Au Cheylard, lors de l’Assemblée Générale de l’Association Départementale du Tourisme (Adt) d’Ardèche, tenue à La Chapelle, la question de l’eau a figuré au premier rang des débats. L’institution souhaite profiter de cette situation de pénurie pour faire sortir son tourisme de l’eau-dépendance et le diversifier. Val'eyrieux se positionne.
Durant toutes ces dernières années pourtant très sèches, jamais les quatre cours d’eau observés dans le Département : l’Ardèche, l’Eyrieux, le Doux et le Chassezac, n’ont affiché des niveaux aussi bas, à fin avril. Or, depuis que le tourisme est devenu l’un des piliers de l’économie ardéchoise, c’est l’eau qui reste l’élément le plus attractif : « 50 % de nos visiteurs le placent en tête de leur choix pour venir en Ardèche, et même 70 % pour le sud du département », relève Jean-Yves Meyer, président de l’Adt. Une situation qui a cependant conduit l’Ardèche d’enregistrer, en 2022, 15 millions de nuitées, c’est-à-dire 10 % de plus qu’en 2019, l’année de référence précédente. Il est donc hors de question d’évacuer cette source de motivation qui a placé le secteur du tourisme à hauteur de plus de 12 % du Pib départemental, soit à un niveau plus élevé qu’au niveau national ou régional. « Nous devons désormais orienter nos actions pour attirer le tourisme vers d’autres intérêts que nous possédons : notre patrimoine naturel, notre environnement, notre gastronomie, nos itinéraires de randonnées… », complète Jean-Yves Meyer.
Les piscines dans le collimateur
Car il faut aussi ménager cette ressource indispensable pour la population locale : « certains jours de pointe, notre département accueille 150 000 visiteurs par jour, ce qui représente 50 % de notre population », calcule Jean-Yves Meyer. 22 communes de l’Ardèche figurent déjà dans le décret préfectoral publié début mai, les classant en situation de catastrophe naturelle. « Un décret spécifique « sécheresse » est en cours de préparation, de façon à disposer des moyens nécessaires pour faire face à la pénurie qui se profile », annonce Jean-Yves Meyer. Il permettra de prendre les mesures adéquates pour gérer la situation. Les modalités pour la prise d’arrêtés de restriction viennent d’être publiées ce 17 mai par le ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires. Elles prévoient, entre autres, un délai de cinq jours ouvrés entre la constatation des conditions de déclenchement et l’entrée en vigueur des restrictions. Au premier rang, ce sont le remplissage des piscines, l’arrosage des terrains de sports, de parcours de golf, le lavage des voitures… qui figurent en première ligne. Grâce aux technologies modernes, 1 900 piscines ont d’ores et déjà été identifiées dans le Département, soit 20 % de collectives et 80 % de particulières.
9 600 emplois touristiques en Ardèche
Il ne s’agit pas pour autant de tarir en parallèle cette source de revenus : « avec 670 millions d’euros de dépenses, le tourisme représente presque 20 % du chiffre d’affaires de nos commerces. Le tourisme, c’est aussi 9 600 emplois », relève Jean-Yves Meyer. Un discours qui est apprécié par Jacques Chabal, maire du Cheylard et président de Val'eyrieux, qui annonçait lors de son discours d’accueil, qu’il souhaite faire de sa collectivité plutôt positionnée sur le tourisme vert et d’itinérance, grâce à la Dolce Via, « le deuxième pôle du tourisme du département ».
Aimé DELORME
Jean-Yves Meyer inquiet de la situation hydrologique
Jacques Chabal, à la tribune