une maison qui à l’époque ne devait être chauffée que par la cheminée centrale et le poêle de la cuisine. Puis d’un seul coup deux explosion de grenades, des cris, des coups de feu de plus en plus proches, à nouveau un cri étouffé puis le silence. Après un certain temps qu’elle ne pourra jamais chiffrer tant ce laps de temps lui parut long, ce fut le fracas d’une maison que l’on met à sac, sa maison, puis à nouveau le silence. Après un temps qui lui parut très long elle décida d’essayer de sortir. Elle s’arcbouta sur le fond du lit placard et poussa très fort les portes avec ses pieds. A la 5ème poussée alors qu’elle commençait à perdre espoir, elle entendit le buffet bouger derrière les portes. Cela lui redonna du courage et finalement après plus d’une heure d’efforts acharnés elle réussit à se glisser hors de sa cachette. Ce qu’elle découvrit était à la hauteur de ses pires craintes. Jean avait été égorgé et baignait dans son sang. Non seulement ils l’avaient égorgé mais ils l’avaient ensuite émasculé et avait mis ses organes génitaux dans sa bouche. Cette mise en scène atrocement macabre avait pour but de montrer qu’ils savaient que Jean vivait avec une musulmane, en fait c’est pour elle qu’ils étaient venus jusqu’à la Rochette. La mise à sac de la maison n’avait eu pour but que de chercher Leylla. Le lit placard du 18ème et la présence d’esprit de Jean avait épargné Leylla d’une fin bien pire que la sienne. Elle fut prise d’une violente nausée, sortit brutalement dans le frais de la nuit. Ce qui s’offrait à son regard dehors n’avait rien à envier à ce qui était dedans. Toutes les femmes du village avaient été violées et éventrées, tous les hommes décapités au sabre.

Au petit matin quand une troupe de gaulois, nom que se donne les troupes d’assaut de la Croix Flamboyante, entra dans le village par les quatre points cardinaux. Ils trouvèrent Leylla assise par terre, la tête de jean dans son giron, en train de le bercer d’arrière en avant. Ils étaient visiblement très frustrés d’avoir encore manqué le commando chiite. Ils étaient avides de sang, et la seule victime expiatoire possible était Leylla. Dans leur délire sanguinaire, ils se persuadèrent qu’elle avait vendu le village au commando, et qu’elle était leur complice. Ils la torturèrent pendant plusieurs heures, jusqu’à ce qu’ils se persuadent qu’elle ne savait rien. Alors en vrais soudards qu’ils étaient, ils commencèrent à la violer à tour de rôle et à écluser les réserves de gnôle de tout le village. Ils auraient sûrement fait plus vite s’ils avaient su qu’un enfant de 12ans Alexandre Roméas, avait échappé au massacre et avait filé vers le château de Brion pour prévenir les B.L.P.R. . Le Colonel envoya immédiatement une section de cavalerie d’une trentaine d’hommes dirigés par Johannes pour voir s’il y avait encore quelqu’un à sauver. La cavalerie était en fait des motards, montés sur des motos tout-terrains totalement silencieuses car électriques et rechargées par une batterie atomique portable, cadeau des réguliers avant qu’ils ne se replient au nord de la Loire.

Johannes arriva à portèe de fusil de la Rochette par le chemin qui venait de Chanéac et rejoignait Borée par Serres et Graillouse. Ils remontèrent la vallée de la Saliouse par les crêtes versant est, si bien qu’ils arrivèrent sans bruit au-dessus de La Rochette avec le soleil levant dans leur dos qui éblouissait complètement les quelques gardes gaulois postés autour du Village. Au début ils ne comprirent pas la situation, ils pensaient trouver un commando chiite et ils se trouvaient en face d’une bande de gaulois indisciplinés. C’est une lapalissade, mais leur indiscipline n’en faisant pas moins des guerriers valeureux et forts dangereux. Il n’était pas question de les prendre à la légère. Johannes analysa la situation et pris tout son temps pour organiser son attaque. Il repéra le charnier des Rochetous, et en déduisit qu’il y avait bien eu une attaque chiite, l’état des corps était une signature. Il repéra une vingtaine de gaulois, et estima qu’il y en avait au moins une dizaine de plus dans cette grande bâtisse à la sortie nord du village qu’on appelle la « Maison du Monsieur ». Il déduisit qu’ils avaient au moins un prisonnier féminin vivant quand il vit pour la deuxième fois un gaulois sortir, dépoitraillé, bouteille de gnôle à la main et braguette ouverte. Il avait trouvé son objectif. Ils traversèrent à trois la Saliouse en aval du pont du moulin, puis neutralisèrent les deux gaulois chargés de sa surveillance. Ils tirèrent depuis la crête d’en face des traits d’arbalète et éliminèrent les quelques dix-huit autres gaulois repérés, puis foncèrent en silence pour prendre d’assaut la maison du monsieur. C’est là qu’ils découvrirent Leylla dans un état plus que déplorable, inconsciente, avec un soudard en train de la chevaucher en buvant de la gnôle au goulot. Johannes furieux fit le ménage, ses hommes, autant en colère que lui, ressorti de la maison une fois tous les gaulois tués ou arrêtés. Johannes ressorti et dit simplement finissons-en. Il n’y eut pas de prisonnier. 

    …(suite au prochain numéro)

 

Louis Lévêque

 

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