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Douglas et coupes rases

Dans le dernier numéro de ruedespuces, Christiane Behnke a déploré la destruction du paysage par les coupes rases. Les bois de douglas qui nous entourent ont souvent été plantés dans les années 60 ou 70 avec des subventions de l'état. Ces arbres sont arrivés à un stade où leur exploitation est rentable d'autant plus que ces dernières années, la demande est grande.

Depuis les années 50 le douglas a envahi la plupart des forêts françaises. Cet arbre pousse vite et a un bois résistant, il est souvent cultivé de la même façon que dans l'agriculture : On plante, on laisse pousser le moins longtemps possible et on récolte. C'est la raison pour laquelle le douglas a tendance à remplacer les autres essences.

Dans un soucis de rentabilité, il est évidemment plus intéressant de pratiquer des coupes rases avec du gros matériel adapté à cette exploitation, même dans nos contrés où les pentes abruptes sont un problème d'accessibilité.

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Ces coupes rases sont pratiquées aussi bien dans les forêts gérées par l'ONF que dans les forêts privées. La gestion dans les forêts privées est en général confiée à des coopératives forestières qui ont acquis ces dernières années une situation de monopole sur l'ensemble de la filière bois : production de plans, conseil et conduite des travaux, commercialisation. Ces coopératives ont donc un grand intérêt à préconiser des coupes rases afin de mieux vendre ensuite des travaux de plantation. D'ailleurs, on peut constater dans la coupe rase décrite dans l'article du mois de mai « Joies et peines d'une randonneuse » qu'au milieu du champ de bataille laissé sur place, des résineux (certainement des douglas) ont été plantés.

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L'article L124-6 fixe une obligation de reconstitution du peuplement au plus tard 5 ans après la coupe rase.

On peut déplorer qu'à des fins de rentabilité les anciennes forêts soient remplacées petit à petit par une invasion du douglas. La particularité des résineux est par ailleurs d'appauvrir la fertilité du sol, les aiguilles de pin se décomposent très lentement, elles mettent en moyenne sept ans pour disparaître et donnent un humus acide qui entraîne un appauvrissement en chaîne de tout le milieu, moins de verres de terre et moins de bactéries. Le sol se stérilise peu à peu. On peut ainsi observer que dans les forêts de douglas les insectes et les oiseaux sont absents.

On soupçonne également les résineux, par l'acidité qu'ils provoquent d'être responsables de la détérioration de la qualité des eaux potables, surtout lorsque les captages sont à proximité de ces forêts. La disparition des poissons dans nos rivières est aussi parfois attribuée à cette acidité., bien que le recul manque pour désigner le douglas comme seul responsable.

Dans l'imaginaire collectif, planter un arbre est associé à une bonne gestion forestière, en réalité, dans une forêt bien gérée, pas besoin de planter des arbres. Le fait de couper les plus grands arbres arrivés à maturité, ouvre un puits de lumière qui permet aux jeunes pousses du sous bois de prendre le relais.

Les coupes rases, pratiquées, surtout les dernières années, ne contribuent pas seulement à la détérioration de nos beaux paysages, mais sont aussi la cause de la perte de la biodiversité. Ceci est le prix à payer dans une société moderne où la rentabilité est un facteur déterminant de l'économie.

François Champelovier

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