La rue des Puces était l’une des principales du village. Plusieurs légendes racontent, pourquoi cette rue a eu ce nom. Une histoire qui se transmet de génération en génération.
Saint-Martin-de-Valamas a été bâti à flanc de montagne avec des pentes qui y sont rudes, et avant le tracé de la route impériale n° 103 qui desservait la vallée de l’Eyrieux. Saint-Martin-de-Valamas était seulement relié au Cheylard par un chemin, certes carrossable mais très inconfortable, qui, à l’entrée du bourg, après avoir franchi la rivière de l’Eysse, par un modeste pont, empruntait soit la rue Royale, soit la rue des Puces pour arriver au centre du village.
La rue des Puces était l’une des trois principales rues de Saint-Martin. Entièrement pavée, au XIXe siècle, elle était très peuplée, surtout lorsque Charles Murat, le célèbre bijoutier parisien, décida de créer un atelier de chaînes au bas de la rue, exactement au pont. Néanmoins, la rue conservait ce drôle de nom. Mais d’où pouvait-il venir ? Les mauvaises langues disaient à qui voulait l’entendre que cette rue était insalubre et c’est pour cela qu’on l’avait appelé la rue des Puces.
Quelques érudits locaux cherchèrent en vain la signification de cette appellation. Plusieurs légendes étaient transmises de génération en génération.
Un soldat et des fourmis volantes :
L’une d’elles rapporte qu’un soir de l’été 1900, les habitants prenaient le frais devant leur porte lorsqu’ils aperçurent un militaire qui grimpait la ruelle. Il faisait encore chaud et le soldat avait soif mais personne ne songea à lui offrir l’hospitalité, ni lui servir un verre d’eau. Arrivé à l’intersection de la rue des Puces et de la rue Royale, le militaire se retourna et secoua ses vêtements poussiéreux. Il avait un sac en bandoulière et, tel un semeur de grains, plongea la main dans le sac et lança à la volée une poignée de fourmis volantes, en s’écriant : « Voilà qui vous occupera. »
L’affaire fit grand bruit à Saint-Martin-de-Valamas. Dès le lendemain matin, le maire, Célestin Rochette, dépêcha son garde champêtre pour rechercher ce voyageur. En vain, celui-ci avait quitté les lieux. On s’empressa de baptiser la rue la rue des Puces.
Elle devint la mal-nommée rue Droite :
Moins de cent ans plus tard, à l’initiative d’une habitante du quartier, qui ne supportait pas le nom de cette rue, la municipalité se creusa la tête pour changer le nom. L’inspiration était de mise et l’on baptisa la rue Droite. La pauvre rue des Puces, aux nombreuses qualités, sauf celle d’être droite, aurait pu avoir un meilleur nom car elle est très pittoresque, agréablement fleurie et mise en valeur par ses habitants. « Le remède était pire que le mal. Burlesque ! », n’aurait pas manqué de s’écrier notre romancière locale Martine Valmas. De son côté, Odette Clot, qui habite au bas de la rue et qui a longtemps accompagné les visites du vieux village pour l’office de tourisme, s’indignait de cette nouvelle appellation.
Quelques années passèrent. Un nouveau conseil municipal revenait sur la précédente délibération et la rue retrouvait son nom.
Un curieux nom qui trouve ses origines non pas dans celle des fourmis volantes, mais bien dans le mot “puch”, qui se traduit par montée. Tous ceux qui connaissent la rue des Puces peuvent en témoigner. Depuis le quartier du pont et près de l’Eyrieux, la rue monte inlassablement jusqu’à la place du village et de là, les muletiers qui empruntaient cet itinéraire avant le tracé de la route nationale en 1881 montaient encore jusqu’à la cime du lieu pour accéder enfin, par la dernière porte du bourg, au chemin qui conduisait à Chanéac et Borée.
Marie-Noëlle Baudin pour le Dauphiné Libéré du 23 novembre 2020 grâce aux informations historiques précieuses de Roger Dugua.