Début février disparaissait René de Obaldia, à l'âge de 103 ans (!), membre de l'Académie française, ancien diplomate. Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant il fut un des écrivains français les plus talentueux du XXe siècle. Alors, en ces temps troubles où l'on encense dans les médias des personnalité médiocres, voire douteuses, et où l'on porte au pinacle des écrivains de seconde zone, rendons hommage à ce virtuose de la langue française, qui fut romancier (« Tamerlan des coeurs », « Le Centenaire ») auteur dramatique (« Genousie », « Du vent dans les branches de Sassafras ») poète (« Les richesses naturelles »). Mais ce que nous retiendrons ici, c'est son recueil de poèmes « Innocentines » (1968) avec son sous-titre « poèmes pour enfants et quelques adultes », qui annonce bien la couleur : Ce sont des poèmes aisés à lire et à comprendre, écrits dans un esprit malicieux, espiègles, voire légèrement coquin, qui plairont à tous ceux qui ont gardé en eux leur enfance. Parmi tous ces poèmes citons particulièrement : (mais tout se déguste)
-Vespasien
-Petronille
-Depuis le temps qu'il y a des guerres
-J'ai trempé mon doigt dans la confiture
-En ce temps là
-Julot-Mandibule
-Le zizi perpétuel (un must absolu)
-La soucoupe volante
-Le plus beau vers de la langue française (autre must)
En prime, en fin de volume, une petite pièce de théâtre qui vous tirera des larmes de rire ( un népenthès de tout premier ordre!) « Alligators et Kangourous »
Oui : Que vive Obaldia
Gilbert Verdier
Pour faire plaisir à Gilbert "ruedespuces" vous offre en exclusivité :
Le zizi perpétuel
Mon petit frère a un zizi
Mais moi, Zaza,
Je n’en ai pas.
Mon petit frère a un zizi
Toujours placé au bon endroit
Mais moi, Zaza,
Je n’en ai pas.
Pourquoi ?
Il me le montre sans répit
Pour me donner du dépit
Pour se donner un air gaulois
Pour m’enfoncer dans l’désarroi !
Il me le sort en catimini’
En tapis rouge en tapinois’
Et me le fait toucher du doigt :
C’est assez doux
Comme caoutchouc
Mais y’a pas de quoi
Perdre la foi.
Et moi, et moi, moi je me dis
Pourquoi mon frère a un zizi
Dans quel tiroir se font les lois ?
Le jour et la nuit
Son zizi le suit
Toujours placé au bon endroit.
Et moi, Zaza, dans les draps blancs
J’ai beau me tâter
Me tâter souvent
À la place où ç’aurait dû été
Que du vent ! Que du vent !
« Tu verras Zaza
Avec mon zizi
Un jour je serai le Roi »
Qu’il dit
Tout en lui collant tout autour du sparadrap.
À la fin c’est énervant
De manquer obstinément
De cette sorte d’émolument.
Si j’ai le regard zoulou
Si j’ai le nombril sournois
Si je fais des coups en d’ssous
Si je pousse de guingois
Si je ne fais pas mon poids
Faut pas demander pourquoi !
Mais pourquoi ?
Pourquoi ?
(René de Obaldia)
Commentaires
'Du vent dans les branches de Sassafras' un de mes premiers souvenirs comme spectatrice d'une piece de théatre jouée au REX au Cheylard en 19....