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Le monde d'après (suite)

La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.

George Sand (1804-1876)

 

N'en déplaise aux poètes, aux amoureux de la nature et du réel, aux sensibles de l'organe olfactif ou aux amateurs du vent dans les cheveux, l'avenir appartient aux sensations binaires, aux algorithmes et aux réalités virtuelles. Les émotions sensorielles seront tactiles, obtenues à l'aide du pouce, de l'indexe ou d'un casque. Vive la civilisation immobile, du cul sur la chaise et du tout écran.

Le Dauphiné Libéré du 3 mai nous informe que le Collège Les Perrière à Annonay participe à un projet de réalité virtuelle (n'est-ce-pas un oxymore?) : « Avec ce nouvel outil, l’aventure humaine scolaire s’agrandit autour de plusieurs aspects, notamment pédagogique. Les élèves vont pouvoir se retrouver au cœur de l’histoire, au milieu des dinosaures, au cœur de l’histoire d’Anne Frank comme s’ils vivaient auprès d’elle, éclaire le professeur. On aura un aspect découverte puisqu’on pourra être sur le site virtuel-réel des pyramides d’Égypte ou de l’Himalaya à 360°. »

Ca a quand même plus de gueule qu'une sortie dans la nature ou qu'un voyage scolaire. Plus besoin de se fatiguer en faisant appel à la fantaisie ou à l'imagination, tout est servi sur un plateau numérique. Anne Frank, nous ne la connaissions que par son journal, on va pouvoir enfin vivre avec elle. La lecture ne nous permettait pas d'éprouver en nous même la peur qu'elle ressentait. Il est certain que de vivre avec elle va développer plus d'empathie.

Nous pourrons inviter nos amis (pourquoi pas aussi ceux de facebook) à des repas virtuels où, bien sûr les aliments seront « pour de faux » (économie non négligeable), on s'est déjà un peu entraînés pendant les confinements aux apéros skype, zoom ou whatsApp, où l'alcool, par contre, n'était pas virtuel.

Dépassés également le théâtre, le cinéma, la télé, ces distractions où l'on était obligés de remplir soi-même des espaces que les auteurs ne nous avaient pas livrés.

Fini de rêver. On ne sera plus dans le rêve mais dans le réel.

A une époque où l'on assiste à l'extinction de la biodiversité, nos enfants, nos petits enfants pourront profiter virtuellement de tous les plaisirs que la nature nous a procuré au prix de beaucoup d'efforts physiques. Dans la nature, il y a des bêtes qui piquent, qui mordent, qui font du bruit. Tout ces désagréments, les nouvelles générations en seront heureusement épargnées.

Reste à espérer que les guerres se feront également virtuellement et que les morts ne seront pas réels.

François Champelovier

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