Nous remercions Marie-Odile Alligier qui nous a fait parvenir ce journal de janvier 1959 . Il rappellera des souvenirs à certains.
Comme la copie n’est pas trop nette, nous l’avons à la suite, retranscrite en version plus lisible.
Cher ami
Tu pourras constater que nôtre lettre est un peu un enfant prodige ; Dans l’affiare d’un mois elle a rudement pris de l’étoffe ! C’est encore loin d’être parfait ; nous sommes en rodage, et il s’agit d’un rodage plus long et plus compliqué qu’un moteur. Nous essayons de faire toujours mieux.
Que notre lettre t’apporte bien plus que des mots, une bouffée d’air pur de St-Martin, toujours excellent, même s’il est un peu frais comme en cette période. Qu’elle t’apporte surtout le témoignage de notre amitié.
Tu es soldat, et actuellement moins que jamais, par sa durée et avec l’Algérie, le service militaire est quelque chose d’intéressant. Il engage ton venir, puisqu’il te prend deux années précieuses. En Algérie il te met en contact avec les horreurs de la guerre.Tâchons cependant d’en tirer, de ce service militaire, le meilleur profit. En Algérie, il te place en contact d’un autre peuple, d’une civilisation différente de la tienne, qui a ses défauts mais aussi ses qualités ; essaye de la connaître et de la comprendre. Partout où que tu sois le service militaire te met en contact de camarades, dont beaucoup peut-être sont plus ou moins dégonflés ; ne penses tu peux faire quelque chose pour eux, que tu peux leur apporter le réconfort de ton amitié franche et simple, surtout à ceux qui en ont le plus besoin. L’armée comporte aussi le risque d’abrutir, c’est à dire de faire agir en automate, de tuer la réflexion et le jugement. Ne crois-tu pas que ce serait déjà beaucoup d’apprendre à porter un jugement sain sur tout ce que tu fais et tout ce que tu vois. Ces quelques considérations sont nos vœux pour l’année 1959, joints aux vœux de bonne santé, et le plus tôt possible d’une bonne quille.
L’abbé
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ALLO….ICI ST-MARTIN
Après les fêtes ST-Martin a repris son train-train quotidien. Nous avons à eine eu le luxe de quelques flocons de neige, juste pour le dit. L’année 1959 est déjà bien entamée ; des jeunes et surtout des familles ont commencé cette nouvelle année un peu dans l’angoisse, à cause de l’usine Legros où le travail continue à manquer...Pour ce qui concerne les événements les plus marquants de la vie St-martinoise, nous ne pouvions pas avoir la prétention de tout dire, nous avons simplement pris quelques flaches, nous te les communiquons…….
………..D’abord un mot d’explication……
Nous avons la joie d’accompagner notre lettre d’un petit mandat, qui voudrait simplement être la preuve que nous ne vous oublions pas. Nous avons décidé d’organiser en votre faveur une vente de fleurettes. Et dimanche dernier des jeunes, quillards et plus jeunes, ont proposé aux gens des fleurettes tricolores contre une offrande au bénéfice de nos soldats. Nous avons été surpris du bon accueil qu’on a réservé à notre initiative ; cela montre combien les ST-martinois s’intéressent à leurs compatriotes soldats.
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MOTS DU CONCOURS DE BELOTE
Dimanche dernier avait lieu le concours annuel de belote en faveur des écoles libres. Dès 1h les gens de ST-martin ont pu se rendre compte que quelque chose de pas habituel se préparait ; un grand déménagement de bancs à travers les rues de la ville était en train de se faire vers la grande salle du patronage.
Les inscriptions étant annoncées vers 2h30, dès 2h il y avait déjà de monde dans la salle et sur la cour ; depuis les prétendants à la dinde, jusqu’aux curieux aux assoiffés, en passant par les dames venues encourager leur mari….ou bien jouer elles mêmes. Les inscriptions ne vont jamais très vite, et c’est long d’attendre. Pour passer le temps les joueurs se livrent sur la cour à ce sport excellent qu’est une bagarre aux boules de neige. « Florin » sert de cible. Pendant ce temps le Comité d’organisation a enregistré 76 doublettes.
Tout le monde a trouvé que l’ambiance de cet après-midi a été formidable. Les jeunes se sont bien défendus. Ca n’empêche pas que les vieux leur ont fait la pige quand même, et ce sont Gaillard et Chappus qui ont gagné la dinde.
A la fin du concours, une grosse émotion nous était réservée : coups de sirène magistrale, musique bruyante de la voiture des pompiers ; tout ce tintamare aurait fait croire que pendant que les St-Martinois jouaient bien tranquilles aux cartes, le St-Martin de pierres, lui, était en train de flamber tout entier.
Il s’agissait d’un feu de cheminée chez Georges Giraud, au pont, maison Murat.
Le feu s’était insidieusement infiltré entre deux planchers remplis de sciure. Les pompiers pas très d’accord dans leurs opérations (ce sont des choses qui arrivent) ont dû abattre un plancher à coups de haches, et sont parvenus ainsi à maîtriser l’ennemi avant qu’il ait le temps de faire trop de ravages. Pierre Moulin et Simon Blanchard réparent le sinistre.
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SPORT
L’équipe de foot à Portes le dimanche 4 janvier. St-Martin a gagné par 1 à O. On a particulièremenr applaudi un arrêt sensationnel de Némé Chanut, qui a détourné en corner un pénalti. Dimanche dernier le match amical prévu contre Satillieu a dû être annulé à cause du mauvais temps. Dimanche prochain notre équipe évoluera sur le stade de Lavoulte. Nous ne sommes pas très optimistes sur l’issue de ce match, mais on ne sait jamais ! Dimanche Bébert Descours ne jouera pas en raison de son mariage la veille. D’autre part, nous vous signalons que Roland Delavis, dit « Le Cogne » va bientôt nous quitter, puisqu’il s’est engagé dans l’aviation. C’est une perte pour l’équipe.
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St-Martin à la page
Depuis quelques jours deux cars couverts de poussière, et à l’allure originale, font partie du cadre habituel de la place de St-Martin. Ce sont des cars de la Télévision Française. Des spécialistes sont venus étudier l’emplacement de notre futur relais pour la Télévision ; Ils ont fait des essais d’émission un peu partout. On a parlé comme emplacement possible du relais de Dusailles, du Gebier, et surtout de Pauchelon, du côté de St-Jean-Roure. St-Martin se tient bien, puisque notre relais sera aussi puissant que celui de Fourvière pour la ville de Lypn.
CARNET ROSE :
Pascale Rey
Christiane Delagorderie
CARNET BLANC :
Gilbert Descours avec Bernadette Chomarat
Paul Karijon avec une fille Nouzet de traînas
ECHOS DE LA CLASSE 60
La classe 60 commence à prendre du souci, et pour faire quoi que ce soit, aujourd’hui comme toujours, il faut du fric. C’est pourquoi dans une première réunion, ils ont décidé d’organiser un bal au café Riou de la Place. Il y a 6 jeunes seulement qui appartiennent à cette classe ; ce sont : Robert Flandin, Paul Alligier, Robert Bouchet, Jean-Claude Chazel, Georges Collus.
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A PROPOS DES 3 JOURS
Comme tout bon citoyen, notre sympathique ami Camille Coulomb était parti allègrement faire ses 3 jours à la Doua. Il était parti le jeudi, et aurait dû revenir au plus tard le dimanche, mais il ne revenait pas… On commençait sérieusement à se faire du souci, vous le devinez, mais ces soucis n’atteignaient pas Camille ; il avait fait la connaissance d’un ami tellement sympathique de Lamastre ! Et entre copains qui s’entendent bien, le temps ne dure pas, surtout, comme c’était le cas, si pour le faire couler plus vite on l’arrose de quelques bons canons… Tellement que notre Camille n’est revenu que le mardi matin.
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HISTOIRE VRAIE…...POUR RIRE.
R. Teyssier, toujours à l’affût du progrès, comme il se doit, a installé à la scierie, sur la route de Crezenoux, un moteur Diesel puissant. Malheureusement le moteur bien installé ne voulait démarrer d’aucune façon. En désespoir de cause on essaye l’éther,, et là, ça a réussi, on vous l’assure ! Le moteur se met à tourner, et fait au moins le pétard d’un bombardier lourd. Ce qu’il y a de plus fort, c’est qu’il n’y a plus moyen de l’arrêter ; il tourne à l’huile de la boite. A un moment où le carburent augmente, c’est intéressant !
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LA CIME DU LIEU.
Nous avons, un petit groupe de jeunes, entrepris un passe-temps, qui depuis longtemps était notre projet « Le BRICOLO ». Nous nous réunissons deux ou trois fois par semaine à 8 Heures, au centre Ménager. En passant devant notre salle, vous pourriez entendre : Coups de marteaux, grincements de scies, cris aigus « Haie, Je me suis tapé sur les doigts ! » Morceaux de chansons… Tout un village en contre-plaqué est en train de se construire : Eglise, hôtel, villas. Nous espérons que nous pourrons, quand l’occasion se présentera vous faire admirer des chefs-d’oeuvres.
Un gars du Bricolo
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NOUVELLES DES SOLDATS
Nous aurions voulu mettre sur notre lettre des nouvelles de tout les soldats. Pour nous faciliter la tâche, pourrais-tu nous envoyer quelques mots, dont nous pourrions faire part à tous tes camarades.Tu pourrais écrire à Marc Rey, Pierre Moulin ou à l’Abbé, qui centraliseraient les nouvelles. E n attendant, voici quelques nouvelles. E. Moulin et Marc Alligier attendent la quille pour la fin du mois. Lili Bérard garde son sang froid et s’intéresse encore à l’équipe de foot de St-Martin. Georges Charre est en permission jusqu’à la fin du mois. Roger Courtial se trouve à Menerville dans un secteur un peu dangereux. Il a passé une bonne fête de noël et aussi une bonne fête du Per de l’an. Pour le Per de l’an il a été invité chez un capitaine.
Adresses des soldats (pour qu’on s’en serve)
Soldat Georges Charre
Parachutiste Marcel Valette
Soldat Roger Courtial
Soldat Roger Valentin
Conducteur Elie Bérard
Spahis Marc Alligier
Transmetteur Henri Dupré - Jean Satin
Cap. René Moulin
Pre Classe Raymond Chalencon
Cuirassier R.Thil
Soldat Maurice Riffard
Il nous manque pour le moment les adresses de Jean Coulomb, et de Coste de Pichon.
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LE MOT D’UN QUILLARD.
Nous t’espérons tous en bonne santé, et que tu te laisses glisser insensiblement vers la fin sans te faire trop de tracas, bien que ceci souvent demande un effort de notre propre initiative ; faisons-le de bon coeur, car bientôt arrivera l’heure de faire l’arrosage de nos chefs, et de pouvoir cette fois leur friser les moustaches avec une balayette, baignée dans l’eau de Nab, et poudre D.D.T.. Disons d’abord « Vive la quille » à nos soldats d’A.F.N. et de Métropole. Commémores-toi bien des souvenirs, de façon que tu nous fasses rire un peu à ton retour. Prends courage, tout passe. C’est un silence à notre vie que d’être militaire. Nous t’espérons bientôt un Quillard. Voilà les vœux que nous t’offrons. Bonne suite, et avant tout « Vive la fin » pour toi et tes collègues.
Un quillard.
FIN