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Des autobus réguliers et saisonniers

 

 

Le début du XIX° siècle est marqué par plusieurs évènements, l’arrivée du train, la création de syndicats d’initiative et la mise en place de lignes de transport, qui ont contribué au développement du tourisme en Ardèche, mais pas forcément en Boutières.

 

Plusieurs constructeurs proposaient leurs véhicules pour des lignes de transports et différents essais(1) ont été réalisés pour en montrer les avantages. La concurrence semblait rude. La Cie Orion de Marseille(2) et la société F Guillierme(3) de Paris étaient sur les rangs pour des essais autour d’Annonay en 1907 pour la première et en 1908 pour la seconde. Elles assuraient aussi une présence sur le terrain et leurs actions pourraient s’inscrire dans l’idée de lobbying d’aujourd’hui. 

 

Le compte rendu d’une réunion du Syndicat d’initiative du Vivarais, paru dans le Journal d’Annonay du 7 septembre 1907, informait de la présence de la Cie Orion : « La Compagnie Orion, de Marseille, dont nous avons raconté les essais de transport dans notre région, avait gracieusement mis à la disposition des membres du Syndicat de notre région, un élégant et confortable autobus(4). L'état des routes qui, pour la plupart, sont très mal entretenues dans le Haut-Vivarais, fait l'objet d'une longue discussion ». Cette compagnie a fait « des expériences transports par camions automobiles » au début de l’année et des essais de transport de voyageurs ensuite. Pendant une semaine, à la fin du mois d’août(5), « chaque après-midi, et quelquefois le matin, soit deux voyages dans la même journée, une voiture coquette et très confortable, toujours pleine d'invités a fait le trajet entre ces deux localités [Annonay et Lalouvesc], mettant en moyenne de l h 35 à 1 h 55 pour l'aller et 1 h 20 pour le retour ».

 

On relève dans le Journal d'Annonay du 8 août 1908 : « Lundi, M Cardinal(6) invitait gracieusement la presse à un voyage à Lalouvesc par Saint-Félicien. Cette promenade, charmante, s'est effectuée dans les meilleures conditions…. Mardi, l'autobus faisait un voyage à Privas. Dans la voiture avaient pris place M le Maire et ses adjoints, M. Gaston Nicod, conseiller général, etc., qui allaient rendre visite à M le Préfet ». Pendant les essais « une voiture de 20 chevaux a souvent transporté 26 à 38 personnes au lieu de 18 places quelle doit normalement contenir »(7).

La société Guillierme s’est surtout imposée dans le bas Vivarais avec la Société des Autobus du Bas-Vivarais (ABV), mais on retrouve ses autobus sur d’autres lignes ; celle des Autobus Drôme-Ardèche ayant une station à Saint-Sauveur-de-Montagut et une desservant les gares du Teil et de Montélimar à partit de 1909 (8).

Le Journal d'Aubenas du 7 novembre 1908 annonçait « un service régulier et rapide d'autobus destiné à relier Montpezat à Aubenas et à St-Cirgues vient d'être installé par les soins de l'importante Maison F. Guillierme, constructeur à Paris ». Le Syndicat d’Initiative émettait un vœu pour que l’autobus passe au Gerbier.

Début juillet 1909, ce syndicat et la Cie de Chemins de fer départementaux annonçaient : « un service de voitures entre Saint-Agrève et les Estables (au pied du Mézenc) aura lieu toutes les semaines pendant les mois de juillet et août. Ce service sera assuré par les soins de M. Paillaud, concessionnaire. Il correspondra aux Estables avec le service du Puy à Vals, par le Gerbier-de-Joncs et le lac d'Issarlès ».

8-l-autobus-du gerbier-sagnas.jpg

 

Une carte postale publiée par l’éditeur Margerit-Brémont du Puy a immortalisé « La montée de l’autobus du Vivarais » devant la ferme de Sagnas. 8-l-autobus-du gerbier-lachamp.jpgElle a été publiée en noir et blanc, sépia, bleu et colorisée et sa cote chez les revendeurs de cartes postales oscille, suivant le modèle, de 2,5 à 60 euros. L’éditeur a publié d’autres cartes postales, aussi recherchées par les collectionneurs, montrant différents arrêts de l’autobus.

 

Le Syndicat d’Initiative du Vivarais était satisfait par la présence des touristes puisqu’il déclarait dans Le Journal de Tournon du 24 octobre 1909 : « Pour la première année que les lignes d'autobus fonctionnent d'une façon régulière en nos pays, les résultats ont dépassé les espérances ; et les voitures ont été insuffisantes, en nombre, pour la clientèle à transporter. Tout en faisant leur saison, les baigneurs et buveurs d'eau veulent aller voir nos beaux paysages, vallées pittoresques, gorges sauvages et profondes, volcans et sommets imposants, merveilleux belvédères ; ils tiennent aussi à respirer à pleins poumons, le grand air, l'air pur de nos montagnes ». Il demandait même, en 1911, à la société ABV de prolonger jusqu’à fin septembre le service d'Aubenas au Cheylard, « vu le nombre de touristes qui parcourent encore le département ». Cette ligne proposait un service d'été trihebdomadaire en 1906.

 

Après une association avec une autre entreprise, la société des Autobus du Bas-Vivarais disparaît définitivement en février 1930, la Société des Transports Départementaux prend sa suite (Journal de Privas du 8 février).

Jean-Claude Ribeyre

 

A suivre…

 

Maquette de l’autobus de Vivarais : https://forum-auto.caradisiac.com/gallery/album/27634-autobus-vivarais/

 

Notes

 

1 - Un essai de Train Renard (train sur route) a eu lieu entre Annonay, Quintenas et Lalouvesc le 30 juin 1907 sur une ligne de transport projetée. Il a été sans suite ; la vitesse du véhicule n’était que de 15 km/h. On testait aussi des « autobus à chaîne ».

2 - Nous n’avons pas d’information sur cette société qui avait un représentant exclusif à Annonay : monsieur Perrin, carrossier, place du Champ-de-Mars.

3 - F. Guillierme, ingénieur spécialiste dans la construction des autobus et des voitures de livraison demi-lourdes et légères (Le Figaro du 25 décembre 1908. Le salon de l'automobile n°11). M. Fallières, Président de la République en visite au salon, l’a vivement félicité pour son type d'autobus léger destiné au service Saint-Ouen-Porte-Maillot. Il équipait aussi d’autres lignes.

4 - Le Car alpin signalé dans l’article était probablement celui construit par Berliet et proposés dès 1907.

5 - Le Journal d’Annonay du 31 août 1907.

6 - « .. le sympathique agent commercial des autobus F. Guillierme.. » lit-on dans l’article.

7 - Le Décret concernant la réglementation de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique du 27 mai 1921 promulgue enfin ce qui sera appelé le Code de la Route.

8 - Mais un auteur signale : 1919. Chauffeur des premiers autobus sur la ligne St-Sauveur-St-Fortunat-Valence. Un Ardéchois raconte : de tout, un peu. Marcel Charrière. 1979.

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