Depuis 130 ans, c'est-à-dire depuis le début du dépeuplement de la région boutiérote, les terres ont été largement abandonnées à la forêt, à la lande, à la friche: c'est ce que l'on appelle la déprise agricole. Au cours de cette période ont été délaissées de nombreuses cultures spécialisées, autrefois prospères. Parmi celles-ci, nous pouvons notamment remarquer:
1)LE MÛRIER: cet arbre n'était pas cultivé pour son intérêt alimentaire immédiat, mais pour l'élevage des vers à soie (les feuilles étant la nourriture de celui-ci. Cette culture était particulièrement développée autour de Saint Sauveur de Montagut, et alimentait ainsi les moulinages -nombreux- du secteur, avant que les importations et la soie artificielle ne ruinent cette branche de l'agriculture. Il est possible de voir encore des mûriers çà et là, vestiges d'une autre époque.
2)LE CHÂTAIGNIER: la châtaigneraie s'était beaucoup développée au cours du XIX° siècle, en raison de l'augmentation de la population des Boutières. Il en reste de nombreuses forêts aujourd'hui, mais elles sont souvent laissées à l'abandon (même si quelques producteurs s'accrochent). Mais ainsi, elles fournissent aux promeneurs l'occasion de ramasser quelques châtaignes à l'automne.
3)LE PËCHER: cette culture s'est massivement développée dans les années 50/60 dans la basse vallée de l'Eyrieux ( des Ollières à Beauchastel) mais aussi parfois jusqu'à 500/600 m d'altitude (Le Cheylard, Saint Martin de Valamas...). La production était alors très importante, entraînant la création de coopératives (Beauchastel). Mais concurrencée par la vallée du Rhône et les importations des pays voisins, la pêcheraie de l'Eyrieux a fortement régressé depuis 1970, au point de disparaître presque complètement, sauf dans la partie la plus basse de la vallée.
4)LA VIGNE: on peine à le croire aujourd'hui, mais la vigne était très présente dans les Boutières, (. jusqu'à 600 ou 700 m d'altitude) sur les pentes à la fois ensoleillées et arides des vallées. Innombrables étaient les paysans d'alors qui « faisaient leur vin » pour leur consommation personnelle. Il faut bien toutefois reconnaître que ce vin était souvent de qualité médiocre (non commercialisable) en raison des cépages de qualité discutable, aujourd'hui disparus (bacot, clinton...) mais aussi faute d'un terroir peu adapté. Certains ont toujours qualifié ces vins locaux de « piquette »... Toutefois, grâce aux alambics, les paysans pouvaient faire à l'époque leur fameuse « gnôle » (40°).
5) LE BLE : oui, on cultivait le blé dans nos contrées: la farine pouvait alimenter ainsi les boulangeries du secteur. Cette farine était d'ailleurs produite dans des établissements locaux (moulins, minoteries) auxquels les paysans venaient apporter leur grain. La récolte du blé donnait lieu à des séances de battage sur des aires (avant l'arrivée des machines). Rien ne se perdait : la paille résiduelle servait à la litière des animaux. Cette culture a désormais quasi totalement disparu.
- LA POMME DE TERRE: tout paysan, tout petit agriculteur d'autrefois, voire tout possesseur d'un simple petit lopin de terre avait un carré réservé au fameux tubercule: il n'était pas aussi bon marché qu'aujourd'hui, et ceci explique la généralisation de cette culture. Celle-ci, sans disparaître tout à fait, a fortement régressé depuis les années 70. mais çà et là, des jardiniers amateurs font encore leurs « tartifles » (et n'oublions pas la « violine « de Borée qui connaît un certains succès!);
Gilbert Verdier