Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Philomène Magnin :

 

 

Philomène Magnin, personnage connue pour être à l'origine des EHPAD, née à Lyon. Elle est enterrée au cimetière de Saint-Martin de Valamas.

philomene manien 1.jpg

 

Elle est la fille de Claude et Emilie Philomène Hilaire.

Certains saint-Martinois et Saint-Martinoises se souviennent encore avoir entendu parler de Philomène par leurs parents.

 

Nous reproduisons ici un article du Dauphiné Libéré rédigé par Jean Dussaud :

 

C’est un livre écrit par Michel Loude, aux éditions Jacques André. Il retrace l’action de Philomène Magnin à Lyon auprès des plus grands, en faveur des plus nécessiteux.

Issue d’une famille des environs de Saint-Martin-de-Valamas par sa mère, elle-même petite bergère à 5 ans, taillable et corvéable à merci, ne sachant ni lire ni écrire qui a réussi à «s’expatrier» à Lyon en quête d’un sort meilleur. Philomène a dès son enfance en 1905 connu la précarité. Orpheline de père en 1911, commence pour elle le dur apprentissage de la vie. Dès son entrée à l’école des religieuses, elle a eu à subir les vexations et les insolences des enfants de famille plus huppées. Elle en gardera un sentiment indélébile d’injustice et de révolte. Sa mère, solide paysanne, travaillait dur pour la maintenir à l’école tout en lui communiquant une foi irradiante qu’elle a gardé sa vie durant. Appartenir à la communauté chrétienne était vital pour Philomène. Elle y puisait une force, un rempart, même si son charisme n’était pas celui des bigots. Son christianisme était de fraternité, de social, de lutte contre l’injustice, d’actions pratiques en faveur des pauvres gens, tout en aimant la fête au «patro» où elle apprenait le chant et la comédie.

Adolescente militante et responsable

A 14 ans, elle débute dans la vie professionnelle. Elle assiste à des conférences concernant la vie syndicale sur le thème : « les femmes exploitées dans le monde du travail ». Enthousiasmée, elle adhère à 15 ans à la CFTC. Son crédo est la lutte pour se former et se battre, mais encore s’instruire, comprendre,  progresser. De 1919 à 1944 elle engrange les connaissances, défend les intérêts des «dévideuses en soierie», réclame de meilleures rémunérations, essaie d’obtenir une convention collective. Philomène se jette dans les textes de lois, épluche les codes, ses interventions syndicales sont appréciées et le patronat apprend à la connaître. Elle devient peu à peu une femme publique par son dévouement, sa droiture politique et sa disponibilité.

Après la Libération, elle est élue au conseil municipal de Lyon puis au conseil général du Rhône. Son infatigable action s’oriente surtout vers les chômeurs, les orphelins et les vieillards dont la situation est très souvent catastrophique. Elle devient adjointe au maire et administrateur des hospices civils de Lyon. Soutenue par le président Edouard Herriot, elle conçoit l’idée de maisons de retraite pour ces personnes âgées qu’elle voit humiliées et esseulées. Elle crée la toute première : «Ma demeure» pour recueillir, soigner et nourrir tous ces concitoyens qu’elle dit : «avoir le droit de vieillir dignement». «Ma demeure» sera désormais une référence dans le domaine de l’accueil des personnes âgées. Ce sera l’aboutissement de la grande œuvre de toute sa vie.

Son action publique fut un sacerdoce au service des autres. Elle mourut en 1995 et repose au cimetière de Saint Martin de Valamas.

 

En complément de cet article, nous publions un document de Michel Loude de 2004 « L'aube des citoyennes »  (Michel Loude est écrivain et biographe de Philomène Magnin)

 

En 1919 elle adhère à la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC), qui vient d’être fondée.

 Elle suit les cours de formation donnés par La Chronique Sociale et par l’Ecole Normale Ouvrière de la CFTC.

 En 1924 elle secrétaire de la section « employés de commerces » du syndicat.

 En 1936 elle est déléguée syndicale et devient membre de l’Union Départementale du Rhône de la CFTC.

 Atteinte de la tuberculose, elle est contrainte de se reposer quelques mois.

 En 1935 elle trouve un emploi au journal de la basilique, L’Echo de Fourvière (1953-1943), puis au magasin de l’Œuvre de Fourvière.

 Pendant la guerre elle fait partie du Comité de Coordination d’Action Chrétienne (CCAC), membre de la Résistance.

 En 1944, elle est désignée par la CFTC comme membre du Conseil municipal provisoire de Lyon présidé par Justin GODARD.

 En 1945 elle est élue conseillère municipale de Lyon et le reste jusqu’en 1977, en charge des affaires sociales.

 Elle est administratrice des Hospices Civils de Lyon de 1944 à 1959.

 Elle est conseillère générale du Rhône de 1945 à 1949. Aux élections de 1949 elle refuse certaines voix de la Droite locale et est battue. Elle redevient conseillère générale de 1961 à 1985.

 Elle devient aussi conseillère à la Communauté Urbaine de Lyon de 1969 à 1977 et conseillère à la Région Rhône-Alpes de 1973 à 1976.

 Chargée des questions sociales, elle innove avec Ma Demeure, une maison de retraite constituée d’appartements pour personnes seules ou en couple et de services communs, pour les soins, la restauration, les loisirs, maison qui servira de modèle pour l’hébergement des personnes âgées. Cette réalisation fut la première maison de retraite médicalisée en Europe.

 Elle participe durant sa carrière publique à la mise en œuvre des politiques d'aide sociale à l'enfance, de réinsertion sociale des jeunes ou des adultes, etc.

 Son expérience des combats des femmes l’amène à prendre des positions audacieuses contre l’opinion parfois de son électorat et du monde catholique. « Il fallait une dose impressionnante de courage pour cautionner, dans les années 70, les projets du planning familial, les lois Neuwirth sur la contraception, les lois Weil sur l’avortement » (LOUDE, p.116).

 Elle se retire en 1983 à Ma Demeure où elle meurt en 1996.

 Par son itinéraire et son action, elle représente cette part des « chrétiens sociaux » du diocèse, qui ne sont pas issus de la bourgeoisie lyonnaise et qui partagent avec d’autres, « qui ne croient pas au ciel », la volonté de réduire les inégalités sociales et de bâtir une humanité plus fraternelle.

 

Une rue de Lyon ainsi qu'un lycée portent son nom. A quand une rue Philomène Magnin à Saint-Martin-de-Valamas ?

 

Merci à Georges Verat pour nous avoir signalé ce fait et pour son aimable collaboration et à Jean Dussaud qui nous a permis de reproduire son article.

Les commentaires sont fermés.