Sandrine Collette
Madelaine avant l'aube
Dans ce très beau roman sur la nature humaine Sandrine Collette nous décrit la vie dans un petit hameau, à une époque où les seigneurs avaient le droit de vie ou de mort sur les paysans.
Un passage que je reproduis ici m'a particulièrement intéressé car il montre admirablement que malgré l'amélioration de nos qualités de vie les rapports humains n'ont pas beaucoup changés.
« Que la vie soit mal faite, nous le savons tous.
Nous avons la conscience aiguë de l'imperfection du monde ; les terres pourraient être partagées équitablement, et la richesse, et le travail. Mais le monde n'est pas juste, il ne l'a jamais été. Nous avons toujours été les gueux et nous avons toujours eu des maîtres. Nous ne savons pas d'où cela vient. De l'éternité sans doute. Il n'est pas sûr que nous puissions changer de ce côté-là, non que nous n'en avons pas la force, mais nous n'en avons pas l'idée. Les maîtres sont les maîtres.
La vie s'enchaîne sans que l'on se demande si c'est juste ; sans que l'on se pose la question de savoir s'il y aurait mieux à faire. Mais ah. Il aurait fallu ouvrir des possibilités et nous ne savons pas comment s'y prendre, pour peu que cela nous intéresse. Parfois il vaut mieux conserver un monde injuste dans lequel chacun connaît sa place, plutôt que de tout fiche en l'air et n'être sûr de rien. Ce que l'on a aujourd'hui, on l'a, même si c'est minuscule. Les hommes ont toujours quelque chose à perdre, ne serait-ce que la vie. En y pensant bien, le simple fait d'avoir un toit est déjà une chance. Manger, se chauffer.
Tout trop peu et mal, mais cela existe. Alors avons nous intérêt à ce que le monde change ? Je ne m'explique pas autrement que par cette incertitude la capacité qu'ont les hommes à étouffer eux-mêmes leurs élans de révolte. »
Ce roman est disponible à la bibliothèque de Saint-Martin-de-Valamas
François
Commentaires
j'ai lu ce beau livre,passionnant!