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Je n’sais pas vous, mais moi…

J’avais pensé écrire un petit billet sur le » couvre-feu « à Paris ( locution guerrière plus percutante  que « confinement partiel »), le passage de « Il est cinq heures Paris s’éveille » à « Il est vingt et  une heure Paris sommeille ». 

Je vous aurais parlé des terrasses encore bondées à 20h45, de cette jeunesse insouciante,  parlant et riant à gorge déployée à quelques centimètres les uns des autres. J’aurais décrit les rues se vidant de leur circulation à 20h55, avec ses véhicules filant à vive allure  vers leur destination, en espérant que la maréchaussée ne dégaine pas son 135€.  Cendrillon s’était faite « sucrée » sa permission de minuit contre une raccourcie de trois heures,  histoire de réduire sa « teuf » chez le prince charmant à une peau de chagrin ! Trois petits tours et  puis s’en vont, pas le temps de tomber amoureux qu’elle est déjà repartie ! 

Mais voilà, le virus en a décidé autrement.  

Alors, second confinement ou deuxième confinement ? 

J’entends déjà le débat des puristes. Il est généralement admis qu’un second confinement  laisserait supposer qu’il n’y en ait pas d’autres, en tout cas pas pour l’instant, et que pour un  deuxième confinement l’énumération pourrait continuer. 

D’ailleurs cette dernière option est envisagée par les experts scientifiques, les fameux qui savent  tout à titre individuel mais qui ne sont d’accord sur rien à titre collectif ! 

Quoiqu’il en soit, tu es autorisé à bosser, à aller à l’école, et en dehors de ça, tu restes bouclé  chez toi, sauf attestation dérogatoire de sortie. 

Mais comme le gouvernement a trouvé que nous avions bien acquis les compétences nécessaire  au remplissage de ladite attestation lors du premier confinement, cette fois il met la barre plus  haut et nous contraint à trois documents. 

Ah ! Mes pauvres neurones ! Il leur arrive parfois de se faire des noeuds. 

Imaginez… Sachant que vous rentrez chez vous après votre journée de travail (parce que votre  activité de vous permet pas de télé-travailler), qu’au passage vous récupérez vos enfants à  l’école, que vous vous arrêtez chez le boulanger pour acheter du pain et que vous portez une  baguette à votre belle-mère qui elle ne sort pas, parce qu’elle est une personne à risque. Combien  vous faudra-t-il d’attestations et combien de cases cocherez-vous ? C’est à vous ! Vous avez  quatre heures !!! 

Nous nous retrouvons de nouveau avec la laisse sur le cou, sortie autorisée à un kilomètre autour  de chez soi et pendant une heure !  

Il aurait fallu que la marraine de Cendrillon aille cueillir la citrouille au fond du jardin et l’évide,  attrape six souris, un gros rat et une ribambelle de lézards pour transformer tout ce beau monde  en un carrosse doré avec chevaux gris pommelé, cocher et laquais, qu’elle déguise sa filleule en  sapin de noël, que celle-ci aille à la fête et en revienne, le tout en une heure ! Et à condition bien  sûr que le palais du prince soit à moins d’un kilomètre de la chaumière au fond des bois !!! 

Allons ! Cessons ces sarcasmes et sachons faire preuve de civisme! 

Beaucoup de gens souffrent dont les petits commerces… Mais là encore, il y a de quoi  s’interroger. 

Dans les vitrines des magasins de mon quartier, je vois fleurir les pancartes : « Ici,  click&collect » ???? Je connaissais l’unité de temps, de lieu et d’action dans les pièces de  théâtre, et il me semblait que l’unité de langue allait de soi !!! Ce n’est même pas un anglicisme.  On pourrait traduire par : »cliqué collecté ou cliqué retiré ». Mais cliquer (ou encore mieux clicker  comme je l’ai trouvé) ça veut dire quoi ? Un petit bruit sec, celui de la touche qui s’enfonce dans  la souris, qui déclenche un programme sur l’ordinateur, lequel génère une action, celle de  commander un produit ou service. Et collecter ? On collecte plus communément de l’argent qu’un  objet.  

Et que d’opérations invisibles entre le moment où vous cliquez et le moment où vous collectez!  Les bugs (oups les erreurs) dans les processus, ça existe.  

Par exemple, la marraine de Cendrillon avait cliqué au moyen de sa baguette magique sur des  escarpins Louboutin et elle a collecté une paire de charentaises ! Ce qui au passage n’a pas eu  l’air de déranger le prince qui arpenta le royaume en tous sens pour retrouver l’heureuse  propriétaire desdites pantoufles. 

Bon vous l’aurez compris, je suis d’humeur belliqueuse. 

Alors, je n’sais pas vous, mais moi… Ca y est, c’est décidé… J’ai décidé d’attaquer la lecture de  Proust, histoire de voir si le temps passé en confinement c’est du temps perdu ou du temps  retrouvé !!! Et pas dans la collection La Pléiade, non ! … En remote loading sur mon smartphone,  avec mes écouteurs airpod et en son dolby 2.0 !!!! 

Citadinement votre. 

Evelyne Colloud-Chomarat

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