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Quelques éléments sur des crues et inondations qui ont marqué l’histoire autour de Saint-Martin

Ce texte, incomplet, n’est qu’une petite compilation de notes prises lors de recherches… principalement dans la presse pour une période antérieure aux dates des crues déjà signalées dans ce blog. Il existe une bibliographie importante de documents plus scientifiques ou statistiques sur ces épisodes météorologiques.

On pourra aussi consulter l’article « L’Eyrieux rivière capricieuse et imprévisible » d’Alain Amsellem dans la revue Les Boutières en histoire n°12 de 2019.

 


Une référence de crue à Saint-Martin

 

Repère de crues de la « Plateforme nationale collaborative » au pont de Crezenoux - chemin de la Condamine : « Crue du 3 août 1963 » - Sur le web.

 

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1932 - Le cyclone de la vallée de l’Eyrieux


L'Express du Midi, édition de Toulouse, Gallica) - Extraits - Valence, 23 septembre :


« Le cyclone qui s'est abattu sur tout le cours de l'Eyrieux a causé une véritable catastrophe [à partir du Cheylard]. La pluie a commencé à tomber jeudi soir, sur les hauts plateaux du Vivarais, et hier matin une bourrasque sans précédent a enflé démesurément les ruisseaux et rivières. Le terrain désagrégé a suivi les pentes, poussé par les masses d'eau jusqu'au fond de la vallée. La Guyère, le Tallaron, affluents de l'Eyrieux, entraîné tout sur leur passage.
A Pont-de-Chervil, un habitant signale avoir vu passer un cheval et trois vaches. ………………….
Dans la plaine, la hauteur de l’eau atteignait 4 mètres et plus. Pareille inondation s’était s'était produite en 1907, et plus avant, en 1890. A 18 heures, pluie avait cessé de tomber et une décrue rapide se produisait. »

 

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Seconde session du conseil général de l’Ardèche du 29 septembre 1932 : le président, le Dr Escoffier, prononçait une allocution :

 

« Vendredi dernier, dans l'après-midi, sous l'influence d'une pluie diluvienne, véritable trombe d'eau, la petite rivière de l'Eyrieux qui arrose une des plus riantes et des plus fertiles vallées de ce département, a débordé subitement, dévastant tout sur son passage, depuis Le Cheylard jusqu'à Beauchastel.
Arbres fruitiers déracinés, vignes arrachées, terrains effondrés, routes coupées, passerelles démolies, tel est le désolant spectacle qu'offre la région inondée. Ainsi se trouve anéanti le travail assidu de populations vaillantes et l'espoir de productives récoltes.
A tous les sinistrés si effroyablement frappés, permettez-moi, en mon nom personnel et en votre nom à tous, d'exprimer notre profonde sympathie et l'affirmation de notre volonté formelle de faire le geste de solidarité qui s'impose.
Je suis persuadé que les parlementaires de l'Ardèche voudront bien se joindre à nous pour obtenir que l'Etat apporte également son aide la plus efficace. »

 

 Un épisode pluvieux général en 1910

 

On relève dans presque tous les quotidiens les informations suivantes :


« A Saint-Martin-de-Valamas, un pont sur l'Eyrieux s'est effondré sur une longueur d'environ quinze mètres. La brèche menace de s'étendre. L'Eyrieux et la Dorne se transforment en véritables fleuves, causant de nouveaux dégâts. »
et
« A Saint-Martin-de-Valamas, un ouragan s’est abattu dans la soirée d’avant-hier. En une heure, les ruisseaux se sont transformés en torrents brisant des murs et des digues, coupant des routes. Les trains subissent de longs retards. »


Même The New York Herald (Paris) du 8 décembre 1910 évoque cet épisode !


« French « faits divers » and other news items Flood conditions become worse throughoot France The Rhône Valley is now in a terrible condition, the river having a height never attained since 1856. Avignon is menaced. Bridges have been swept away at Saint-Martin-de-Valamas. »

C’est le pont de Lavis (ou de la Gare) sur l’Eyrieux qui s’est effondré. Nous reviendrons plus tard sur l’histoire de ce pont qui n’a pas eu de chance…

 

Une des plus connues en 1907

 

Des inondations arrivent après deux années de sécheresse, « elles ont été désastreuses » signalait La Croix de l’Ardèche du 13 octobre et le Républicain des Cévennes du 23 novembre s’interrogeait sur le bien fondé « de la construction de barrage de retenue en amont de nos rivières, concurremment au reboisement de nos montagnes qui ne suffit pas [C’est hélas toujours un sujet d’actualité dans la vallée de l’Eyrieux]. »


Le journal Excelsior de Paris ajoutait
« Entre Pierrelatte, Bourg-Saint-Andéol, les routes sont interceptées. A Barrias, à Saint-Martin-de-Valamas, tout est inondé. Partout, sur les rives du Rhône, depuis Valence jusqu'au-delà de Tarascon, à droite et à gauche, des mesures sont prises pour le sauvetage et le ravitaillement des inondés »

 

Une faible inondation en 1900 pour St-Martin ?


Apparemment le village de St-Martin n’a pas été violemment touché et ne semble pas avoir trop souffert des orages et inondation d’août 1900 comme celui de Vernoux où « les rivières ont grossi, emportent les ponts et détruisant deux usines » (La Croix de l’Ardèche du 28 août 1900).

 

Une terrible inondation en 1890


Dans la publication : 150 ans d’inondations en photographies sur l’arc méditerranéen

 

« L’inondation qui frappe le bassin versant de l’Ardèche ce 23 septembre 1890 reste encore de nos jours, l’évènement de référence pour cette rivière. Héritée de pluies continuelles qui débutent le 19 septembre au soir, elle atteint son paroxysme le 22. Après une accalmie, la pluie reprend dans la nuit du 23 et affecte le nord Vivarais.
L’ensemble du département est touché comme le bassin de l’Eyrieux. Henry Vaschalde, observateur météorologique à Vals-les-Bains, a rapporté d‘innombrables témoignages faisant part d’une cinquantaine de victimes, de dégâts considérables sur les cultures et de pas moins de 28 ponts
détruits sur le bassin de l’Ardèche. »

 

Source : https://www.150ansinondations.com/septembre-1890-lardeche-a-lextreme/

Première page du Petit Parisien (supplément littéraire illustré) du 5 octobre 1890

 

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Extraits des commentaires liés à la gravure de première page.


« C'est surtout dans l'Ardèche que les inondations ont été terribles. Là, de nombreuses usines sont détruites, et considérable est le nombre des ouvriers qui se trouvent sans travail… Le courrier de Mayres (Ardèche), emporté avec sa voiture et ses chevaux, n'a pas été retrouvé ; on ne sait pas encore quel était le nombre de ses voyageurs… Au Cheylard, un pont sur lequel passait une voiture chargée de neuf personnes s'est écroulé, précipitant tous ceux qu'elle contenait dans la rivière : une seule personne - un enfant - a pu se sauver. »


La Lanterne du 3 octobre 1890 donne les précisions suivantes : « A Saint-Martin-de-Valamas, trois cours d'eau se rejoignent, l'Eyrieux était aussi large que la Seine à Pais avec une allure de torrent fou, brisant, sautant, emportant comme fétu de paille les digues, les béallières qui alimentent les roues, des moulins où des fabriques de soie très nombreuses dans la vallée. M. Murat, ex-conseiller municipal du quartier des Enfants-Rouges, à Paris, qui possède à Saint-Martin une importante fabrique de bijouterie, a vu sa canalisation emportée. Il y a de sérieux dégâts à son usine et une partie des ouvriers chôment. »

 

1857 une année référence

 

Dans un article du Courrier de la Drôme et de l’Ardèche des lundi 14 et mardi 15 septembre 1857
« Nous avons reçu quelques renseignements sur les désastres causés à Saint-Martin-de-Valamas et à Largentière par la pluie torrentielle de jeudi ; mais il nous reste à connaître bien d'autres malheurs comme ceux du Cheylard et des localités voisines.


Le 10, à Saint-Martin-de-Valamas, la violence et les ravages des eaux dépassaient tout ce que les vieillards ont vu et appris. L'Eyrieux, l'Eysse et la Salillouse ont répandu leurs flots irrités dans les vallées, envahi les champs encore verts, déraciné les arbres, fouillé le sol, comblé les sillons, renversé les édifices, emporté la fortune et les économies des cultivateurs.


Quiconque ne s'est pas trouvé en cette contrée au moment d'une pareille inondation, nous écrit un correspondant, ne peut se faire une idée, ni du désastre qu'elle cause, ni de la promptitude avec laquelle elle est venue et s'en va, laissant partout la ruine et la désolation derrière elle. »

 

Un rapport des annales des Ponts et Chaussées donne la description générale de la crue survenue le 10 septembre 1867 dans Le Doux, l'Eyrieux et l'Ardèche et quelques détails. « La pluie qui a déterminé la crue du 10 septembre est tombée avec une intensité incroyable vers le sommet de la chaîne des Cévennes, sur son versant oriental, depuis la source du Doux, près de Saint-Bonnet-le-Froid jusque vers le Vigan, aux sources du Gardon.

Ainsi, dans le bassin supérieur de l'Éyrieux, la pluie a duré, le 10 septembre, depuis dix heures du matin jusqu'à cinq heures du soir sans interruption et avec une violence extrême, et pendant cette pluie, le talus des montagnes était recouvert d'une couche d'eau de plusieurs centimètres d'épaisseur, ainsi que cela a été rapporté par les ouvriers imprimeurs de foulards qui, à la suite de la destruction par le torrent de l'usine qui les employait, ont dû, pour échapper à la mort, se-retirer sur les montagnes au plus fort de l’orage. Il avait déjà beaucoup plu le 9 septembre, en sorte que le sol était complètement imbibé et détrempé quand est survenue la pluie d'orage dont
nous venons de parier.
Pour le bassin de l’Eyrieux, la crue du 10 septembre 1867 est de beaucoup la plus forte dont on ait
connaissance ; de mémoire d'homme ou par tradition, on n'en connaît pas de plus haute, et cela pour tout le parcours de ce torrent. »

 

À Saint-Martin-de-Valamas en 1637 et 1642

« Saint-Martin : Le mercredi 25e jour de novembre 1637, feste de la Sainte Catherine, environ les 9 heures du soir et second jour du premier quartier de la lune, est arrivé la grande pluye qu 'a continué toute la nuit et sur la prime aube du jour, les esclairs et tonnerre ont été si grands qu 'on croyait être sur la fin du monde, avec force grêle, ayant rendu la rivière et petits ruisseaux abondants tellement en eau que cy apparaît la totale ruyne des ponts qui avaient jà presque ruinés par l'inondation arrivée le 21 et 22 du mois d'octobre dernier 1637 »


Remarque : cette crue centenaire, et peut-être millénaire, servit longtemps de référence pour évaluer l'ampleur des suivantes, ainsi, en 1679, sur son livre de raison, Isaac Meyssonnier, pasteur à Saint-Sauveur-de-Montagut note ; « L'eau a été presque aussi forte qu'en 1637 ».


« Le 1er et le 15 août 1642, tempête sur Saint-Romain le Désert et Saint-Jean Roure.
Le 12 octobre 1642, nouvelle tempête qui emporte les planches jusqu'à Ste Eulalie et ruyne le vignoble de Montélimar.
Le 23 octobre 1642, la foudre tombe sur la maison prieurale. Gabriel Roussel, prêtre et curé »


(Notes relevées par Régine Ribeyre et parues dans le Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°68 ; rubrique « Dans la marge des registres... »)

 

Plan de Prévention des Risques Inondation de St Martin

 

On peut retrouver ce PPRI avec la recherche « prévention risques saint martin valamas » sur le web. Il précise les crues historiques récentes.


« Les débits des crues historiques se répartissent le long du cours de l’Eyrieux selon la figure ci-dessous, réalisée par HYDRETUDES. Cette figure donne également une fréquence de retour à ces événements. Au niveau des confluences, la propagation de la crue vers l’aval dépend de manière importante de la concomitance ou non des pics de crue. Ce phénomène est illustré par la crue de 1963 qui a été très importante sur le haut du bassin de l’Eyrieux et sur la Dorne. Par contre, cette crue, bien qu’importante, n’a pas marqué les mémoires sur le bassin de la Saliouse et de l’Eysse contrairement aux crues de 1856 et 1980. »

 

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Occurrence des crues : Q100, centennale - Q10, décennale - etc.
Remarque : Ces occurrences sont des éléments statistiques et elles ne certifient pas, par exemple, qu’une crue centennale ne se produise que tous les 100 ans… bien sûr !

 

Géographie entre 1890 et 1905

 

Le dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies édité par Hachette, entre 1890 et 1905, sous la direction d’Adolphe Joanne précise :


« C'est à partir de Saint-Martin-de-Valamas que l'Eyrieux, accru de ces eaux du Mézenc [celles de la Salhiouse et de l’Eysse], a force, apparence et dignité de rivière. Son lit s'abaissant plus vite que ne s incline le plateau qu'il éventre, il finit par couler au fond d'étroits fort creux, fort sinueux, qu'on peut dire en maint endroit grandioses…. Le 10 sept. 1857 a vu, dit-on, courir dans ses gorges un fleuve égal à huit étiages du Rhône, ce jour-là, il roulait 4674 m. cubes par seconde… ».

 

Jean-Claude Ribeyre

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