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Mots bizarres, expressions étranges

                               Dans la vie quotidienne, on emploie souvent des expressions, dont le sens est généralement bien perçu, mais dont l'origine, lorsqu'on se penche sur elles, apparaît bien mystérieuse. En voici quelques-unes, décryptées.

 

 A tire-larigot: un « larigot » était une petite flûte, une paille permettant de tirer le vin d'un vase, d'une carafe. Boire à tire-larigot, c'était donc boire goulument, abondamment, en aspirant. Le sens s'est conservé mais s'est étendu à d'autres plaisirs ou activités.

 

 A la bonne franquette: « franquette » vient de « franc » (le peuple). Les « Francs » avaient la réputation d'une sociabilité chaleureuse, sans apprêt. L'expression fait perdurer ce sens;

 

 Chercher noise: «  noise » provient du latin « nausea » (nausée, mal de mer, malaise). Le sens a dérivé vers « chercher querelle ».

 

 Etre de mèche: « mèche » vient en réalité de l'italien « mezzo »(  moitié). C'était donc en fait « être de moitié » (c'est-à-dire partie prenante) dans une affaire plus ou moins douteuse, un complot;

 

 La grasse matinée: « grasse » vient en fait du latin « crassus » (épais) devenu « grasse » par déformation et perte de sens. Faire la «  crasse matinée », c'était dormir d'un sommeil lourd épais. Aujourd'hui, faire la grasse matinée, c'est prolonger  le repos au lit.

 

 A tue-tête: autrefois, tuer ne signifiait pas assassiner, mais fatiguer, épuiser. Chanter à tue-tête, c'était fatiguer l'auditoire. Le sens s'est d'ailleurs conservé aujourd'hui.

 

 Branle-bas: autrefois, le « branle » était le nom du hamac pour les marins sur les navires (de guerre notamment). Mettre le branle-bas, c'était se lever pour aller au travail, particulièrement aux postes de combat.

 

 Peu ou prou: « prou » vient de l'ancien français « proud » qui signifiait « avantage » .Le sens a dérivé vers « beaucoup, très » et l'expression signifie désormais « plus ou moins ».

 

En mon for intérieur: « for » vient de « forum », lieu où l'on rendait la justice, autrement dit le tribunal. L'expression signifie donc « en mon âme et conscience »

 

 Feu: (mr X, le roi, …): provient du latin « factutus » (qui a accompli sa destinée, c'est-à-dire dont la vie est terminée). « Feu le roi » signifie donc que celui-ci est décédé (récemment).

 A noter: « feu » ne s'accorde avec le nom que s'il précède immédiatement celui-ci: on écrira « la feue reine » mais « feu la reine ».

 

Faire fi: (de quelque chose): « fi » est une onomatopée qui marque le dédain, le mépris. L'expression signifie donc mépriser (emploi plutôt littéraire)

 

Rester coi: « coi » provient de « quietus » (tranquille) et s'écrivait autrefois « quei »; le sens de l'expression a dérivé vers « rester muet »

 

Etre quitte: quitte vient de « quiet » (tranquille), 

. Etre quitte c'est être délivré d'une dette (matérielle ou morale) et donc être tranquille, serein.

 

Tirer au flanc: pour un fantassin, c'était autrefois faire un mouvement de côté (le flanc) pour éviter un choc frontal, esquiver. L'expression a pris le sens de se dérober au travail , à l'effort.

 

En goguette: vient de l'ancien français « gogue » (réjouissance), et aux XVIII° et XIX° siècles, les « goguettes » étaient des sociétés festives et carnavalesques. Le sens de l'expression est de « faire la fête ». 

 

Jadis/ Naguère: ces deux mots sont considérés comme des synonymes, ce qu'il ne sont pourtant pas: 

 Jadis est l'agglutination de 3 mots d'ancien français « ja a dis » (dis : jour comme dans lundi), signifiant « il y a des jours », donc dans un passé assez reculé.

 Naguère est l'agglutination de « il n'y a guère » (de temps) , donc dans un passé proche

 Pour résumer: jadis s'emploie lorsqu'on parle d'un passé assez lointain

                        naguère lorsqu'on parle d'un passé assez proche




                                                        Pamphile Trouscaillon

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