est-ce que quelqu’un a connu ça ?
Par hasard, dans un tiroir de mon bureau je suis tombé sur une photo du journal « L’hebdo de l’Ardèche » que j’avais mise de côté et que je gardais précieusement. C’est une photo de classe des élèves de la petite section de l’école des Frères Maristes de Saint-Martin de Valamas.
Sur l’image je reconnais tous les élèves, ma mémoire ancienne est bien tenace malgré les années écoulées, et sans doute parmi ces jeunes enfants en reconnaîtrez vous plusieurs. D’autant qu’ils n’ont pas beaucoup changé (!)… ils sont toujours aussi beaux, fringants, élégants et aussi avenants.
(bien que maintenant dans la force de l’âge). Essayez de les identifier.
Mais ce bel aspect physique juvénile n’est pas le fruit du hasard, cette belle apparence des élèves de l’année où la photo a été prise, (sans doute 1956) ils la doivent au soin que le président du conseil de l’époque Pierre Mendès-France a pris de leur santé et de leur développement physique.
En les obligeant à boire du lait à l’école chaque matin !
Une mesure annoncée comme destinée à lutter contre la dénutrition (c’est encore la période d’après-guerre) et… l’alcoolisme ! Il est encore courant, à cette époque, de donner bière ou vin aux enfants. Le slogan de Mendès-France : « Pour être studieux, solides, forts et vigoureux, buvez du lait ! »
Pour instaurer le verre de lait à l’école, le président du Conseil reprend une mesure qu’il avait expérimentée durant l’hiver 1937-38, alors qu’il était député de l’Eure : distribuer aux enfants d’Évreux un tiers de litre de lait par jour.
En 1956, c’est lui qui a fait interdire toute boisson alcoolisée dans les écoles aux enfants de moins de 14 ans. Au-delà de cet âge, les enfants pouvaient (avec l’accord de leurs parents) continuer à consommer des boissons ne dépassant pas 3° d’alcool par litre. La consommation d’alcool dans les établissements scolaires n’a été officiellement interdite par une circulaire qu’en 1981 !
C’est ainsi qu’en cette année 1956 chaque matin nous avons eu droit à un solide bol de lait chaud. Il était amené dans la classe à l’heure de la récréation dans une grande marmite portée par deux élèves choisis parmi les plus costauds de la classe et qui tenaient chacun une poignée du contenant en faisant attention de ne pas en faire tomber la moindre goutte. On nous servait le lait à la louche, et même une ration généreuse dans le bol personnel que nous gardions précieusement dans notre petit bureau en bois. Mon bol y cohabitait avec quelques sucres en morceaux dans une boîte en carton et avec ma boîte de cacao que j’y remisais pour agrémenter le breuvage, car boire du lait sans rien… beurk.
Tant pis pour ceux qui n’avaient rien à ajouter au lait cru, surtout que le lait de l’époque faisait rapidement de « la peau » en surface.
Pour vous parler de ma boîte de cacao, elle était très belle et colorée, hélas je n’ai pas le droit de vous la décrire en ces années 2024. Je vous dirai juste que le personnage qui illustrait l’étiquette était coiffé d’un petit chapeau rouge avec un pompon bleu. Et je n’ai pas plus le droit de vous parler de l’accroche de la marque car le slogan qu’exprime le personnage est dans un français approximatif qui pourrait nous être reproché. Je vous en donne juste les premiers mots « Y’a bon ».
A vous de trouver la suite. Personnellement je ne vous ai rien dit ! Je ne voudrais pas que le rédacteur en chef de « rue des puces » ait un problème de censure de sa publication mensuelle à cause de moi.
Et à l’époque tous les enfants finissaient leur bol de lait, et personne, même s’il n’aimait pas trop le breuvage ne se risquait à arguer d’une quelconque allergie au lait car le concept, assez récent d’allergie alimentaire n’avait pas encore été inventé. Donc tout le monde buvait et mangeait ce qu’on lui mettait dans son bol ou son assiette. Sans rechigner ni argumenter.
Alors aujourd’hui, quand vous regarderez les enfants sur la photo de classe, pensez que grâce au lait distribué généreusement dans les écoles, ils ont bien grandi… et sont devenus forts, musclés, travailleurs, beaux, intelligents, endurants et qu’ils ont ainsi puissamment contribué au relèvement de la France de l’après-guerre.
Mais ça, si vous avez reconnu quelques uns des enfants sur la photo vous le saviez déjà…
Merci à Pierre Mendès-France et au ministre de l’éducation nationale de l’époque. En plus les ministres changeaient moins souvent de poste que maintenant et ils pouvaient ainsi se rendre compte comme les écoliers embellissaient à vue d’œil grâce au lait chaud du matin.
PS : entre nous, le prétexte politique de la distribution de lait à l’école partait d’un bon sentiment : la santé des enfants, cependant la vraie raison c’était d’écouler la surproduction dans ces années où la France était encore un pays agricole.
Si ce petit texte humoristique vous a plu, dites moi le j’écrirai une suite un peu drôle pour le prochain numéro.
Et si vous reconnaissez les élèves, merci d’indiquer leurs noms dans les commentaires de « rue des puces » en indiquant : premier rang et de gauche à droite, deuxième rang, troisième rang, On va bien rigoler !
Georges Verat
Commentaires
J’ai connu !
Il y a aussi eu le Cacolac ! Pire que le lait !
Ca existe toujours : « Cacolac : la boisson chocolatée & lait aromatisé pour tous ! »
https://www.cacolac.fr/
En plus on gardait les capsules pour faire un rideau anti-mouche. L'odeur était atroce. Depuis je ne bois plus de chocolat au lait, sauf en préparation Van Houten. Et encore, élaborée avec soin.
J'ai aussi eu droit à une « visite de vieux bonhommes qui nous ont cassé les pieds », dans le même style de ce que l'on a pu voir récemment à la TV (ils étaient moins vieux dans le reportage).
Je ne me souviens plus de l’année, mais entre 1954-1956. J’ai gommé certaines années ennuyeuses…
C’était à Vénissieux, école du centre !
Pendant quelques mois j’ai été à l’école de St-Julien-Boutières. C’était mieux ; l’institutrice c’était ma tante !
Ma mère m’avait largué chez sa sœur pour aller « soigner la mémé » à Arcens.
Dans le couloir de l’école il y avait un poêle et une marmite avec le lait qui chauffait. Au moins ici on n’était pas obligé de boire froid ! J’ai toujours été impressionné par la longueur du tuyau qui montait jusqu’au-dessus du toit…
Merci monsieur le rédac-chef d’avoir accepté le sujet de Georges, je me suis un peu défoulé.
JC
Moi, c'était au Monastier, il y avait un petit poele à bois au milieu de la classe, le lait qui chauffait dessus débordait souvent et l'odeur restait des jours. La plupart de mes camarades de classe avaient des vaches chez eux et ne manquaient certainement pas de lait. Comme les Saint-Martinois de la photo je suis devenu grand et fort !
Le lait à l'école était international. J'en ai profité à partir du CP allemand. Heureusement qu'on pouvait choisir entre lait et cacao, J'ai vraiment préféré l'huile de foie de morue auquel on avait non pas droit mais obligation à l'école maternelle entre septembre et mars. Qu'elle période impérissable.....
Pour relier alcool et « fortifiant » comme l’huile de foie de morue, il y avait aussi la gentiane.
Un petit fond de verre les matins d’hiver….
Manque de chance la préparation était réalisée avec du vin blanc….
Sur la photo de classe : en bas, complètement à droite : Georges Vérat avec de magnifiques charentaises.....
Je ne t'avais pas reconnu, il est vrai que tu n'avais pas encore profité du bon lait de vache, celui qui n'était pas écrémé ni stérilisé.
voici les noms que j'ai cru reconnaitre premier en partant de la gauche Michel Pauchelon 4éme Jean Marc André à droite Georges Verat.
2eme rang en partant de la gauche 3eme Jean Louis Rey 7eme Laurent 8eme Michel Debard
3eme rang en partant de la gauche 2eme Duchamp 3eme Beal 4eme Duchamp.