« L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prenaient faussement pour de l’espérance. »
Bernanos - La Liberté pour quoi faire ?
Episode 10 de la Mosaïque du fou
CHAPITRE 5 : Le Clash des Missions (suite)
Ils prendront surement un chemin détourné discret et rapide, avec le juste nécessaire d’arme et de munition pour attaquer. Ils feront monter le complément dans les heures et les jours suivant pour achever le travail :
Si j’étais eux je partirais par la route principale et la quitterait à Saint Sauveur, puis direction Gluiras, Chalan, Le Fau, Saint Christol, Accons, Villebrion, où je ferais mon camp de base et l’assaut final. Leylla regardait la carte, oui pas mal dit-elle, mais il y a des liaisons pas faciles avec par moment des chemins à peine dessinés. C’est vrai lui répondit-il, mais je l’ai déjà fait, impraticable pour des camions, ou même des voitures, mais à pied, à cheval ou à moto ça passe très bien. Il faut rapidement organiser les embuscades qui retarderont leur progression, sans oublier des renforts à la grotte, Le Fourrier ne tiendra pas longtemps avec ses 50 éclopés et ses 40 soldats il faut anticiper la défense et l’évacuation de la grotte. De l’autre côté il faudra élaborer un plan pour leur subtiliser les armes et munitions si l’on peut, et au pire les détruire.
Ils envoyèrent des messagers à tous les groupes pour qu’ils se tiennent prêts et bien sûr, un rapport détaillé au colonel pour avoir son accord. Johannes parti avec les nageurs de combat et les ex « Keiffer » toujours avec eux. Le travail qu’il s’était fixé demandait professionnalisme entrainement et discipline. Il ne faisait vraiment confiance qu’aux anciens commandos pour associer à la perfection ces trois qualités. Il confia la base arrière à Leylla en la chargeant de les rejoindre sur le chemin probable tracé dès que le GO du Colonel serait reçu. Elle avait dans son groupe d’arabophones quelques jeunes très aguerris à la guérilla urbaine, elle les prendrait avec elle. Ils partirent très chargés d’explosifs, mais aussi de tout ce dont ils pourraient avoir besoin pour fabriquer des « pièges de brousse », pelles pioches cordes et haches il avait bien pensé aux petites tronçonneuses, mais le bruit lui dit que ce n’était pas une bonne idée. Ensuite il organisa pour que des transports avec armes munitions et explosifs se tiennent près de chaque croisement entre le chemin supposé et une route goudronnée. Ces renforts en homme et munition pourraient être rapidement déployés ou même redéployés si ses suppositions de trajet s’avéraient fausses. A chaque point difficile du chemin ils entreprirent de construire des pièges de Brousse. Vous avez surement vu les Rambo … et bien des pièges de Brousse sont des pièges qui utilisent la topographie du terrain et les ressources naturelles disponibles. Plus ils sont sanglants et douloureux et plus ils fonctionnent pour retarder et démoraliser l’ennemi. Le but étant moins de tuer que de blesser spectaculairement et que les hurlements de la victime déstabilisent les autres. De plus il est bien connu qu’un blessé invalide immobilise deux valides pour son évacuation vers l’arrière, et la démarche avait pour but de retarder et d’affaiblir la pointe de l’attaque, pour permettre le renforcement de brion et la destruction ou le vol des armes et munitions en mouvement. Johannes n’avait pas grand-chose à diriger, la trentaine de compagnons avec lui était des commandos, maitres dans l’art de la guérilla. Ils arrivaient sur tous les points chauds et attaquaient les pièges sans qu’il n’y ait rien à dire ou redire. Après avoir parcouru quelques kms et avoir déjà disposé plein de pièges, dans un endroit peu propice, il vit deux commandos discuter et se mettre à creuser. Que faites-vous demanda-t-il ? Ils sourirent, ils avaient l’air de vraiment s’amuser comme des gamins qui préparent une bonne blague. Tu comprends dis l’un d’eux, quand ils arriveront là ils seront surement sur leur garde à chaque passage potentiellement piégé ils seront prudents et vigilants. Certains d’entre eux ont connus la Syrie et d’autre champs de bataille ils auront développé un 6ème sens. Mais là il n’y a pas de risque et peu de chance de faire un piège, donc leur vigilance sera moindre. Cette fosse à ours n’en surprendra surement que quelques ’uns, et on mettra peu de piquets au fond pour qu’ils survivent. Cependant on va la faire bien profonde pour que les sortir demande du monde. Jusqu’ici tu ne nous as pas parlé d’embuscade, avec John ou voulait te proposer de se mettre la plus haut à quoi… 300 mètres, à la lisière du bois avec un fusil à lunette chacun. Une fois qu’ils sont tous au tour de la fausse, on doit pouvoir en descendre une bonne demi-douzaine ou plus, à nous deux, avant qu’ils ne comprennent. On tire pour blesser au niveau du ventre et des jambes. 15 secondes de tir, et on se retire par la forêt, ça devrait les refroidir un peu plus. Johannes réfléchissait aux risques de capture. Ne te fais pas de bile dit John, ils seront secoués et on se repliera l’un après l’autre en se couvrant mutuellement, mais je ne prévois pas que ce soit nécessaire. Ensuite ne te fais pas de souci, on sait qu’on n’est pas éternels et que cette opération génèrera de la casse, mais ils ne nous prendront pas vivants. Je n’avais aucun doute le dessus dit Johannes, mais un bon commando est un commando vivant et il faut donc marginaliser le risque au maximum. Mais votre plan semble tenir la route allez-y. Les deux commandos savaient que le plus dur ne serait pas de creuser le trou ou de s’enfuir, mais c’était l’attente dans un trou à la lisière de la foret totalement camouflés sans bouger, ni pour manger ou pour tout autre besoin naturel, jusqu’à l’arrivée des ennemis. Ils commencèrent à creuser et Johannes donna le top départ pour les autres en disant que ces deux-là restaient là, ils y eux quelques sourire et approbation puis se mirent en marche. Le but de Johannes, si l’ennemi leur en laissait le temps était de remonter le chemin potentiel jusqu’à Brion pour aider au plan d’évacuation. Il savait que le Colonel devait déjà mettre en place les attaques sur les convois de munition des assaillants ainsi que plusieurs plans pour éventuellement trouver des points de chute aux munitions et à eux même une fois la bagarre terminée. Il savait que Brion c’était fini et qu’il allait falloir tout réorganiser ailleurs. Les deux questions pour lesquelles il n’avait pas de réponses étaient, Ou et pour combien d’entre eux après cette bataille qui s’annonçait sanglante. Le colonel activa aussi ses réseaux de communications vers ses chers donateurs surtout MBS, il voulait savoir si le prince soutenait cette offensive et si dans le cas contraire il pouvait demander aux Sunnites de rentrer dans leurs bases. Il confia les attaques des camions d’hommes et de munition à sa cavalerie légère motorisée. Les motos « nucléaires » étaient silencieuses et passaient partout. Deux par moto avec deux lance-roquettes par personnel. En tout ils avaient 50 motos, 5 étaient en réparation donc 45 opérationnelles, cela ferait 3 groupes de 15 motos, donc 30 soldats donc 60 RPG par groupe. 180 RPG devait plus ou moins vider les stocks de BLPR, mais il se dit qu’en cas d’échec ils en auraient plus besoin. Il définit avec chaque groupe leurs points d’attaque possibles, mais il savait que rien ne se passerait exactement comme planifié. Il resta donc fidèle à leur mode de fonctionnement un cadre rigide avec des points obligés et après beaucoup de souplesse dans la mise en œuvre. Il les informa tous qu’il ne savait pas encore comment mais il allait essayer de marquer les camions de munitions d’un point blanc sur la ridelle arrière. Ce seront les camions à ne détruire que si on ne peut pas faire autrement, L’Ideal étant de les voler et ensuite de les faire disparaitre. Il avait déjà demandé à Alexandre Vials dit « Le Fourrier » de se mettre en contact avec toutes les caches possibles afin d’y envoyer les camions volés au fur et à mesure des opérations. Ceci après bien sur avoir prélevé les armes et munitions nécessaires aux combats en cours. Le Fourrier connait son job à fond et le Colonel savait que cela serait mener de mains de maitre. Le problème à traiter en priorité pour le Fourrier était d’évacuer les non-combattants, femmes enceinte, blessés, éclopés, vers des lieux de replis, et de les faire accompagner et protéger par les blessés légers capables de tenir une arme. Ils n’avaient aucune intention de faire « Camerone » à Brion, la grotte devait devenir un piège qui tuerait le maximum d’ennemis quand elle exploserait
suite au prochain numéro
Louis Lévêque