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  • "Auprès de mon arbre" ou "Comment envisager la mort autrement?"

    Nous sommes en 1980 en Allemagne, c'est le début de l'automne. Mon ami français et moi sommes invités pour prendre le café chez un couple d'amis plus âgés que nous.  Nous ne pouvons pas y aller sans un petit cadeau. J'opte pour des fleurs, un très beau bouquet qui contient  - des chrysanthèmes. Chose tout à fait normale pour les Allemands. Mon ami s'exclame : " Mais nous ne sommes pas en novembre! Et nous ne pouvons pas offrir des fleurs de la mort à un couple âgé !"
    Voilà ma première rencontre avec des rites funéraires français et un peu plus tard, je découvre les cimetières "lambdas" de mon nouveau pays.
    ( Je connaissais déjà le cimetière du Père Lachaise à Paris).

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    Chaque pays,  même chaque région a sa façon de vivre et de s'occuper de ses morts. A une époque, on ne se posait pas de questions, c'était la même façon de faire pour ceux qui venaient de la même communauté, rituel qui rassurait en quelque sorte face au seul élément commun à tous mais pas accueilli avec la même sérénité par chacun.

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    Cimetière norvégien

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    cimetière juif

    Aujourd'hui, les choses changent. Nous avons le choix entre plusieurs options, et il y en a toujours d'autres qui se pratiquent ailleurs, qui touchent certaines personnes au point de vouloirs les "importer" chez elles.

     En voici une qui nous vient depuis peu d'Allemagne où elle fait partie depuis assez longtemps des coutumes : enterrer l'urne avec les cendres auprès d'un arbre dans une zone destinée à cela.

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    En Alsace, cette pratique est proposée maintenant dans la commune de Muttersholz. Des petites plaques dans une forêt communale sanctuarisée rappellent les noms des personnes qui ont fait ce choix.
    A Schiltigheim, on a planté des arbres sur le terrain du cimetière existant pour créer ce nouveau type de forêt .
    La ville de Nancy veut même créer une forêt de 6000 m2 où les cendres pourraient être enfouies gratuitement mais sans petite plaque commémorative. Cette forêt serait destinée au recueillement mais aussi à la promenade.

     De plus en plus de personnes aiment l'idée de trouver leur dernière demeure dans la nature et non dans un caveau bétonné ou dans un colombarium.
    Plus d'entretien, plus de fleurs - ni des vraies ni en plastique. Gain de place face à l'afflux des générations baby-boom.

     Mais ce n'est pas que cela: C'est aussi le fait de lier le vivant et la mort. Nous faisons partie de la nature où la vie et la mort sont un tout. L'homme d'aujourd'hui dans le cadre de la vie moderne a du mal à ne pas compartimenter: les jeunes d'un côté, les vieux de l'autre; le collège est séparé du lycée ; il y a les quartiers des riches et celui des pauvres et j'en passe. Sous les arbres par contre, la vie et la mort ne feront plus qu'un dans un respect mutuel.

    La magnifique nature autour des villages comme Mutterholz invite à la réflexion. Celle de Saint Martin n'est pas moins belle. Je serais heureuse de trouver ma dernière demeure auprès d'un arbre dans ce paysage autour du village que j'aime tant. Je me sentirais beaucoup moins à  l'étroit .

    Christiane Behnke

  • La ZAN attitude

    En Ardèche, dans nos montagnes, où l'on a le temps de se livrer à la méditation, on connait la zen attitude. Nos gouvernants qui ne sont certainement jamais venus dans notre beau département viennent de nous inventer la ZAN attitude. On vous explique :

    L'Etat a fixé pour 2050 un objectif de « Zéro Artificialisation Nette » ZAN  qui demande aux territoires, communes, départements, régions de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020.

    Dans un article du mois d'octobre du Dauphiné Libéré, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes faisait part de son désaccord avec cette loi ZAN qui selon lui  :  « confisque les prérogatives des maires ». Quelques temps auparavant il avait menacé de ne pas l'appliquer dans sa région ! (Ce qui, pour un prochain candidat à la présidence de la république peut poser question).

    Issue du « Plan Biodiversité » de 2018 et repris par la Convention citoyenne en 2022 cette loi consiste à réduire au maximum l'extension des villes en limitant les constructions sur des espaces naturels ou agricoles. Il est en effet certainement utile de freiner la bétonisation afin de laisser encore un peu de place à la nature car chaque année, la France perd 20 000 à 30 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers sous la pression des activités humaines : Étalement des villes, développement d’infrastructures. L’artificialisation des terres est l'une des causes de la perte de la biodiversité.

    Mais, une telle loi prise à l'échelon d'un pays, pensée surtout pour empêcher l'extension des grosses agglomérations, semble ne pas prendre en compte le besoin de petites communes à la demande de nouveaux habitants, de nouvelles entreprises ou de nouveaux commerces.

    Il suffit de se promener dans nos vallées, dans nos montagnes pour découvrir dans beaucoup d'endroits des restes d'habitations qui sont les témoins d'une époque où notre région était beaucoup plus peuplée qu'aujourd'hui (voir l'article suivant sur les volcans d'Auvergne). Nous avons dans ce blog, plusieurs fois évoqué les pertes de population dans nos villages ou nos hameaux. Il suffit par exemple de savoir qu'au Sarret où seulement deux maisons sont actuellement habitées alors qu'au début du siècle dernier il y avait une centaine d'habitants ou qu'il y a quelques années le village d'Arcens avait encore deux écoles. On a ainsi plutôt l'impression que dans nos communes, pendant des décennies l'homme (et la femme bien sûr) a restitué à la nature beaucoup plus qu'elle ne lui avait emprunté. Dans la périphérie autour de Saint-Martin, de nouveaux quartiers ont vu le jour (La Teyre, les Horts), mais si on compare le village aujourd'hui avec des cartes postales datant d'une centaine d'années on peut s'apercevoir que peu de place a été prise sur la nature et que, au contraire c'est aujourd'hui beaucoup plus boisé.

    saint martin carte postale 2.jpg

    A l'heure où l'on parle de la désertification des campagnes, comment peut on prendre des décisions pareilles? Si nous ne voulons pas que nos villages meurent, il vaudrait mieux qu'on nous permette d'attirer quelques industries, au lieu de nous faire appliquer des lois qui sont faites pour freiner l'extension des villes. On aurait donc envie de leur dire à ces zénarques qui nous gouvernent : S'il vous plaît arrêtez vos zanneries ! Peut-être leurs parents n'ont pas eu l'occasion de lire le livre de Michel Desmurget (Voir "J'ai lu")

    Bon, on a encore le temps, c'est pour 2050 ! Mais il va falloir quand même en tenir compte dans la prochaine élaboration du PLU (Plan Locaux d'Urbanisation) qui doit être mis à jour dans les deux prochaines années. A moins qu'entre temps Laurent Wauquier soit devenu président de la République.

    François Champelovier

  • Les volcans des Boutières : Une empreinte bénéfique !

    •  Le volcanisme est souvent associé à l'idée de destructions, de catastrophes, de cataclysmes. Cependant, à y regarder de plus près, hors le moment d'éruption, le volcanisme a été un bienfait pour les régions environnantes. C'est le cas pour les volcans des Boutières (essentiellement situés sur le canton du Haut-Eyrieux) qui ont laissé une empreinte profonde, ne serait-ce que par les paysages spectaculaires qu'ils offrent encore de nos jours, après plusieurs millions d'années d'existence. Mais l'aspect esthétique, très prisé de nos jours, n'est pas le plus important et surtout pas celui que les populations vivant à proximité ont retenu au cours des millénaires passés: les habitants des Boutières, pragmatiques en diable, ont su voir tous les avantages qu'offrait une région volcanique pour leur vie quotidienne. On peut particulièrement distinguer parmi ceux-ci:
    • La profusion des matériaux de construction: la pierre volcanique (basalte) a fourni aux habitants des secteurs proches des volcans (surtout au-dessus de 1000 m d'altitude) un matériau abondant, résistant facilement reconnaissable grâce à sa couleur allant du bleu au noir, pour bâtir leur fermes, (la plus célèbre de la région étant celle de Bourlatier,bourlatier 2.jpeg qui impressionne par ses dimensions et l'épaisseur de ses murs). De même, pour couvrir ces fermes ,les bâtisseurs utilisaient les lauzes,, larges plaques de phonolite débitées finement (quelques centimètres d'épaisseur formant une toiture lourde mais extrêmement résistante aux intempéries et à l'usure « qui bien lauze pour cent ans pose » disait-on alors), encore parfois utilisées de nos jours. Ces mêmes plaques pouvaient aussi servir au dallage des voies de circulation, tout comme les graviers et sables que l'on trouve en dépôts, toujours exploités (Molines, Saint julien d'Intres).

     

    • L'abondance des sources et des cours d'eau, autour du massif volcanique (Rimande,riviere.jpg Saliouse, Eysse, Dorne, sources de Molines...) fournissant une eau de grande qualité, qui a permis l'établissement de la population dans les moindres recoins de la région. La réputation des eaux des Boutières s'est d'ailleurs étendue bien au-delà du secteur, puisqu'elle a donné lieu à leur commercialisation (sources de Dornas, de Chanéac et surtout d'Arcens, cette dernière toujours en activité. Enfin, nombre de nappes phréatiques alimentent ces sources 'Saint Martial, plaine d'Echamps...)

     

    • La fertilité des terrains volcaniques: ceux-ci sont très propices à la végétation, d'où les très nombreuses forêts qui occupent les flancs nord des édifices volcaniques (essentiellement sapinières et hêtraies) et  fournissent aussi bien le bois de charpente, de chauffage ou de menuiserie, mais abritent également du gibier et d'autres ressources alimentaires (champignons, fruits sauvages tels que myrtilles, framboises, glands...). Mais surtout, les terrains volcaniques ont été favorables à l'agriculture dans ces secteurs montagneux à l'altitude élevée (souvent plus de 1000 m), permettant à une population de s'installer, d'y survivre et d'y prospérer durant des siècles , voire des millénaires! ( vers 1900, Borée er Saint-Martial comptaient chacune plus de 2000 habitants!) (1). De plus, les pluies et les crues ont aussi entraîné les alluvions volcaniques vers l'aval fertilisant les vallées alentour (Saliouse, Eysse, Dorne ). Mais la plus grande part de ces alluvions s'est déposée bien plus bas, dans la vallée de l'Eyrieux, donnant naissance à des plaines fertiles qui se sont couvertes de pêchers au cours du XX° siècle.
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    • Ainsi, loin d'être un fléau, le volcanisme a été profondément bénéfique pour la région des Boutières. Sans lui, le développement démographique eût certainement été moindre. La région reste d'ailleurs profondément marquée dans son habitat, son agriculture, ses mœurs par ce volcanisme des temps anciens.

    (1) La dépopulation brutale au cours du XX° siècle est un phénomène complexe que l'on ne peut aborder ici, mais qui n'invalide pas ce qui a été dit plus haut.

     

                                                                Gilbert Verdier