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Les Boutières n’étaient pas encore touristiques

En 1827 paraissait un recueil de poèmes attribué à Clotilde de Surville. Cette femme poétesse serait née vers 1400 et ses œuvres auraient été publiées à partir de 1797. Son existence est largement controversée ainsi que les « fragments de manuscrits » à l’origine de la publication. Certaines critiques tendent à prouver que la syntaxe du texte est trop moderne pour avoir été écrite au 15° siècle. (Elle aurait vécu à Vesseaux près d’Aubenas).



La description du pays des Boutières n’est pas très engageante dans la description des origines de Juliette Vivarez, une compagne de Clotilde, :

« La naissance obscure de cette aimable enfant me paroit un titre de plus pour lui donner, un article dans cette liste, quoiqu'il ne reste d'elle que sept stances qui ne sont pas même en François : elles sont en langue de Oc ; Son vrai nom (supposé même que ce ne fût pas un enfant trouvé) n'a pas été transmis par Clotilde. Elle naquit au village d'Arsceins, dans cette partie affreuse du haut Vivarez, qu'on appelle vulgairement les Boutières, au pied de la haute montagne du Mézenc. Sans parents, sans ressource et sans biens, elle garda les chèvres dans sa première jeunesse.. ».



Dans un ouvrage d’Eugène Villedieu sur Clotilde de Surville paru en 1873, on trouve une description encore bien négative :

« .. et Juliette, petite bergère venue d'Arcens, village perdu dans un de ces ravins qui se précipitent du Mézenc et du Gerbier-de-Jonc et sillonnent les hautes Boutières de leurs abruptes profondeurs ».



D’autres descriptions du pays, tout au long des siècles, ne sont guère plus engageantes :



« Puis tout à coup, au sortir de la feuillée se dresse le Gerbier rocailleux, pelé, tout gris, sans un arbre. Au bas : la source de la Loire et une ferme dont les gens sont occupés aux travaux de la fenaison... »

(En Vivarais. 2, L'Ardèche pittoresque : en montagne, Jean Volane, 1895.)



« Moins élevé que le Mézenc, le Gerbier de Joncs - 1562 mètres d'altitude - est aussi plus escarpé. Armez-vous de patience, s'il vous plaît de tenter l'ascension de ses larges flancs trachytiques, rocailleux, infertiles. Et vous ne trouverez au sommet que des joncs croissant en touffes épaisses sur un marécage désolé ! »

(Les fleuves de France. 2, La Loire, Louis Barron, 1888.)



« Du Mézenc jusqu’au Rhône, les gorges des Boutières, escarpées, profondes, innombrables, déchirent en tout sens le sol granitique. Aux pieds de l’observateur, s’élancent, du fond des abîmes, des rocs aigus, des crêtes tranchantes, des pics inaccessibles, affectant, dans leur décrépitude, les formes les plus étranges. Plus loin, le Gerbier-de-Joncs s'élève comme un monument aux sources de la Loire : du haut de son dôme escarpé, où l'on ne gravit qu'avec effort, l'œil plonge d'un côté sur d'effroyables précipices ; de l'autre, il erre avec la Loire naissante dans le beau vallon de Sainte-Eulalie… »

(Description géognostique des environs du Puy-en-Velay, J.-Mathieu Bertrand-Roux, 1823.)



« Il [Le Gerbier] est placé sur une plaine étendue du côté du midi, tandis que, du côté du nord, il est au bord d'un précipice le plus affreux, du fond duquel le Gerbier-de-Joncs paraît comme la flèche d'un clocher. »

(Histoire naturelle du volcan du Gerbier-de-Joncs d'où sort la Loire, Jean-Louis Soulavie, 1780.)



Mais depuis quand les Boutières sont-elles devenues « cette destination aux multiples facettes [qui] vous émerveillera en toute saison » décrite par l’office de tourisme Val’Eyrieux ?



A suivre.

Jean-Claude Ribeyre



Illustration : Carte postale de Margerite-Brémond (vers 1900-1920 ?). Les Gorges des Boutières (Ardèche). Vallée très escarpée et parsemée de nombreux rochers et de pics aigus, véritable mer de Montagnes se perdant, à l’horizon, dans les contreforts des Alpes, du Dauphiné et de la Savoie (Vue prise de la route du Mézenc au Gerbier).

 

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