( Je voulais titrer « Balade dominicale » mais comme je ne me souvenais plus si balade prenait un ou deux « L », j'ai changé le titre)
"Auprès de mon arbre je vivais heureux chantait Brassens." Mon arbre, ce n'est pas un arbre, c'est les Boutières, les chemins, les rivières, les gens.
En ce dimanche après-midi d'octobre, la place du village est vide, les trois cafés son fermés. après « les Horts » la montée en direction de la Romane est toujours aussi raide. Je passe un long moment assis sur le rocher « Tenaille ». D'un côté , entre deux pins, Rochebonne. Rochebonne, toujours Rochebonne. D'autres pins me bouchent encore la vue puis je vois une voiture passer au « Bourget », je la perd avant l'épingle à cheveux et la retrouve à Helbuel . Plus haut, « Les Sagnes », en suivant les méandres de l'Eyrieux « Sauverzac » puis, plus bas à gauche les près verts de Praneuf et les premières maisons de Limis. J'aurais dû prendre un coussin. Me tournant de l'autre côté, le rocher de Duestre qui domine Sain-Martin, un bout du clocher de l'église, dans la rue de la Poste, une grande maison habillée de la tête aux pieds d'un manteau métallique. Les couleurs de l'automne se montrent timidement. Continuant mon chemin, mes chaussures écrasent les bogues de châtaignes. Il y a une vingtaine d'années, la maison des « Sagnes (de Limis) » n'était pas encore totalement une ruine, aujourd'hui, depuis que la toiture s'est effondrée, les arbres ont poussé à l'intérieur, la nature prend sa revanche, les arbres ont également poussé de l'autre côté de la maison, on ne voit plus la vallée de la Saillouse. A la Romane, je m'avance dans le pré, à ma droite Roche Besse et le rocher de Soutron qui pointe son nez, Le Gerbier est dans les nuages. En bas, les premières maisons de Valamas, La Jallat, Le Trenc, Le Sarret. Pas de bruit, seulement un chien qui aboie du côté du Bourget, une voiture dans la vallée, des bogues de châtaignes qui tombent. Je n'ai pas vu de cèpes, c'est normal, ils se cachent quand ils me voient. Au dessous de la Romane j'ai failli ramasser une coulemelle, mais je n'avais pas de sac et mes mains étaient occupées par mes bâtons. Dommage, passée à la poële elle m'aurait fait mon repas du soir.
Depuis le départ de la rue des Puces je n'ai vu qu'une personne, au rocher Tenaille, un sympathique chasseur (sans son fusil) qui venait de récupérer son chien. Nous avons échangé quelques mots puis il m'a laissé avec mes pensées. Après l'Arca, j'ai croisé une dame avec des bâtons de randonnée, je lui ai souhaité une bonne promenade mais elle m'a dit en souriant qu'elle en venait. Toujours personne sur la place.
A la montée, mon genoux ne m'a fait mal que lorsque j'ai pensé que je n'avais pas mal, à la descente il s'est rappelé à moi sans que j'y pense. J'espère qu'il va me ficher la paix afin que je puisse avoir encore longtemps ce plaisir si simple et gratuit que nous donne cette nature généreuse. Le luxe, le vrai bonheur nous l'avons ici, dès qu'on ouvre la porte. Dès qu'on laisse la radio, la télé, les journaux derrière nous. Il faudrait avoir les mots pour le raconter.
François Champelovier
Commentaires
Merci François pour cet article qui trouve quand - même les mots pour le dire. On est tellement bien ici.
Merci, on est au moins deux à aimer ce pays !!
Voilà un récit du niveau des "rêveries du promeneur solitaire" de Jean-Jacques Rousseau. Dans le genre narratif et poétique.. Remarquable. François Champelovier, : le nouveau Montherlant de Saint-Martin de Valamas.
c'est vrai que la nature ici est extraordinaire, moi qui suis plutôt citadine je suis toujours
saisie par la beauté des lieux, qui nous entourent, En voiture Il m'arrive de rouler a 20 a l'heure uniquement pour profiter du paysage, Je fais beaucoup de photos. mais les photos ne reflètent pas l'émotion ressentie devant la majesté des paysages,ni ce sentiment d'être si petite, si humble au milieu de cette extraordinaire nature.
C'est très beau François!
Tout est là...