En hiver, lorsque tout repose
Et que la neige a refleuri
De blanches pivoines écloses
Les arbres les plus rabougris,
Nul son ne parvient de la route...
L'écho des pas s'étouffe au loin...
Dans l'ombre, se lèvent sans doute
De vieux rêves morts en chemin...
Mais si tu te recroquevilles
Près de l'âtre où rougit le feu,
Si, du passé, les escarbilles
Font seules reluire tes yeux,
Tu ne verras pas apparaître
Les dragons ailés du couchant...
Ni scintiller les bois de hêtres !
Entendras-tu craquer les champs
Et le vent jouer de la vielle ?
Au dessus des monts imprécis,
Comme de roses caravelles
Les nuages voguent aussi,
A la recherche d'une escale,
D'un lointain port silencieux
Où les attendrait la Vestale
Qui garde les phares des cieux...
Hélène Cheynel (L'Herbier du temps)