Cet été 2023 (et début d'automne) est une occasion propice pour rappeler quelques événements qui se sont déroulés au siècle dernier et qui ont ont donc leur anniversaire dans la période que nous traversons.
Il y a 60 ans, en 1963
Orage et crue du 3 août : cet épisode climatique a déjà été évoqué dans le blog, mais il n'est peut-être pas inutile d'y revenir pour ceux qui ne l'ont pas vécu: ce 3 août, donc, après deux jours de pluies abondantes, mais non exceptionnelles, les rivières étaient en crue, mais là non plus sans excès, mais vers 15 heures, changement de régime: la pluie ne redoubla pas seulement d'intensité, mais le ciel sembla se décharger d'un coup d'un trop-plein: c'étaient dorénavant de véritables seaux d'eau qui se déversaient, au point d'empêcher toute sortie !. Les rues , avec 20 ou 30 centimètres d'eau , étaient transformées en ruisseaux, les ruisseaux en rivières, les rivières en fleuves. Cet orage ne dura qu'une heure, mais les dégâts furent considérables: maisons inondées, véhicules et bétail emportés, routes défoncées, murs écroulés....Le plus grave eut lieu sur le secteur aval du Doux, près de Tournon, où l'on déplora plusieurs morts dans les campings riverains. A Saint Martin, une plaque rappelle cet événement sur une pile du pont de la Condamine. Cet orage et cette crue sont restés dans les mémoires, et aucun épisode pluvieux ultérieur n'a atteint cette ampleur ou cette intensité
le 10 octobre 1963 , Edith Piaf s'éteignait à son domicile du boulevard Lannes, à Paris (en réalité, dans sa résidence des bords de la Méditerranée, mais le corps fut transporté dans la nuit). L'émotion fut considérable en France (mais aussi à l' étranger), en raison de l'immense popularité de la chanteuse. Les obsèques, aux allures de funérailles nationales, eurent lieu le 14 octobre, et 500 000 personnes se massèrent sur le passage du cortège entre le domicile de l'artiste et le cimetière du Père Lachaise, qui fut envahi par quelque 40000 personnes , dans une cohue indescriptible.
Il y a 50 ans , en 1973
Le 11 septembre: coup d'État militaire au Chili. L'Unité populaire (coalition des partis de gauche) était alors au pouvoir dans le pays, avec à sa tête le président Salvador Allende. Au matin du 11 septembre, donc, l'armée donna l'assaut au palais présidentiel de la Moneda, assaut durant lequel le président Allende perdit la vie, tout comme des centaines de militants de gauche. La répression fut féroce: des milliers d'arrestations, les prisonniers étant souvent parqués dans ces stades, torturés. La CIA fut impliquée dans le coup d'État, sa préparation et le soutien à l'armée, alors conduite par le général Pinochet. Si l'émotion fut considérable dans le monde, la mobilisation populaire internationale ne put faire reculer le régime militaire, qui n'osa toutefois pas s'en prendre au poète Pablo Neruda, de renommée internationale. De nombreux chiliens prirent alors le chemin de l'exil, vers l'Europe notamment. Le régime militaire perdura jusqu'en 1990.
« L'affaire LIP » en fait, c'est là le nom qu'avait donné la presse à un des plus importants mouvements revendicatifs de l'après-guerre, un des plus innovants en tout cas.. Rappelons d'abord que LIP était une entreprise fabriquant essentiellement des montres (fort réputées), sise à Besançon.
Le 10 juin 1973, lors du comité d'entreprise, les salariés apprennent les projets de la direction concernant l'évolution des effectifs, à savoir 480 licenciements. Aussitôt, les employés décident d'occuper l'usine et de mettre en lieu sûr un stock de 25000 montres.
Le 15 juin, une manifestation de soutien aux employés de Lip regroupant 1500 personnes est organisée à Besançon
Le 18 juin, la chaîne de production des montres est remise en route, sous le contrôle des travailleurs, avec le slogan : « on fabrique, on vend, on se paie »; aussitôt, des commandes affluent de toute le France. Mais le 11 août, sur ordre du gouvernement, l'usine est envahie par les CRS (qui y resteront jusqu'en février 1974). De nombreuses usines de la région se mettent aussitôt en grève pour protester contre ce coup de force , tandis que des affrontements se produisent entre manifestants et forces de l'ordre. La production de montres reprend alors hors de l'usine, alors que la popularité du mouvement s'amplifie.
Le 29 septembre, une manifestation regroupe à Besançon sous une pluie battante environ 100 000 personnes, soutenue notamment par la CFDT, le PSU, la LCR, avec de nombreuses délégations étrangères .
Le mouvement se poursuivit durant tout l'hiver, jusqu'au 29 janvier 1974, date à laquelle un accord de reprise par une société fut signé à Dôle et qui prévoyait la reprise de 850 employés.
Gilbert Verdier