Quand les éditeurs de cartes postales s’improvisaient cartographes, il pouvait y avoir des surprises ! La carte postale ci-dessus, Les routes du Gerbier, publiée en 1974 par les éditions J Cellard de Bron, montre qu’à cette époque l’accès au Mézenc et au Gerbier-de-Jonc n’était pas imaginé par les Boutières. Quelle surprise aussi de voir St-Martial conduisant au cul de sac de Borée ! Le Cheylard et Saint-Martin ne sont même pas représentés.
Pourtant les routes d’accès au Gerbier étaient réalisées et le Syndicat d’initiative du Vivarais considérait depuis longtemps que la D 237 était « une route pittoresque qui permettait [depuis le Gerbier] de regagner la vallée du Rhône, par les vallées de l’Eysse et de l’Eyrieux… ». A la même époque, il signalait aussi dans la présentation de Saint-Martin-de-Valamas contenue dans ses publications : « les nombreuses excursions, dont celle de Rochebonne, du Mézenc par Borée, et du Gerbier-de-Jonc par St-Martial ». La route du Gerbier par St-Martin était encore une jeune route (elle a été terminée et inaugurée en 1932) qui n’avait peut-être pas encore « fait ses preuves » dans la conscience collective… Elle n’était pas dans les itinéraires touristiques et l’emprunter pour aller au Gerbier ou en venir n’était qu’une possibilité. Même l’itinéraire dit « nouvelle route des Crêtes » présenté dans le Guide officiel de l’Office départemental du Tourisme de l’Ardèche de 1974 évitait la vallée de L’Eysse pour y accéder.
Des efforts ont cependant été faits pour montrer l’intérêt touristique du canton de St-Martin et de cette route. Un long article de presse du 21 juin 1950 titrait « Saint-Martin-de-Valamas « perle » du haut Vivarais » (1) et un autre du 2 janvier 1952 décrivait la vallée de l’Eysse ainsi : « La route que l’on emprunte, pour faire cette excursion [au Gerbier], est des plus belles du Massif Central. Dès la sortie de Saint-Martin, elle s’enfonce dans la vallée de l’Eysse, riante et boisée, et s’élève jusqu’à Deux-Eaux en pente douce… ». Un syndicat d’initiative était en gestation après l’élection d’un nouveau maire, en mai 1953.
Il y a quelques années l’idée de « faire descendre les touristes du Gerbier vers la vallée de l’Eyrieux » était en discussion entre élus, avant qu’un nouveau découpage des communautés de communes ne vienne scinder en deux la vallée et mette le Gerbier dans la Montagne ardéchoise et St-Martin dans la Val’Eyrieux.
Jean-Claude Ribeyre
1 - L’expression « perle du haut Vivarais » (ou « la Perle de nos Boutières ») est attribuée (suivant une coupure de presse de 1967) à Jean Laffont qui fut, entre autre, président du SI de St-Martin.