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Les guitares en carton

Avant-hier pour commenter mon histoire de premier concert avec les O7 au cinéma Le Foyer de Saint-Martin de Valamas, j’ai eu le plaisir de recevoir un mot de Chantal Sabatier, la fille du sonorisateur incontournable du village dans les années 60. J’ai nommé Lili Sabatier.

Sa fille, Chantal (elle ne s’appelle plus Sabatier depuis des temps immémoriaux, mais comme c’est une amie d’enfance, je ne m’habituerai jamais à l’appeler par son nom d’épouse, et donc pour l’éternité je l’appellerai Chantal Sabatier) m’a remerciée d’avoir évoqué son papa.

Il le méritait. Par ailleurs il fait partie d'une vieille famille Saint-Martinoise. Des piliers de la vie sociale, communale, associative, sportive, culturelle. Ils sont incontournables dans notre paysage Ardéchois.

(Quand je n'arrive pas à dormir, je compte les Rey, les Ribes et les Sabatier).

Chantal est la maman du célèbre Charly, musicien, bassiste, guitariste, technicien, organisateur, adorable garçon, jeune et beau en plus…

Y’en a qui ont trop de la chance.

Mais beaucoup d’entre vous le connaissent déjà, et pour ceux qui ne le connaissent pas encore je vous recommande de réparer cette erreur au plus vite.

Chantal est aussi la cousine germaine de mon ami, mon complice, mon frère de musique, Vincent Ribes. Leurs mamans sont soeurs.

Et elle me racontait que Vincent, tout petit avait fabriqué des guitares avec une plaque de bois et que dans les réunions de famille, avec les autres petits ils organisaient des concerts privés pour les adultes en faisant cling cling avec la bouche et semblant de jouer.

Et cela a fait remonter chez-moi un souvenir personnel : moi aussi j’avais dessiné et colorié une guitare pour m’entraîner. Mais elle était en carton. Je n’en avais jamais parlé à personne car j’avais un peu honte, c’est trop ridicule, j’avais oublié, mais si on doit à présent tout déballer allons-y carrément.

Je m’adresse ici aux musiciens qui me lisent : je suis sûr que vous même avez eu des arrangements crapuleux de ce genre avec votre matos personnel dans votre carrière. Dans le style ampli que vous avez fabriqué vous même en écrivant "Vox" dessus et dépourvu de haut parleur. Ou un logo "Gibson" et "Fender" rajouté à la main sur une guitare gagnée au tir au pigeons à la fête foraine.

Ou encore micro cassé et irréparable que vous installez quand même sur scène pour faire riche.

Une petite escroquerie sans conséquence…

Les Rolling stones l’ont bien pratiquée eux aussi, mais à une plus grande échelle : à un moment Brian Jones, le guitariste fondateur du groupe n’a plus été en état de jouer car les substances illicites qu’ils prenaient lui avaient bousillé le cerveau. Le groupe a continué à le faire monter sur scène avec eux pour les concerts, mais en prenant soin de ne pas brancher sa guitare pour ne pas qu’il foute le bordel. A côté nous sommes des petits joueurs.

Merci de vous dénoncer pour vos pratiques musicales malhonnêtes, je sais que vous allez le faire, maintenant que j’ai commencé.

J’en reviens à Vincent. Pour me flatter et entretenir l’histoire musicale locale Vincent m’avait raconté que c’est en me voyant (en nous voyant) jouer que sa carrière musicale avait été initiée. Ça lui avait donné des idées et envie de jouer de la guitare.

Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait vrai, mais en tout cas ça m’avait fait plaisir et flatté qu’il me le raconte.

Chantal a épaulé par la suite la carrière débutante de Vincent en lui donnant sa guitare espagnole.

Je vais bientôt consacrer un chapitre ou deux aux guitares des années 60, mais déjà deux petites anecdotes pour vous situer l’attirance forcenée qu’on avait pour ces instruments magiques.

Quand j’étais pensionnaire au Lycée technique de Valence, le dimanche on pouvait sortir en permission entre 15 heures et 19 heures. Dans cette ville, sur l’avenue de la gare, il y avait un magasin de musique. Et à un moment en vitrine, il ont exposé une guitare électrique « EXTRA PLATE ». Je ne connais pas la marque, et c’était la première fois que j’en voyais une.

On avait déjà vu des guitares avec des micros, mais elles avaient toutes des caisses plus ou moins rebondies, mais « extra-plate » c’était une nouveauté extraordinaire.

Et invariablement, dès que je sortais du lycée je me tapais mes deux bornes à pied pour aller m’extasier devant l’instrument.

Autre anecdote du même genre. Elle concerne mon ami Vincent. Dans la ville où il allait à l’école, je crois que c'est Aubenas, il y avait dans un magasin de musique une superbe Fender Strato de couleur bois clair sur laquelle il avait des vues.

Comme il n’avait pas assez d’argent pour l’acheter, il essayait petit à petit de réunir la somme. En attendant, dès qu’il pouvait il allait dans le magasin voir si "SA" Fender était toujours là, la contempler et discuter avec le patron de la boutique. Et le manège a duré jusqu’au jour où le propriétaire du magasin en a eu marre de perdre son temps avec cet étudiant impécunieux, fût-il très sympathique et lui a consenti pour la Fender, un prix qui ne se refuse pas.

Et Vincent a pu enfin repartir avec "SA" guitare.

Un arrangement qui a satisfait tout le monde, le propriétaire du magasin, enfin libre de s’occuper d’autres clients, Vincent et tous ses fans qui ont pu apprécier l’instrument pendant des milliers d’heures à La Forge ou ailleurs.

Et tout ceux qui l’ont empruntée pour faire le boeuf avec lui au piano-bar.

C’est une très bonne guitare, particulière car elle est dans un bois très lourd pour une strato. Vincent avait fait installer par un luthier des réglages à lui pour avoir un « boost » immédiat grâce à un bouton magique. Le son est très « craquant » avec beaucoup de présence (c’est un terme musical).

Il y a quelque temps que je n'ai pas vu la guitare.

Elle doit toujours avoir beaucoup de présence (de la présence de Vincent)

Et elle doit être de plus en plus lourde (de tristesse)

Vincent nous manque beaucoup,

A mon âge les blessures guérissent mal et ne se referment pas.

Je suis devenu un hémophile du chagrin…

Et j’ai déjà une strato, c’est celle de mon ami Thierry Clertant, que j’ai rachetée à son épouse Nicole,

Georges Verat

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