Les 7,8 et 9 août 1881 la section de Vals et Cévennes du Club alpin Français organisait une excursion au mont Mézenc et dans les environs, avec un départ de Vals et un autre d’Annonay. Le récit de cette aventure a été publié dans la Revue du Vivarais en 1894 et 1895 par Paul d’Albigny, directeur de l'Imprimerie Centrale de l'Ardèche à Privas et fondateur de la revue. Il y raconte aussi ses premières excursions au Mézenc.
En 1853, en compagnie de jeunes botanistes son but était la connaissance de la flore locale. Ils ont tellement marché (douze ou quatorze heures par jour) pendant une semaine que leurs chaussures furent « effondrées, usées ». Le retour c’est fait en voiture (hippomobile) avec conducteur, et quelques frayeurs… sur une « route à pic sur un immense ravin »… (vallée de la Vocance).
La deuxième, en 1863, était solitaire. L’aventure commencée à Saint-Martin-de-Valamas s’est faite avec un cheval loué chez un aubergiste du bourg. La première chevauchée l’a conduit, par Arcens, Saint-Martial, le Gerbier jusqu’au Béage pour « dîner et coucher ». L’excursion de trois jours lui permit de découvrir le Lac d’Issarlès, la Chartreuse et le Mézenc d’où il avait « exploré longuement ce merveilleux panorama circulaire, dont l'œil pénètre les profonds lointains du haut de ce superbe observatoire, et emporté de cette nouvelle visite à ces lieux élevés, une grande joie du corps et de l'esprit... »
La troisième, en août 1881, était organisée pour le Club Alpin dont il était le président. Le parcours et l’emploi du temps ont été particulièrement étudiés et des voitures attendaient les marcheurs aux points d’arrivée des parcours pédestres. Voici le programme de la première journée, le dimanche 7 août, pour la caravane de Vals :
- A 6 heures précises du matin, rendez-vous à l’hôtel Durand.
- A 6 h 30 départ pour Mézilhac (25 kil.), trajet en 4 heures.
- 10 h 30. Arrivée à Mézilhac, déjeuner à 11 heures.
- 2 heures du soir. Départ pour Lachamp-Raphaël (6 kil).
- 2 h 45. Arrivée à Lachamp-Raphaël, et départ pour la ferme de Bourlatier.
- 4 h 13. Bourlatier ; là on laisse les voitures et l'on part à pied ou à cheval pour le Gerbier-de-Joncs (45 minutes), où l'on arrivera à 5 h. Ascension, 15 minutes. Séjour, 30 minutes.
- 5 h 45. Descente sur Ste-Eulalie en passant par les sources de la Loire (1 h. 15).
- 7 h. Arrivée à Ste-Eulalie. Dîner. Repos jusqu'à minuit 30.
Et à minuit 30, c’est le départ, à cheval, pour le Mézenc. La caravane d'Annonay, partie de Fay-le-Froid à minuit 30, y a rejoint celle partie de Vals. Cette dernière rejoindra Vals le mardi 9 août 6 heures du soir. L’heure d’arrivée de la seconde caravane n’est pas indiquée, le narrateur suivait celle de Vals.
Quel était l’équipement des excursionnistes ? Y avait-il des femmes ?
A suivre…
1 La section du Velay-Mézenc a été créée en juillet 1888.
2 Les voitures, bien sûr hippomobiles, nécessitent parfois, comme à Laviolle, qu’un cheval de renfort soit attelé en tandem devant les deux chevaux d’un landau. Entre Mézilhac et Lachamp-Raphaël il en avait fallu deux.
3 Si la route de Bourlatier à Sainte-Eulalie existait, celle conduisant au Gerbier n’était qu’à l’état d’ébauche jusqu’à la ferme de Clapas.
4 La date choisie pour cette excursion était « aussi proche que possible de la pleine lune… »
Affiche du constructeur Lelorieux-Frères. BnF Gallica. Le landau est une voiture attelée à quatre roues et quatre places en vis-à-vis, plus deux strapontins, à double capote mobile. Il peut être attelé à un, deux ou à quatre chevaux. « C'est une évolution de la calèche dans le sens de l'élégance et de l'aspect pratique ».
Une excursion à Royat, dans le Pays des puys, en 1900 (source Wikipédia). Cette excursion semble plus « touristique » que celle organisée au Mézenc. La station thermale de Royat, d’un passé antique, a commencé à rayonner à partir du milieu du XIX° siècle.
Jean-Claude Ribeyre