(Pour donner une suite à l’article « Saint-Martin-de-Valamas au moment de la Révolution » du mois dernier.)
Il n’est pas facile d’imaginer le réseau routier du Moyen-âge et de connaître avec précision la nature des passages de rivières. Pour avoir une idée des problèmes de franchissement des cours d’eaux, on peut se référer, par exemple, à l’ouvrage de Paul Camut, Saint-Martial en Boutières et la seigneurie de Fourchades, notamment au niveau de l’Eysse à Massas (hameau qui était rattaché alors à St-Martial) ou de l’Escoutay à Deux-Eaux.
La thèse de Franck Bréchon, Réseau routier et organisation de l'espace en Vivarais et sur ses marges (1250-1450), (consultable sur https://www.academia.edu) apporte quelques précisions sur la circulation autour de St-Martin. Le pont sur l’Eysse n’est, d’après lui, pas attesté au Moyen-âge et il existait un itinéraire partant du Cheylard, passant par Brion et Trenc, et arrivant au lieu-dit Au Plancher où il y avait un « planchier ».
Pour remonter la vallée de l’Eyrieux il y avait deux solutions suivant l’état de la Saillouse : passer à gué ou faire le détour par Limis où un pont y était attesté.
La vallée de l’Eysse n’était pas un axe important de circulation ou de pénétration pourtant il y avait un pont sur l’Eysse à Arcens. Existant en 1542, il est daté du XIVe siècle par certains auteurs. Il était aussi sur un axe de circulation entre Gluiras et la Haute-Loire par Borée, pendant la guerre des Cévennes (Chemins tracés sur une carte de Pierre Mortier de 1711).
Une très courte description des ponts de St-Martin est donnée par un dessin assez sommaire de 1767 : plan terrier produit à l'occasion de l'ouverture d'une route de Saint-Martin-de-Valamas au Cheylard. (AD07- collection routes et ponts d’Ancien Régime - consultable en ligne).
A l’entrée du village, il y a deux « ponts de pierres » : un l’Eysse pour arriver au village en venant du Cheylard et un sur l’Eyrieux en direction de Lavis et de St-Agrève. Le pont d’Arcens est indiqué sur le tracé d’un « chemin à faire » de St-Martin à Mézilhac. Ce chemin caladé et bordé de murets a été en partie réalisé et il vaut la peine d’être emprunté.
D’une manière générale, les ponts ne sont que très peu représentés sur les cartes.
On trouve cependant :
- les ponts sur l’Eysse et l’Eyrieux à St-Martin, le pont à Arcens et le Pont des Lièvres sur la carte de Cassini - 1777 ;
- les ponts sur l’Eysse, l’Eyrieux, au Plancher et sur la Saillouse, dessinés sur le plan cadastral de 1840 de St-Martin.
En 1865, le pont sur l’Eysse était en mauvais état et l’agent voyer en chef déclarait, dans son rapport du 24 juillet : « Quant à la dernière partie [de la route n° 21], entre cette rivière et le village de St-Martin, partie qui comporte la reconstruction du vieux pont existant, évaluée à 30,000 fr., nous serons malheureusement obligés d'en ajourner l'exécution à quelques années, faute de ressources suffisantes ». La construction du pont de trois arches de 12 m chacune et la rectification de la route aux abords a été adjugée « au sieur Bernard le 19 mai 1869 : 30 000 fr ».
Il a été terminé avant le 1er octobre 1871 et il restait alors 10 000 fr. à régler. (Comptes rendus des séances du Conseil général).
La route n°21, du Cheylard à St-Martin en passant par Jaunac, était presque achevée, mais l’actuelle route départementale, le long de l’Eyrieux, prévue depuis longtemps, n’était pas encore commencée…
Dupont et Pondut