Notre localité a connu tout au long du XIXe et du XXe siècle des poètes et des écrivains qui ont chanté ce pays des Boutières, en publiant recueils et livres que l’on peut encore découvrir dans certaines bibliothèques publiques ou privées.
Henri Lafayolle – Descendant des notaires Soulier-Lafayolle et l’illustre famille des Blanc de Loire, habitant une maison sur la place de Saint-Martin. C’est là qu’il a reçu en 1875 Albin Mazon, l’auteur de la Notice sur Saint-Martin-de-Valamas éditée d’abord dans la Gazette d’Annonay puis publiée à cent exemplaires en 1896. Henri Lafayolle fut dans ce dernier quart du XIXe siècle, juge de paix du canton du Cheylard et adjoint au maire de cette ville. Il habita alors une maison bourgeoise située au quartier de Barruel, à proximité du pont de la gare au Cheylard. Historien, Henri Lafayolle qui détenait de nombreuses archives familiales a publié en 1875 dans l’Annuaire de l’Ardèche une Notice sur le prieuré de Saint-Martin-de-Valamas, un tiré-à-part sera destiné à quelques familles notables de la région. Collaborateur de la Revue du Vivarais fondée en 1893, Henri Lafayolle écrira de nombreux sujets historiques dans les revues régionales et nationales.
Daniel PEYRET était instituteur public à Saint-Martin en 1900. Il publia l’année suivante un recueil de poèmes sous le titre de « Loisirs ». Sans prétention aucune à la célébrité, l’auteur s’est inspiré de sujets divers et familiers comme le pays d’Arcens, Rochebonne, la rivière de l’Eyrieux à Chambaud ou encore les bijoutiers du quartier des chaînes et le vélo à Saint-Martin. C’était l’époque où les Républicains se réunissaient chaque année autour d’un banquet copieux. Daniel Peyret ne manquait pas de déclamer ses vers à la gloire du pays de Saint-Martin.
Henri AULAGNER. Tout près de l’école publique au quartier du Cadet se trouve l’ancienne maison du poète. Une plaque a été apposée au-dessus de la porte d’entrée. Ce poète saint-martinois publia en 1897 « Echos de la nature et souvenirs du siècle ». Henri Aulagner en a puisé les sujets dans la nature et dans les évènements de cette fin de siècle. Tantôt il transporte le lecteur à la chartreuse de Bonnefoy, au Gerbier de Jonc, tantôt il s’exerce à la philosophie ou aux tragiques évènements de la République (assassinat du Président) qui donnent au poète saint-martinois des accents patriotiques. 3 Le Poète a besoin d’amour » dit quelque part Aulagner, sans doute pour expliquer le nombre –mais songeait-il à s'en plaindre – des vers par lesquels il le célèbre.
Célina BLAIZAC – Martine Valmas –Née à Saint-Martin-de-Valamas en 1891 où son père avait un magasin d’étoffes dans la rue du Garail, Célina Blaizac entra à l’Ecole Normale de Privas et sera institutrice à l’école du Bois Lantal à Chanéac de 1913 à 1917. Son amour pour le pays de Saint-Martin lui donna l’idée de rassembler des histoires et des anecdotes racontées par les anciens. Veuve en 1939 de Germain Philibert, elle habita la maison familiale de la rue du Garail où, à la suite de son père, elle a repris le magasin.
En 1961, sous le pseudonyme de Martine Valmas, elle a publié le premier volume de sa trilogie des Boutières : « Les trois amours d’un berger du Mézenc » suivi de « J’irai jusqu’au bout de mes peines ». Ce deuxième ouvrage raconte l’histoire d’une famille paysanne au début du siècle. Initialement intitulé « Lucie des Boutières » cette histoire nous conduit dans la vallée de l’Eysse et a conquis les lecteurs. Martine Valmas a publié en 1967 « Pierres parlantes de nos Boutières », ouvrage consacré aux légendes et traditions du pays. Elle avait commencé une autre étude sur les traditions autour du Mézenc, un projet qui n’a pas vu le jour à son décès en 1978.
Maurice BOUCHET. Né au hameau de la Blachette, Maurice Bouchet est parti très jeune de Saint-Martin pour ses études afin de faire carrière dans l’enseignement privé ayant décidé d'intégrer la congrégation religieuse de Frères Maristes. Professeur de Français au Lycée Montalembert à Toulouse, la nostalgie de son pays natal est toujours aussi présente et dans ses loisirs il écrit plusieurs poèmes dont certains seront primés. Revenu dans son pays natal au début des années 1970, le voilà enseignant à Aubenas et il compose quatrains et contes ardéchois. Elu conseiller municipal de Saint-Martin en 1977, il retrouve Saint-Martin aux réunions du Conseil et n’ayant pas de permis de conduire, c’est en mobylette qu’il fait le parcours Aubenas-Saint-Martin.
De 1977 à 1980 il publiera de nombreux contes dans la revue mensuelle du Coulassou. Maurice Bouchet s’est vu décerner plusieurs prix régionaux pour ses œuvres. En 1980 il a été l’un des quatre co-fondateurs de l’association des Amis de Rochebonne et en sera le président d’août 1980 à janvier 1992.
Marie NORCEN. Elle est née à Saint-Martin-de-Valamas en 1908. Après le décès de son père, sa famille se retrouve à Annonay. Revenue au pays dans les années 1960, elle s’intéresse au parler local et aux traditions. Elle étudie l’occitan et y réussit admirablement, créant même un petit groupe qui se réunit régulièrement pour étudier « le patois » Marie Norcen se verra décerner la Médaille d’Argent de l’Académie des Arts et des Lettres du Périgord. Pendant toute sa retraite elle se consacrera à collecter contes et chansons anciennes, encouragera Sylvette Béraud-Williams, Roger Dugua, Michel Fenard à poursuivre ce qu’elle avait commencé. En 1979 elle a publié à l’imprimerie Chevalier un recueil de Contes et poèmes. De 1977 à 1980 elle a également collaboré à la belle aventure mensuelle du Coulassou. Marie Norcen est décédée en 2000.
Nous ne voulons pas terminer cette chronique sans oublier la publication annuelle de « Les Boutières en histoire » qui depuis 2008 constitue une petite encyclopédie sur la région des Boutières et où Saint-Martin-de-Valamas a été souvent mis à l’honneur par de nombreux auteurs parmi lesquels nous citerons Alain Amsellem, Jean Dussaud, Guy Peillon, Roger Dugua, Georges Vignal, Maxime et Albert Roche….
Roger Dugua