Figurez-vous un nid bâti parmi les fleurs.
Tel Arcens, au printemps, se montre aux voyageurs
Qui, s'arrêtant pour voir le riant paysage,
Tournent leurs yeux ravis du côté du village !
Ces premiers vers du poème « Le pays d'Arcens » ont été écrits par Daniel Peyret, instituteur d’Arcens en 1891. Depuis le paysage n’a guère changé, il y a peut être un peu plus de maisons et surtout plus de végétation. Le vrai changement apparaît aux voyageurs lorsqu’ils s’arrêtent, non pour voir le paysage, mais pour acheter quelques denrées...
« Non monsieur, il n’y a plus de boulanger, seulement un dépôt de pain à l’épicerie, et que le matin. Le boulanger est en arrêt maladie, il ne reprendra pas son activité. Ben oui... il est loin le temps où il y avait trois boulangeries... La boucherie aussi est fermée. Le boucher s’est fâché avec le village et a tout vendu à des particuliers pour s’installer ailleurs. Le fond de commerce perdu ? Je ne peux pas vous répondre, le boucher était aussi propriétaire du bâtiment. Ce qui est sûr c’est qu’il est perdu pour le village, tout comme celui de la boulangerie. Quant à l’épicerie qui fait aussi presse, tabac et essence et appartient au chocolatier, elle est un peu en sursis. Il ne souhaite garder que son activité de chocolaterie. Une possibilité de reprise par le bar restaurant hôtel qui a ré-ouvert l’an dernier serait en pourparlers, mais il y a un problème avec l’emplacement des pompes : le maire souhaite qu’elles soient déplacées, au frais du propriétaire, pour aménager le carrefour et faire des trottoirs. Il vient de lancer un projet de réhabilitation de la traversée de la départementale. Non, pas d’autres commerces dans le reste du village, si ce n’est un café de l’autre côté du pont, mais il a des horaires un peu alternatifs. Revenez dans un an, il y aura une belle route et des trottoirs qui ne serviront à personne car il n’y aura pas plus d’activité que dans une banlieue ! »
Je n’ai pas retenu plus longtemps ces visiteurs qui avaient autre chose à faire que d’écouter mes histoires.
Pourtant j’aurais pu leur parler des autres difficultés rencontrées par le maire pour mener à bien son projet. Il les a évoquées lors d’un conseil municipal. A l’entrée sud du village, le « canal de l’usine » qu’il nomme « la canalette » pourrait servir de trottoir mais le propriétaire a d’autres projets un peu évasifs, ce qui ne contente pas le maire. De plus la sécurité à ce niveau serait très difficile à assurer pour éviter que les voitures ne tombent dedans... Au centre du village « des riverains ne voudraient pas céder du terrain ». Renseignements pris, des riverains susceptibles de céder du terrain n’ont même pas été contactés ! A la sortie sud du village, au niveau du hameau d’Issas, les maisons, très resserrées, empêchent tout aménagement et le maire en est arrivé à évoquer la mémoire du baron Haussmann.... Mais pourquoi tant d’ardeur pour réaliser, encore une fois, des trottoirs dans un village rural ? Il y a quelques dizaines d’années une réalisation similaire, sur une autre voie, n’avait pas apporté d’amélioration pour les piétons mais beaucoup de critiques de la part des habitants.
La présentation, aux habitants, du projet de réhabilitation aura lieu lors d’une réunion publique prévue le 26 juin à 18 h à la salle des fêtes. Le projet sera soumis au vote du conseil le 12 juillet. Entre ces deux dates le maire prévoit la « possibilité de quelques ajustements ».
Avec cette réhabilitation Arcens deviendra-t-il un village plus attractif, sachant qu’un projet monté par deux particuliers n’habitant pas le village et accepté par le maire, risque de défigurer le futur « centre bourg » d’Arcens. Mais quel est le « centre bourg » actuel ?
À suivre....
J.C. Ribeyre