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Borée : Evolution démographique d'une commune de montagne

  Borée est un exemple presque parfait d'une commune de la montagne ardéchoise, comprise entre une altitude de 850 m et 1754 m (mont Mézenc), elle est quasi entièrement située au-dessus de 1000 m (mairie à 1120 m).

 Certes, il y a d'autres communes du secteur qui peuvent prétendre à ce titre, La Rochette ou Saint Martial, mais elles se situent tout de même par leur population à des altitudes nettement plus basses  (vers 800 /900 m); Saint Clément, bien sûr, mais elle toujours eu une population moindre et est donc  moins significative...Non : Borée est vraiment le meilleur exemple de commune montagnarde du secteur.

 Au préalable, il faut savoir que cette étude sur la population de Borée débute seulement en 1856. En effet, avant cette date, Borée et La Rochette ne formaient qu'une seule commune, qui groupait alors plus de 2000 habitants ! La Rochette s'étant à cette date constituée en commune autonome, Borée a perdu d'un coup plus de 500 habitants ( soit ¼ de sa population). Borée ayant des limites stables depuis cette date, il est possible d'étudier correctement l'évolution démographique de la commune de 1856 à nos jours.



  Borée au XIX° siècle :une vigueur démographique exceptionnelle

 La densité de population en 1856 dépassait les 50 habitants au km2. Densité tout à fait extraordinaire compte tenu des conditions naturelles de la commune (altitude élevée : moyenne 1200/1300m, relief escarpé, climat rude-en hiver notamment-).Et c'est d'autant plus remarquable qu'à l'époque, l'âge moyen de décès en France se situait , compte tenu de la forte mortalité infantile, autour de 32 ans. Il fallait donc que le taux de natalité soit extrêmement élevé pour compenser les pertes. Si l'on excepte les secteurs de la commune trop élevés (au-dessus de 1400 m) ou trop abrupts (cônes volcaniques), on peut donc dire qu'il y avait du monde partout, dans le moindre hameau ou écart.Les secteurs les plus peuplés étaient, outrele bourg centre, le secteur d'Echamps, les hameaux de Prévenchères, la Bâtie, Molines,tous endroits bien exposés ( à l'adret) et offrant des surfaces cultivables planes et surtout très fertiles, grâce au sol d'origine volcanique. 

 En fait, tout au long du XIX° siècle, Borée était probablement à l'extrême limite de ses capacités d'alimentation de sa population. 



 La période qui nous occupe (1856 – 2020) peut se décomposer en trois phases: 

  1)de 1856 à 1896: c'est une période de « hautes eaux »; la population se maintient autour de 1300/1400 habitants. Cependant, entre 1856 et 1876, c'est d'abord un moment de baisse forte : - 17% ( 250 habitants) , dû aux séquelles de  la séparation d'avec La Rochette. Incontestablement, Borée a alors subi le contrecoup du divorce, mais c'était conjoncturel. A noter toutefois que La Rochette a nettement moins souffert de cet épisode: sa population se maintient entre 500 et  600 habitants jusqu'en 1906.

 Entre 1876 et 1886, Borée reprend de la vigueur pour atteindre ses plus hauts niveaux (1420 habitants en 1886) 

 De 1886 à 1896, la population baisse légèrement mais se maintient au-dessus de 1300 habitants.

2) de 1901 à 1999 : c'est le siècle du dépeuplement ( qui n'est pas spécifique à Borée: tous les villages des Boutières sont touchés et même tous les villages de la montagne ardéchoise, mais Borée l'est tout particulièrement puisque sur un siècle, la commune perd 90% de sa population (soit près de 1% par an en moyenne) !. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce dépeuplement n'a pas commencé après la guerre de 14-18, mais avant, à peu près au tournant du siècle, et même bien avant pour certaines communes, mais il n'a plus cessé jusqu'en 2000. Ce dépeuplement  peut avoir plusieurs causes qui se combinent entre elles, voire qui font boule de neige:

  - départ d'une partie de la population (certainement jeune) qui a soustrait à la commune une partie décisive de « bras » pour l'agriculture et l'artisanat.

  - baisse de la natalité, consécutive à  ce exode de la jeunesse.

  - hausse de la mortalité, ne restant sur place ceux qui ne peuvent plus partir (personnes âgées)

3) de 2000 à 2020: la population paraît se stabiliser, voire remonter légèrement ( autour de 150 habitants). Il est trop tôt pour tirer des conclusions et parler de repeuplement, mais il semble que la dégringolade soit stoppée.



Quelle perspective démographique pour Borée? 

  Durant le XIX° siècle, Borée était alors au maximum  de la  population qu'elle pouvait accueillir, compte tenu des conditions naturelles et des méthodes de production agricoles d'alors. Aujourd'hui, cette population est à son minimum, qui ne lui permet guère de maintenir une vie économique, sociale ou culturelle satisfaisante ( la période d'été, avec son apport de résidents secondaires, ne saurait faire illusion). Pour retrouver une vie collective digne de ce nom, une augmentation sensible de la population est impérative, et entre le minimum d'aujourd'hui et le maximum d'hier, il y a place pour un optimum démographique, qui, tenant compte du bien-être de la population (logement, équipements modernes) et les possibilités agricoles (l'espace ne manque pas et les techniques nouvelles non plus), permettrait à Borée de redevenir une commune vivante et attractive (1).



(1) Cet optimum démographique peut être estimé entre 500 et 700 habitants, sachant que tous les lieux jadis occupés ne pourront pas être réinvestis ( trop isolés, trop difficiles d'accès...)




       Gilbert  Verdier

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