Certains croient peut-être que cette rubrique n'est que foutaises, balivernes et billevesées. Nous allons démontrer le contraire puisque nous nous attaquons aujourd'hui à un des grands mystères de l'Univers (à l'égal des trous noirs galactiques), à savoir: le pluriel en X de certains substantifs et adjectifs (exemple : des cheveuX). Parce que, après tout, on peut s'interroger sur cette anomalie dans la langue française, alors que la règle usuelle veut que l'on marque le pluriel par S. Vous ne vous êtes jamais posé la question ?Eh bien dans les lignes qui suivent, vous aurez quand même la réponse, et vous n'allez pas être déçu.
Au commencement, c'est-à-dire au Moyen-Age, alors que la langue romane avait succédé au latin, on écrivait bien : des chienS, des cheveuS, des hibouS. Mais seuls les clercs lisaient et écrivaient. Et il se trouve qu'au fil du temps, ils prirent l'habitude de remplacer US à la fin des mots par un signe ressemblant assez fortement à X, ce qui donnait: des cheveX , des HiboX, etc. Notez bien qu'à l'époque , le reste du monde s'en foutait, puisque presque personne ne savait lire. Mais avec le développement de l'instruction et l'invention de l'imprimerie, tout changea : les facéties graphiques des copistes ne furent plus comprises: on restait devant une bizarrerie: la prononciation ne correspondait pas à l'écriture. Il fallait procéder à un réajustement. On ne voulut pas toucher à ce X mystérieux, qui resta comme marque du pluriel, et on rajouta U pour rétablir la prononciation adéquate, et c'est ainsi que des chevex devinrent des cheveUX et des hibox des hiboUX. Et le plus extraordinaire, c'est que personne (et notamment les linguistes ou l'Académie française) n'osa toucher à cette anomalie, depuis des siècles.
Et c'est ainsi qu'aujourd'hui, ce qui n'était qu'une fantaisie scripturale des moines copistes est devenue une règle orthographique qui pourrit la vie de nos écoliers, sans aucune raison, alors qu'il eût été tellement simple (et l'est toujours) de rétablir le pluriel en S partout. Allez, carpe diem, quand même!
Gilbert