Bien loin des Boutières, mais moins loin que St-Pierre et Miquelon, l’affaire du suicide de l’abbé Chassaing dans le salon de sa maîtresse, Alice Crespy, qui a été accusée de l’avoir assassiné, a défrayé la chronique en 1913. Ce fait divers qui a eu lieu à Agen était encore rappelé, fin 2023, dans le journal Le Petit Bleu d’Anger et il faisait partie de l’exposition « Les archives du crime en Lot-et-Garonne » qui s’est terminée en mars 2020.
Parmi les articles relatant cette affaire j’ai choisi ceux qui ont été écrits par un ardéchois des Boutières et publié dans La Bataille Syndicale Quotidienne. Le premier, du 6 août 1913 titrait : La faute de l’abbé Chassaing.
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« Le procès de Mme Alice Crespy rappelle le procès du Cri du Peuple de Brest. Nous n’avons pu, pris par la nécessité de répondre aux persécutions gouvernementales, lui donner toute la place qu’il méritait. Il était cependant bien symptomatique.
Nos camarades de Brest avaient publié dans le Cri du Peuple la courte note que voici :
L'abbé Chassaing est ce malheureux vicaire de la paroisse de Saint-Hilaire qui vient de se suicider parce que son évêque voulait le séparer de sa maîtresse. Le seul blâmable en l’espèce est l'évêque qui sait très bien que 90 %, au moins, de ses jeunes et vigoureux vicaires ont à portée de leur main une paroissienne, quelquefois plusieurs - et souvent les mieux de la paroisse - avec laquelle ou lesquelles ils vivent plus ou moins maritalement. Si l'évêque de Quimper veut avoir des renseignements, à ce sujet, qu'il confesse toutes les « Casque d’Or » du département.
Là-dessus, 469 vicaires des diocèses de Quimper et d’Agen poussent des cris d’indignation et traînent le Cri du Peuple devant les tribunaux laïcs, à défaut du Saint-Office ; et le gérant Le Tréis est condamné à 25 francs d’amende et 10 francs de dommages-intérêts.
De sorte que les tribunaux de la République se sont fait les défenseurs de la chasteté des ecclésiastiques !
Or, Mme Alice Crespy vient de conter aux jurés d’Agen comment elle connut l’abbé Chassaing :
au confessionnal. Le confessionnal devient un lieu de rendez-vous infiniment commode et discret. Les maris n’osent y mettre le nez et les agents des mœurs les fréquentent peu. Comme le vicaire d’Agen n’est tout de même pas une exception, que d’autres curés, bien en chair, sont sujets aux mêmes tentations, il est certain qu’en toute justice le tribunal correctionnel de Brest aurait dû acquitter notre ami Le Tréis et condamner aux dépens les 469 vicaires, que diable !
Puisque le Juste lui-même pèche 7 fois par jour, il y avait bien au moins un de ces 409 qui n’était plus vierge ! »
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La suite au prochain numéro.
Jean Claude