Lorsque François me demanda si je voulais narrer quelque histoire dans le blog « ruedespuces », je le questionnai : « Qu’est ce qu’un petit rat des villes peut apporter d’intéressant aux petits rats des champs ?». « Tu pourrais raconter des histoires parisiennes ». « Pourquoi pas ? ».
C’est en me rendant dans mon supermarché habituel que j’ai été interpellée.
A l’étal des fruits et légumes, mes yeux tombèrent sur des châtaignes, bien disposées dans une caisse en bois, entre des noix et des noisettes. ( La caisse en bois étant dans la capitale le summum de la « boboitude », la promesse de campagne, d’espaces verdoyants, de produits sains en direct du producteur ! ).
Telle Perette et son pot au lait, mes papilles s’éveillèrent. Je visualisai un âtre flamboyant, les fruits grillés par des braises rougeoyantes. J’entendis les claquements secs des coques qui éclatent. Et puis le fruit brûlant dans la main qu’on décortique, et enfin ce goût sucré et boisé…
Mais sur l’étiquette il était écrit « marrons 7,90€/kg ». Une sous-espèce de châtaigne greffée pour la culture ! Je demandai au vendeur :
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« Avez-vous des châtaignes ?
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Et bien oui, là…
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Oui mais là, ce sont des marrons.
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Mais c’est la même chose !
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Et bien non !
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Oui mais nous, en Ile de France, on ne connaît que ça !
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D’où viennent vos marrons ?
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Bah ! Nous on s’approvisionne à Rungis… »
Alors Perette avala sa frustration. Je passai mon chemin.
Quelques jours plus tard, je pénétrai dans un magasin bio.
Là, entre des caisses en bois de noix et de noisettes, se trouvaient des châtaignes. (La caisse en bois ayant la même fonction que dans le supermarché traditionnel, ce qui prouve que le marketing est universel !).
Cette fois, il était écrit : « châtaignes bio ».
Je restai perplexe. Je ne suis pas une spécialiste de la culture de châtaigne, mais il me semble que c’est le fruit d’un arbre sauvage, vivant en communauté forestière. Cela voudrait-il dire qu’il existe des châtaignes non bio ? cultivées ? avec des pesticides ? récoltées mécaniquement ?
Je n’en sais rien, mais toujours est-il que ces trois petites lettres b-i-o avaient fait grimper le prix de 25%, soit 9,90€/kg.
J’allai me détourner, lorsque mes yeux finirent de lire la petite ardoise qui servait d’étiquette (ça aussi ça fait authentique !) et, en dessous de « châtaignes bio » était écrit « origine Ardèche ».
Alors là, Perette jubila et reprit espoir. Mes papilles exultèrent, ma main déposa quelques poignées du petit fruit tant convoité dans un sachet en papier (on est quand même dans un magasin bio !), et je me dirigeai vers la caisse pour finaliser mon achat.
Que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas !
Citadinement vôtre .
Evelyne Colloud-Chomarat
Commentaires
Remarquablement bien écrit
très sympa cet article, félicitations !