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Les douglas

Lors d'une promenade à la Romane, au dessus de St-Martin, j'ai rencontré deux charmantes dames qui, comme moi avaient observé la coupe rase qui était en cours ainsi que les arbres tombés qui obstruaient le chemin. Nous avons donc parlé de ces douglas qui, depuis des décennies ont envahi nos montagnes. Fort de mes nombreuses années de « pasdicilien » je me suis autorisé à donner un avis dont je n'avais bien sûr pas vérifié les sources et que j'avais dû glaner dans quelque bistrot. J'avais entendu dire qu'ils avaient été plantés dans les années 50/60 avec des subventions et qu'à une époque ils étaient surtout destinés à étayer les galeries des mines de Saint-Etienne. Une des dames m'a répondu que son père en avait aussi planté, mais sans subvention et qu'elle n'avait jamais entendu parler de leur utilisation pour les mines. Alors j'ai pensé que cela ferait un bon article pour « ruedespuces ». Je me suis donc mis à la recherche d'informations sur le sujet.

J'ai trouvé qu'après la seconde guerre mondiale, grâce aux aides du FFN, des milliers de petits propriétaires terriens dans le massif central, comme dans les Boutières ardéchoises subissant l'exode rural et la déprise agricole avaient ainsi pu planter des résineux.*

« Le Fonds forestier national (FFN) était un fonds français, créé en 1946 pour permettre une gestion plus dynamique des forêts françaises et pour aider la filière bois à se développer. Il visait principalement à encourager le reboisement (en résineux surtout) et à désenclaver les forêts, c'est-à-dire y favoriser l'accès aux grumiers. Il a permis de mobiliser 32 milliards de francs (francs 1999 soit 6,3 Mrd € 2015) durant un demi-siècle1. » (wikipedia)

Bien sûr, les propriétaires ou leurs descendants, en plantant des terres en friche, pensaient leur redonner un caractère productif car c'est aussi un capital que l'on pourra léguer à ses descendants avec d'autant plus d'intérêt que sa valeur marchande les incitera peut-être à revenir de temps en temps au pays.  La symbolique de l'arbre qui rassure, qui dure et qui rapporte a joué un rôle important dans l'œuvre de reforestation. Et puis, en Ardèche ces propriétaires terriens allaient donc planter, non plus des châtaigniers dont ils savaient pertinemment le travail qu'ils nécessitaient, mais des conifères dont l'Administration forestière d'État leur disait tant de bien.

L'état d'ailleurs, mettait tout en œuvre pour favoriser ces plantations :

« Depuis les débuts du FFN en 1947, l'administration des PTT avait été mise à contribution pour faire passer des messages de "propagande" (c'est le terme utilisé à l'époque) auprès des Français sur la nécessité de reconstituer les forêts françaises. En 1955 à Paris, l'oblitération du courrier comportait une flamme postale censée réveiller l'intérêt des Français pour le reboisement : "Reboiser, devoir national, placement familial". »

Au début du XXe siècle, l'Ardèche comptait 100 000 ha de forêt, soit un taux de boisement de 18%. À la fin du XXe siècle, en 1995, il en comptait 250 000 ha, soit une augmentation de 150% et un taux de boisement de 45%. 

Qu'une grande partie du reboisement ait eu lieu grâce aux subventions ne veut naturellement pas dire que toutes les plantations en aient bénéficié. Il y a bien sûr de nombreux propriétaires soucieux de rentabiliser leurs terres qui n'ont pas attendu ou pas voulu les aides de l'état.

Quant à l'utilisation de ces douglas pour l'étayage des galeries minières de Saint Etienne, je n'ai rien trouvé, si ce n'est que vers 1900, le pin est alors seul utilisé pour l'étayage. Il craque avant de céder si la charge des terrains devient trop forte, et prévient ainsi les hommes.

François Champelovier

 

* Informations scientifiques / Dossiers régionaux (Territoriaux) / La France : des territoires en mutation / Les nouvelles forêts françaises. L'exemple ardéchois Dossier] La France : des territoires en mutation  Les nouvelles forêts françaises. L'exemple ardéchois Publié le 04/10/2010 Auteur(s) : Clément Dodane - université de Lyon, université Jean Monnet Saint-Etienne



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