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La rentrée des classes

En septembre, François a décidé de faire paraître le Rue des Puces avec dix jours d’avance….je n’avais pas écrit une seule ligne… c’est donc avec un mois de retard que je vais vous parler de la rentrée scolaire de Vlad et Liliya. Tout s’est bien passé (ou presque) les deux enfants étaient ravis d’aller au collège, de faire des rencontres avec des jeunes de leur âge, et aussi de pouvoir discuter avec les autres enfants ukrainiens inscrits dans le même établissement. 

La principale difficulté, vous vous en doutez, c' est la langue. Pour Liliya, 11 ans, ça se passe plutôt bien après quelques « mises au point » en début d’année. Les trois jours de vie commune de  tous les 6èmes aux Estables ont permis de faire connaissance et d’expliquer à tous les enfants les difficultés que peuvent rencontrer les petits ukrainiens. C’est dommage que cette mise en situation commune ne soit pas proposée aux autres classes. 

Pour Vlad c’est plus compliqué. A son âge , 14 ans,  l’identification à un groupe  est essentielle et permet de s’affirmer, se construire une représentation de lui-même, une personnalité, une identification personnelle et une identification au sein du groupe. Le groupe d’amis chez un ado est extrêmement important, Or un groupe d'amis ne peut se constituer que si les personnes peuvent parler entre elles, ce qui n'est pas le cas pour Vlad. Il est enfermé dans une sorte de prison , ne comprend rien à ce qui se dit autour de lui, ni pendant les cours, ni pendant les récrés, ni à la cantine, ni dans la rue, ni même chez nous où nous employons beaucoup le traducteur. L’apprentissage du français est d’autant plus difficile que l’alphabet ukrainien est  cyrillique et le notre latin.  Ne comprenant rien, il ne peut même pas choisir ses amis. Sa marginalité est lourde à vivre, c’est un enfant en souffrance, auquel manquent sa grand-mère et ses cousins, ses amis, son pays, tous ses repères ont disparu,  soyons compréhensifs et tâchons, avec les moyens et les capacités qui nous sont propres, de l’aider à surmonter tout son mal-être. 

Pour Liliya qui est plus jeune, tout se passe mieux, et nous sommes bien obligés aussi de constater que les filles sont plus accueillantes que les garçons… !!! 

Côté activités, nous sommes allés un dimanche aux Estables faire de la luge d’été, et un autre à  l’Ecole du Vent de Saint-Clément pour la fête de la Science. Les deux sorties les ont enchantés. De plus, ils trouvent que les paysages sont superbes, très différents de l’Ukraine toute plate et cultivée de champs de blé. Le mercredi midi les enfants viennent manger à la maison le midi, et l’après-midi nous faisons un peu de français ; il y a aussi une autre Tatiana ukrainienne au Cheylard, qui est professeur de mathématiques, elle vient aider Vlad et Liliya  car je ne suis d’aucune utilité dans cette matière…. 

 

Les parents quant à eux vont bien. Les deux travaillent, ils vont bientôt emménager dans leur propre logement, c’est un début d’autonomie tout à fait encourageant. Bien sûr, pour les bénévoles de St Martin Ukraine Solidarité, les jours se suivent et se ressemblent, beaucoup de paperasses à faire, des heures au téléphone, des accompagnements, des explications, et actuellement la  recherche de meubles devient l’activité principale ! Et ce matin, les enfants ont raté le car, donc réveil un peu rapide pour moi afin de les emmener au collège !!! 

L’association aussi va bien, les cours de français continuent avec trois séances par semaine, et la bonne volonté des bénévoles ne faiblit pas. Nous avons tous l’envie de voir cette famille voler de ses propres ailes et s’insérer dans le village , pour y vivre sereinement en attendant la fin d’un conflit qui semble parti pour s’éterniser. 

Hélène Duchamp

C’est dans l’entraide que les humains prennent de la hauteur (Tahar Houhou 1961)

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