Est-il possible de concevoir la démocratie, et surtout la démocratie locale sans une opposition Droite/Gauche, ou sans une opposition du tout. Notre village de Saint Martin a eu la chance dans le passé de toujours pouvoir opposer au moins deux listes aux élections municipales, deux listes clairement identifiées politiquement, une de droite et une de gauche. Et comme on pouvait panacher, c'était amusant et probablement que les candidats qui n'avaient pas leur place se trouvaient automatiquement éjectés, un peu comme on sèche la salade grâce à la force centrifuge. Avec les nouvelles lois électorales, nous sommes à Saint Martin dans une élection de liste, donc plus de force centrifuge, ce qui doit amener les citoyens qui briguent un mandat à choisir avec encore plus d'attention leurs colistiers. J'ai voté pour la première fois à saint Martin lors de la dernière élection municipale, et j'ai donc pris la peine de lire ce que disaient les manifestes des deux listes et je suis allé aux réunions publiques, et là j'ai eu la surprise, heureuse et malheureuse d'entendre des discours très proches les uns des autres, sans aucune résonance politique, de gauche ou de droite. Heureuse car la vie municipale et la politique locale ont sûrement assez peu à voir avec les clivages droite/gauche, et malheureuse car les programmes étaient tellement peu originaux et totalement insipides que le choix n'en devenait plus un, et que les gens votent très certainement pour une liste ou pour une autre en fonction de trois critères, une appartenance politique, une amitié ou inimitié pour tel ou telle candidat, mais pas en fonction du programme ! (Pour moi le problème ne se posait pas car mon épouse était sur une liste…) Avec un scrutin de liste il faut 15 personnes (population entre 1000 et 1499 hab) , et donc pour faire deux listes cela fait 30 soit 15 hommes et 15 femmes. Trouver 30 personnes de qualité, qui ont la volonté de s'engager pour leurs semblables, qui ont le temps nécessaire à consacrer à cette tâche et qui ont la résilience pour durer 6 ans me parait être une tâche plus que difficile.
Trouver 15 hommes qui sont prêts à y aller ce n'est pas difficile, restera à voir s’ils ont les qualités, le temps et la résilience, mais trouver des candidats mâles ne semble pas le plus dur. Cependant trouver 15 femmes paraît plus ardu, pour plein de raisons autres que leur qualité intrinsèque. Culturellement elles n'ont pas l'habitude de se mettre en avant, les statistiques nous montrent que les femmes continuent à assurer la plus grosse partie des tâches ménagères, et comme elles travaillent aussi, cela ne laisse pas beaucoup de place pour une activité complémentaire aussi astreignante que la mairie. En plus nous savons que les femmes ont beaucoup moins de problème d’ego que nous les hommes et que pour elles paraître et apparaître n’a pas la même importance.
Si en plus de ces difficultés pour constituer deux listes cohérentes et solides on met au débat que la politique locale relève plus d’une programmatique de projets que d’élans politiques, que les moyens ne permettent pas les grandes envolées , que la plupart des politiques sociales et industrielles, qui permettraient des différenciations gauche droite, ne sont pas de la compétence municipale , alors peut-être faut-il se poser la question de savoir si avoir deux listes est une chance ou une malchance , car on court le risque d’élire une liste imparfaite et d’avoir éliminé des candidats de valeur .
Quoi qu'il en soit l’avenir sera intéressant et sera celui que nous déciderons pour nous et pour notre commune
Régis Duchamp
RLD