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La Place

De nos jours, lorsqu'on traverse la place de l'Hôtel de Ville, autrefois simplement dénommée « La place », on se sent bien seul : Pas de piétons, pas de riverains, un silence un peu oppressant. Est-on bien au centre du village ? On peut se poser la question.

Pourtant, « la place » n'a pas toujours été ce lieu déserté par les habitants. Il y a quelques décennies ( entre 1930 et 1970) elle était un lieu très fréquenté, d'abord parce que tous les immeubles la bordant étaient occupés souvent par plusieurs familles ; Cela faisait du monde (100 à 150 habitants) en tout cas beaucoup plus qu'aujourd'hui où les maisons vides sont légion. Ensuite parce que tout un ensemble de commerces et de services y étaient implantés : Boulangerie, pâtisserie, cafés (7 ou 8!) magasin de vêtements, pharmacie (oui!) notaire, bibliothèque. On comptait le local des pompiers (au dessous de la mairie) et la gendarmerie qui partageait ses locaux avec la mairie, les familles des gendarmes étaient logées dans les étages ! N'oublions pas l'église, beaucoup plus fréquentée qu'aujourd'hui par les fidèles. Tout cela contribuait à créer une animation permanente, surtout si on ajoute la proximité des écoles (cîme du lieu, rue de la poste) aux heures de sortie et d'entrée, les enfants venant et repartant à pied (peu de véhicules alors). Oui, la place était bien alors le cœur battant du village et, pour couronner le tout, les pompiers partant en intervention attiraient les curieux, alertés par la sirène et ça, même la nuit !

Mais autre chose contribuait à l'animation de la place : C'étaient les événements commerciaux ou festifs qui s'y déroulaient. Outre les offices religieux (bien plus fréquentés qu'aujourd'hui et très suivis) qui amenaient la foule les dimanches matin et remplissaient à leur sortie les cafés voisins (les grandes fêtes religieuses accentuaient cette fréquentation). Les foires mensuelles voyaient un afflue d'acheteurs autour des étales des forains beaucoup plus nombreux qu'aujourd'hui et offrant une gamme variée de produits (vêtements, chaussures,, équipement de la maison, outillage agricole), sans parler bien sûr des producteurs alimentaire locaux et parfois des bonimenteurs attirant les badauds par leur bagout intarissable pour vanter leur camelote. La place était alors entièrement garnie par ces étales. Une place particulière doit être réservée aux grandes foires de printemps et d'automne (foire de la Saint-Martin) l'afflue de forains et de visiteurs venus de l'ex canton de SMV était encore plus considérable, avec des paysans venus vendre leur cheptel (bovins, ovins, caprins) transactions interminables qui se terminaient avec la fameuse « patche ». La foire débordait alors la place pour s'étaler le long des rues avoisinantes (rue du Garail, rue Royale, cîme du lieu). La foire se prolongeait une partie de l'après-midi, pour le plus grand profit des cafetiers et restaurateurs, la consommation de « canons » atteignant ces jours là son maximum. D'autres manifestations festives se déroulaient sur la place en été. D'abord le feu de la Saint-Jean, en juin, qui réunissait la jeunesse autour du feu de bois. Le 14 juillet et le 15 août, au soir, un feu d'artifice réunissait la grande foule des résidents et des estivants (y compris ceux d'alentour) ravis de ce spectacle gratuit.

Au cours de l'été se déroulaient souvent des concours de boules (à la lyonnaise alors très en vogue). Les parties finales avaient lieu sur la place, en nocturne, et se prolongeaient parfois fort tard.

Au printemps, à Pâques, les « auto-tamponneuses » et établissements sous chapiteau pendant deux semaines rassemblaient autour de la piste les adolescents de tout le secteur, accompagnés parfois d'un manège pour les plus jeunes enfants.

Mais l'événement le plus prisé alors, c'était l'arrivée d'un cirque (alors plus nombreux que de nos jours et qui n'hésitaient pas à parcourir la campagne) et c'était parfois des cirques assez importants (parfois 2 ou 3 par an). Le spectacle commençait dès le matin, dès l'arrivée des convois colorés et bruyants qui alignaient les roulottes et remorques sur la place. Cela  continuait avec un morceau de choix : Le montage du chapiteau, toujours spectaculaire. La place entière était ainsi occupée. Il était possible de visiter la ménagerie, toujours très prisée, on pouvait voir des chameaux, des lamas, des lions et des panthères dans des cages de quelques mètres carrés (dans des conditions qui aujourd'hui provoqueraient une émeute et l'incendie du chapiteau !) et même un hippopotame ! La musique tonitruante accentuait l'aspect festif de la journée ;

Il ne faudrait pas négliger l'animation créée par les soirées électorales, très suivies alors (notamment pour les élections municipales qui se faisaient par individu et non par liste) Les soirées se prolongeaient parfois fort tard et étaient surtout l'occasion de discussions dans les cafés alentour..

Comme on peut le voir, la « Place » était alors le théâtre de bien des rencontres, des échanges. Ce n'est qu'à la fin des années soixante que le basculement eu lieu. Disparition progressive des boutiques, des commerces, des cafés, fuite des résidents vers la périphérie de Saint-Martin, affaissement des foires et abandon de certaines traditions ou animations. On peut le regretter ou s'en réjouir mais il faut néanmoins être conscient qu'un village sans centre, sans lieu de rencontre risque fort de manquer d'âme et d'unité.

Gilbert Verdier

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