Le mois dernier j’évoquais l’affaire du suicide ou de l’assassina de l’abbé Chassaing dans le salon de sa maîtresse Alice Crespy, avec un premier extrait du journal La Bataille Syndicale Quotidienne du 6 août 1913.
Ce même journal a publié le 9 août 1913 un court article « Mme Alice Crespy est acquittée » d’un journaliste bien connu, Rémy Roure, qui a commencé sa carrière en fréquentant, sans jamais s’engager, les milieux socialistes révolutionnaires. Il a ensuite collaboré comme pigiste à L’Information sociale puis comme rédacteur à La Bataille Syndicale Quotidienne avant la guerre de 1914. A son retour il rentre à L’Éclair tout en publiant des articles dans d’autres journaux sur des sujets syndicaux et sociaux.
-------------------------
Les jurés d’Agen ont déclaré que Mme Alice Crespy n’était pas coupable du meurtre de l’abbé
Chassaing. En conséquence, l’accusée a été acquittée.
On pouvait croire que l’état d’esprit des dévotes d’Agen acharnées contre la poétesse influerait
sur le jury. Des scènes scandaleuses s’étaient déroulées. Les honnêtes dames du pays de Fallières
étaient même allées jusqu’à adresser des lettres de menace au chef du jury.
Sans se laisser influencer par ce débordement de haine, les jurés ont rendu un verdict négatif. Il y
avait autant de probabilités pour et contre le suicide. Condamner dans ces conditions était s’exposer
à une terrible erreur judiciaire.
Mais il est une accusée qui ne se tire pas indemne du procès d’Agen : c’est l’Église, avec le célibat
des prêtres et l’immorale confession.
-------------------------
A la lecture de ces deux articles on peut observer que la position de Rémy Roure sur certaines pratiques de l’Église est bien tranchée et critique. Il était cependant très attaché à la religion catholique. En trouverait-on l’origine dans son ouvrage Anaïs petite fille vivaroise souvent qualifié de biographique ? La mère de Grégoire, le héro de ce roman que l’on associe à Rémy Roure, lui prévoyait une vocation ecclésiastique. Mais ce n’était pas la voie qu’il souhaitait prendre et Grégoire l’a, très tôt, exprimé avec force : « Je ne veux « plus » être curé ! » ; « Je veux être comme les autres ! Je veux jouer avec Anaïs ». Et surtout goûter les joies et les misères de la vie…
Il est cependant rentré au petit séminaire de Valence mais n’a pas exprimé de souvenirs sur cette époque dans le roman. Dans « l’affaire alsacienne » (en 1918, l’Alsace revient à la France et commence alors la longue période de l’autonomisme alsacien…) il critique le silence du Vatican et « l’alliance bizarre entre certains mouvements autonomistes catholiques et une partie du PC en Alsace ».
Épilogue
L'Écho nogentais du 14 septembre 1913 indiquait dans un article que « Mme Alice Crespy » venait « d'arriver à Paris avec un imposant manuscrit », une autobiographie dont le titre était « Trop aimée ! », à la recherche d’un éditeur. Elle aurait été « publiée, en feuilleton, par un confrère » de L'Écho nogentais. Je n’ai pas encore retrouvé ce feuilleton, même avec l’aide d’un chat dévoué et intelligent.
Jean Claude