Ethnologue amateur :
Dès mon arrivée à Saint-Martin-de-Valamas, il y a 22 ans, on m'a bien fait comprendre que, malgré sa proximité, la ville du Cheylard n'était pas fréquentable et que de se rendre dans cette localité ennemie était considéré comme une trahison. J'ai donc compris que ces gens ne devaient pas être « comme nous », alors pendant toutes ces années, malgré quelques incartades aux supermarchés de cette ville voisine, j'ai toujours évité de passer dans son centre et de côtoyer ses habitants. En tant que « pasdicilien », désireux de réussir mon intégration il était évident qu'il valait mieux respecter les règles et les traditions du pays.
Après toutes ces années, ayant fait de mon mieux pour m'intégrer, étant bien conscient de ne pouvoir me revendiquer comme « icilien » mais toutefois de ne pas être entièrement « pasdicilien » et ayant fait mes preuves de fidélité à mon village, j'ai décidé, à l'occasion de l'Esti'val de tenter l'aventure. Le dimanche 28 août, armé de courage, déguisé en touriste hollandais, je suis allé assister à une pièce de théâtre (une espèce de conférence sur l'amour) et à un récital de piano (perturbé par les aboiements d'un chien) en bordure de la Dorne. Ces deux spectacles très réussis étaient suivis par un publique nombreux. Je ne sais pas si parmi ces spectateurs il y avaient des Cheylarois ou s'il ne s'agissait que de touristes. (j'y ai aperçu quelques Saint-Martinois que je ne dénoncerai pas) mais je n'ai détecté aucune hostilité à mon égard. Ce premier travail d'ethnographie que je m'étais imposé ne m'ayant pas beaucoup renseigné, je me suis aventuré sur la place Saléon-Terras où, en soirée, avait lieu un concert. Là encore, rien de bien différent avec mon village si ce n'est qu'à Saint-Martin, lors du festival de musique les gens dansent spontanément et volontairement sur une musique produite par de vrais musiciens alors qu'au Cheylard ils se trémoussent en obéissant aux ordres de 4 jeunes dames au son d'une musique enregistrée qui m'a fait exploser mes appareils auditifs !
N'ayant pas pu trouver de différence notoire après cette expérience, je pense bien approfondir le sujet en me rendant plus souvent dans cette bourgade voisine en essayant d'avoir quelques contacts avec des autochtones. Pour cela, j'ai placé dans la presse locale une petite annonce intitulée : « Saint-Martinois d'adoption recherche contact avec Cheylarois ou Cheylaroise d'origine. ».
François
_______________________________________________________________
Saint-Martin ! Vite, vite des caméras dans la rue royale afin de pouvoir identifier les responsables de cette pollution ! Peut-être aussi faudrait-il mettre un panneau : "Interdit aux chevaux" ? Une rue royale ça se respecte.
François
Commentaires
Pour avoir des contacts avec les gens d’un autre canton il faut déjà qu’à l’intérieur du canton une ambiance amicale se développe. Et cela ce n’est pas gagné, mais des efforts ont été entrepris…
Un article du Journal de Tournon observait en février 1896 : « Les opérations du tirage au sort, dans la commune de Saint-Martin-de-Valamas, ont eu lieu vendredi de la semaine dernière, après un tour de ville plein d’entrain. A cette occasion on a remarqué avec plaisir que les relations entre les conscrits des diverses communes du canton devenaient chaque année de plus en plus amicales. On ne peut qu’en féliciter ces jeunes gens qui, par leur rapprochement, font disparaître de vieilles querelles de clocher qui n’ont aucune raison d’être et qui sont parfois très regrettables ».