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Jour de grève au CFD.

       C’était probablement dans les années 1958-1959. Dès les premiers jours des vacances d’été, le voyage pour monter, ma mère et moi, à Arcens depuis la banlieue du sud de Lyon, se réalisait en train jusqu’à Saint-Julien-Boutières puis en voiture, dans la 15 de l’oncle, jusqu’à Arcens avec la mémé et parfois d’autres membres de la famille. Dans ce cas il fallait utiliser les strapontins de la traction pour loger tout le monde.


       Levés de bon matin il fallait tout d’abord traverser une zone industrielle par une longue rue bordée de hauts murs et pleine d’odeurs prégnante de toile cirée émanant des « usines Maréchal », avant d’arriver à la gare SNCF. Une navette nous amenait jusqu’à Perrache pour prendre le train de Nîmes qui avait une correspondance avec une micheline du CFD à Tournon. A la fin des vacances le retour se faisait par Dunières.
       A Tournon, les voies de la SNCF traversées, je me sentais en vacances.

grève sncf 1.jpg

Ce jour là, arrivés devant le Mastrou il y a eu un malaise ! On nous annonça que les cheminots étaient en
grève et que la micheline s’arrêtait au Cheylard. Ma mère, préférant être en carafe au Cheylard plutôt qu’à
Tournon, pris nos billets et nous avons commencé un voyage qui fut bien long pour avec très peu de
compagnons.

       Dans la cabine de conduite de la micheline, il y avait le conducteur et un employé du CFD qui avait plus l’allure d’un « chef de service » que d’un cheminot roulant. C’est lui qui assurait la sécurité pendant le voyage, surtout aux passages à niveaux : il descendait avant le franchissement et remontait après… Du zèle ? Normal puisque ma mère m’a dit plus tard que c’étaient, lui et le conducteur, des « briseurs de grève », et qu’il ne fallait pas qu’ils aient le moindre pépin…

       A l’arrivé au Cheylard, le terminus prévu, il y avait un piquet de grève. Une dizaine de cheminots étaient assis devant le bâtiment de la gare, l’air rigolard et « attendant de savoir si les derniers voyageurs allaient être débarqués ou non », suivant ma mère qui a ajouté « ils ne vont pas oser nous laisser en plan devant des grévistes ». Nous n’étions plus que trois voyageurs. L’employé nous avait demandé de rester dans la micheline et d’attendre avant de se diriger vers la gare.

       Ma mère avait raison, l’employé nous a annoncé que nous serions conduits à destination. Elle connaissait bien les actions des cheminots puisque mon père en été un, à la SNCF. La micheline est donc repartie en direction de Saint-Julien-Boutières.
       « C’est pas un voyage rentable pour la compagnie » a annoncé ma mère qui, en bonne ardéchoise, avait un certain sens pratique. Effectivement, il y avait, comme voyageurs entre le Cheylard et Saint-Julien-Boutières, un militaire qui ne payait pas sa place et nous qui ne payions que quart de place puisque mon père était roulant à la SNCF.


Nous avons été accueillis avec étonnement pas la famille « comment avez-vous fait pour venir, il n’y a pas de train, c’est la grève ? ». Mais si, il y en avait un pour nous !


JCR

 

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