L'averse vient jouer du tambour sur la vitre.
Le songe se marie avec le feu de bois.
C'est l'automne qui naît en pays vivarois,
Mélancolique et beau comme un dernier chapitre.
Malgré l'épais rideau, pénètre un vent coulis
Dans la chambre où s'attarde, amère, inoubliable,
Une odeur de forêt, de mélèze ou d'érable
Et de bolet narquois caché dans le taillis.
L'heure est elle au retour du passé qu'on regrette ?
L'ombre s'étend déjà sur le parc endormi,
Et le visage aimé d'un parent, d'un ami,
Apparaît, lumineux, dans mon âme inquiète...
Pourquoi ces écoliers en galoches de cuir
Dont la bise d'antan gonfle la pèlerine,
Reviennent-ils ce soir, dévaler la colline
Où pousse à chaque pas l'herbe du souvenir ?
Détournant mes regards, un joyeux reflet danse
Sur le cadre sculpté d'un vieux portrait rêveur
Où sous son chapeau noir, exaltant sa pâleur,
Une blonde sourit avec indifférence...
Hélène Cheynel "L'herbe du souvenir"