Le guide Johanne (par exemple celui de 1874) propose des conseils sur la façon de voyager.
Si les chemins de fer étaient « en France, comme dans tout le reste de l'Europe, le mode de transport le plus prompt, le plus sûr, le plus commode et le moins coûteux », les voitures de correspondance que l’on pouvait prendre lorsque l’on quittait le chemin de fer étaient décevantes. Le guide expose que « sauf sur certaines lignes importantes, ces voitures, indignes du nom de diligences, laissent généralement tout à désirer. On n'y a jamais, même dans leurs prétendus coupés, la place nécessaire; elles sont trop souvent dures et malpropres ».Les voitures particulières « avec lesquelles on peut faire 50 kil. par jour en moyenne » sont plus confortables. Le voyage à pied est jugé comme « le mode de locomotion le plus intéressant, le plus utile, le plus indépendant, le moins fatigant et le moins coûteux » qui a aussi des « effets surprenants sur la santé de l’âme et du corps… ».
Pour voyager à pied :
- diminuer son bagage de poids et de volume afin qu’il pèse 6 ou 8 kilogrammes au plus,
- utiliser un havresac, semblable, pour la forme, à un sac de soldat,
- avoir des vêtements en laine (aussi des chaussettes de laine pour ne pas avoir d’ampoule)
- chausser de bons souliers, à la semelle épaisse, et garnis de gros clous.
- graisser ses pieds avec du suif, ou mettre, le soir, ses pieds dans un mélange d’eau tiède et de vin ou d’eau-de-vie, lorsqu’on est fatigué.
- etc.
Utiliser les transports dans les Boutières
Il y a peu d’informations sur les moyens de transports et le tourisme en Boutières au début du XIX° siècle. L’état des routes et des chemins est très médiocre, les déplacements se font à pied ou à cheval et les transports à dos de mulets.
Quelques points de repère :
- En 1827 un service de diligence Aubenas-Privas-Valence est mis en place. Il faut quatorze heures d’Aubenas à Valence. Neuf heures de Valence à Privas.
- En 1835, une route de poste rejoint Le Cheylard par Saint-Péray et Vernoux(1) mais ne pénètre pas dans les hautes Boutières.
- En 1845, une diligence assure tous les jours des trajets entre Annonay à Saint-Etienne. Départ à 4 heures précises, trajet en 5 h 1/2, prix 3 francs (Publicité parue dans L’Annonéen Écho de l’Ardèche du 6 juillet).
- Les transports Ginhoux proposent un service de poste et de voyageurs entre Aubenas et le plateau ardéchois de 1845 à 1919.
- En 1858 le Conseil général de l’Ardèche reconnaissait que « la circulation est assez active, ici, sur plusieurs routes qui sont parcourues par des diligences et un roulage régulier » et affirmait que « le chemin de fer de Lyon à la Méditerranée a donné une nouvelle importance aux principales routes qui lui sont presque toutes perpendiculaires(2) ».
- La mise en place de la malle poste des Cévennes reliant Aubenas au Puy a fait l’objet d’un article dans le Journal d’Aubenas du 5 mai 1896 : « la voiture est des plus confortables, attelée de 3 superbes chevaux. C'est une bonne fortune exceptionnelle pour les touristes qui voudront visiter les sites merveilleux de nos Cévennes : La forêt de Mazan, le lac d'Issarlès, le Mézenc, le Gerbier des Joncs, etc. »
Le tourisme de la Montagne ardéchoise s’est surtout développé à partir de la région d’Aubenas et c’est depuis la Haute-Loire qu’il continuera sa progression avec une liaison entre Saint-Agrève et Les Estables, en contournant les Boutières qui manquent de routes… pour accéder au Gerbier et au Mézenc.
A suivre….
(1) - Les routes de poste disparaissent en 1873.
(2) - On peut repérer des anciens relais de poste ou de diligence dans les vallées de la Vocance et de l’Eyrieux.
Carte générale des postes et des routes de la France : indiquant les bureaux de poste aux lettres et aux chevaux de Charles Monin éditée en 1835. Un bureau de poste existait au Cheylard.
Carte postale Margerit-Brémont. Collection l’Ardèche illustrée. Mézilhac - L’hôtel Laffont au passage des touristes. On peut lire Syndicat d’Initiative du Vivarais sur la carriole de droite. L’assemblée constitutive de ce syndicat a eu lieu en 1904. La carte à été postée en 1911.
Jean-Claude Ribeyre