Durant des années de reconstruction du pays, puis d'expansion et de développement, l'univers du livre et de la presse n'avait pas l'ampleur qu'il a aujourd'hui. Mais l' accès du public à la lecture s'articulait déjà autour des magasins de presse, des librairies et des bibliothèques (celles-ci étant moins développées que de nos jours). C'était aussi le cas à Saint -Martin.
- LA PRESSE le magasin de presse était alors installé au n°35 de la rue de la Poste, avant de déménager quelques années plus tard (vers 1970) au n°25 de cette même rue, donc juste à côté). A cette époque, les titres de presse n'étaient pas aussi nombreux et variés qu'aujourd'hui, mais couvraient toutefois un large éventail de préoccupations; l'actualité journalière était traitée soit par des quotidiens nationaux plus nombreux à l'époque qu'actuellement (citons parmi les plus connus: le Figaro, le Monde, l'Aurore , Combat, France-soir et parfois l'Humanité -surtout vendue par abonnement ). Peu de ces quotidiens ont survécu jusqu' à nous, mais ils étaient peu lus dans nos campagnes. La presse régionale quotidienne, nettement plus prisée, était représentée déjà par le "Dauphiné Libéré" largement dominant, issu de la guerre, et son concurrent "le Progrès" de Lyon, lu surtout en été par les vacanciers lyonnais venus se ressourcer au pays.
Les hebdomadaires approfondissaient les sujets; existaient déjà Le Canard enchaîné, l'Express, le Nouvel observateur- tous deux engagés contre la guerre d'Algérie-, Paris-Match ou encore Jours de France qui faisaient les beaux jours des salons de coiffure. L'Equipe traitait des sports bien sûr et Télé 7 jours et Télé -poche des programmes TV. L'actualité religieuse se lisait dans le Pèlerin ou la Vie catholique, tous deux d'obédience catholique, mais avec des options sensiblement différentes et surtout pour l'Ardèche un hebdo « Terre vivaroise » qui a perduré jusqu'à nos jours et est devenu "l''Hebdo de l'Ardèche". Et il serait injuste d'oublier le Chasseur français qui n'était pas lu que par les chasseurs...
La presse enfantine existait bien sûr, avec des titres qui pouvaient aller du médiocre à l'excellent, notamment des illustrés faisant une large place à la bande dessinée, considérée alors comme uniquement destinée aux enfants. Citons « Mickey », avec ses personnages venus des USA: Mickey, Donald ou Picsou; « Pif », qui était dans le giron de la presse communiste; » Fripounet et Marisette »; « Coeurs vaillants » et bien sûr les deux grands rivaux franco-belges « Tintin » et « Spirou ». Enfin, dans les années 60, un titre qui allait bousculer la BD, en la considérant comme étant désormais destinée aux adultes: « Pilote »!..
Enfin, dès le début des années 60 également un titre nouveau apparut dans les kiosques, destiné aux ados, et qui connut un succès fulgurant et considérable: c'est bien évidemment « Salut les copains », dont les pages étaient consacrées aux jeunes vedettes de la chanson d'alors, dites « yéyé »: Johnny, Sheila, Sylvie Vartan, Adamo, Françoise Hardy...
- LE LIVRE: on pouvait trouver évidemment des livres à acheter, souvent dans des collections de poche, telles que « Le livre de poche » pour les classiques et les auteurs anciens confirmés; le « Fleuve noir », très productif, mais souvent de qualité médiocre, pour le policier et l'espionnage (alors très en vogue) ou encore la fameuse « Série noire », avec des auteurs de meilleure tenue... Mais à Saint-Martin de Valamas, point de grande librairie, ni dans les alentours, d'ailleurs. Pour en trouver une, il fallait aller au Puy, à Aubenas, à Valence. Le choix sur place était donc fort limité. Pour des ouvrages de qualité, il restait la solution de s'adresser à la « Bibliothèque paroissiale » déjà sise au n°17 de la place de la mairie. Bien évidemment , elle était liée à l'Eglise catholique, mais tenue par des laïcs. Malgré cette obédience marquée, le choix des ouvrages était assez conséquent pour satisfaire un large éventail de la population. La jeunesse pouvait également y trouver son compte, avec des albums illustré ou des bandes dessinées. Nombreux d'ailleurs sont les Saint-Martinois à avoir fouillé et pioché dans les rayons de cette bibliothèque: elle fut ainsi le lieu où les habitants purent ainsi accéder au livre durant de nombreuses années(1).
Lire était donc un désir qui pouvait être satisfait dans la commune, même si c'était de façon limitée, en comparaison des villes ou de notre époque , mais Saint-martin , sans être un foyer d'érudition et de savoir, n'était pas un désert culturel.
(1)La bibliothèque paroissiale, devenue ultérieurement « Bibliothèque populaire », consacrant ainsi l'affaiblissement du poids de l'Eglise, a définitivement fermé ses portes en octobre 2021, devant la concurrence de la Médiathèque des Boutières.
Gilbert Verdier
Remarque :
Lors de la création de la médiathèque, il avait été proposé à la "Bibliothèque populaire" de s'associer à ce projet afin de pouvoir bénéficier du prêt de livres de la bibliothèque départementale. Ceci n'avait pas pu être possible. Aussi, pour ne pas faire concurrence à la "Bibliothèque populaire" la nouvelle pris le nom de « Médiathèque ».
François