Les cyclistes qui empruntaient la Dolce Via le 19 juillet entre Saint-Martin et le Cheylard ont pu faire une rencontre insolite. Un vélo en forme de canoë qui tirait une espèce de caravane était garée à l'ombre à côté d'un banc. Interrogé, Félix, le propriétaire de cet attelage ne savait pas où il allait Peut-être savait-il d'où il venait ? Pour lui tenir compagnie, il était accompagné d'une poule (le volatil) mais qui, encore trop jeune ne donnait pas d'oeuf...
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Usurpation d'identité
L'histoire commence avec un géocacheur* qui, ayant trouvé une cache installée au sommet du Gerbier de jonc, a contacté le propriétaire (en l'occurence Pierre Hirt) pour lui proposer d'en installer une à la source de l'Aigue Nègre qui, en réalité aurait dû être le nom du plus long fleuve de France.
Car, en effet, nous avons été trompés ! Comme la plupart des gens de mon âge, j'ai appris que la source de la Loire se trouve au Mont Gerbier de jonc. Pourtant, d'après les critères modernes de définition de la source d'une rivière : « c'est l'endroit le plus éloigné de l'embouchure, le plus élevé en altitude, dont le cours d'eau a le plus fort débit, enfin dont le bassin versant est le plus important. » Si l'on part de cette définition, la Loire devrait s'appeler l'Aigue Nègre !
Le 30 novembre 2020 un documentaire de France Bleu Saint-Etienne a été consacré à ce sujet : « Une équipe de bénévoles vient de réaliser un docu-fiction sur la source de la Loire. Ils y démontrent que le fleuve prend sa source au rocher du Pradoux à quelques kilomètres du mont Gerbier de Jonc et toujours sur la commune de Sainte-Eulalie. »
Déjà, le 31 juillet 1960 est paru dans « Le méridional » une enquête de Eugène Rouvière expliquant que le cours d'eau qui se jette à Saint-Nazaire n'est pas la Loire mais l'Aigue Nègre. L'auteur écrit : « J'affirme que le plus long fleuve de France et le plus beau aussi n'est qu'un ruisselet d'une centaine de mètres, la Loire, mais oui, ce n'est qu'une résurgence. »
D'après nos observations récentes faites sur le terrain, la source de l'Aigue Nègre se situe au « Bois des Seigneurs » (et non au Pradoux), à 1450 mètres d'altitude et il rejoint la Loire après avoir parcouru 5600 mètres. Comme l'on peut le voir sur la photo ci-dessous, au confluent le débit de l'Aigue Nègre est nettement plus important que celui de la Loire. Il est donc de plus en plus évident que le plus long fleuve de France devrait s'appeler Aigue Nègre.
Dans le documentaire de France Bleu, Emmanuelle Gautier apporte sa caution scientifique, mais pose la question suivante : « Faut-il donc réécrire les manuels scolaires ? Certainement pas explique t-elle , car la source d'un fleuve n'est pas qu'affaire de science. C'est aussi une tradition. Depuis des centaines d'années et en tout cas plus de deux millénaires, il est admis que la Loire prend sa source au mont Gerbier de Jonc. Un endroit symbolique où se dresse ce mont si particulier, un repère sur le plateau ardéchois. La source qui pouvait à l'époque gauloise revêtir un caractère religieux a été défini ici, au pied de ce mont. Il n'était pas question de mesurer le débit, le bassin versant ou encore l'altitude de tel ou telle rivière qui constitue la Loire. Et finalement nos ancêtres ne se sont trompés que de quelques kilomètres. »
Entre nous, il est heureux que ce fleuve se nomme «Loire » et non « Aigue Nègre ». Sinon on irait visiter « les châteaux de l'Aigue Nègre » et on a échappé aux départements : « La Haute-Aigue Nègre », « La Saône-et-Aigue Nègre » « l'Indre-et-Aigue Nègre » ou « L'Aigue Nègre Atlantique » !
Par contre on pourrait envisager de changer le nom de notre vallée. En réalité c'est l'Eyrieux qui se jette dans l'Eysse à Saint-Martin-de-Valamas et non le contraire : En effet, encore d'après nos observations, la source de l'Eyrieux se trouve à Peoulouse (Commune de Devesset) à une altitude de 1065 mètres et parcourt 21,4 kilomètres avant d'arriver à Saint-Martin alors que l'Eysse qui prend sa source à Fonteysse (Commune de Borée) à 1470 mètres d'altitude a effectué 22,3 kilomètres jusqu'à sa confluence avec l'Eyrieux. Quant au débit ...
Ci dessous, confluence de l'Eyrieux et de l'Eysse. (Eyrieux à droite, Eysse à gauche)
Oui, en réalité l'Eyrieux est un affluent de l'Eysse et l'Eysse un affluent du Rhône !
Il serait donc raisonnablement urgent d'envisager de nommer notre Communauté de communes Val'eysse ! Par la même occasion on descendrait dans la vallée du Rhône par la vallée de l'Eysse !! Ce qui, bien sûr, ne supprimerait pas les virages !
Texte : François Champelovier
Recherches et photo de la confluence Loire/Aigre Nègre : Pierre Hirt
*Géocacheur : personne qui utilise l'application « geocaching.com ». Le géocaching est une « chasse au trésor » moderne et mondiale. La pratique et l'utilisation de cette application fera l'objet d'un article dans un prochain numéro.
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2023 : Année d'anniversaires
Cet été 2023 (et début d'automne) est une occasion propice pour rappeler quelques événements qui se sont déroulés au siècle dernier et qui ont ont donc leur anniversaire dans la période que nous traversons.
Il y a 60 ans, en 1963
Orage et crue du 3 août : cet épisode climatique a déjà été évoqué dans le blog, mais il n'est peut-être pas inutile d'y revenir pour ceux qui ne l'ont pas vécu: ce 3 août, donc, après deux jours de pluies abondantes, mais non exceptionnelles, les rivières étaient en crue, mais là non plus sans excès, mais vers 15 heures, changement de régime: la pluie ne redoubla pas seulement d'intensité, mais le ciel sembla se décharger d'un coup d'un trop-plein: c'étaient dorénavant de véritables seaux d'eau qui se déversaient, au point d'empêcher toute sortie !. Les rues , avec 20 ou 30 centimètres d'eau , étaient transformées en ruisseaux, les ruisseaux en rivières, les rivières en fleuves. Cet orage ne dura qu'une heure, mais les dégâts furent considérables: maisons inondées, véhicules et bétail emportés, routes défoncées, murs écroulés....Le plus grave eut lieu sur le secteur aval du Doux, près de Tournon, où l'on déplora plusieurs morts dans les campings riverains. A Saint Martin, une plaque rappelle cet événement sur une pile du pont de la Condamine. Cet orage et cette crue sont restés dans les mémoires, et aucun épisode pluvieux ultérieur n'a atteint cette ampleur ou cette intensité
le 10 octobre 1963 , Edith Piaf s'éteignait à son domicile du boulevard Lannes, à Paris (en réalité, dans sa résidence des bords de la Méditerranée, mais le corps fut transporté dans la nuit). L'émotion fut considérable en France (mais aussi à l' étranger), en raison de l'immense popularité de la chanteuse. Les obsèques, aux allures de funérailles nationales, eurent lieu le 14 octobre, et 500 000 personnes se massèrent sur le passage du cortège entre le domicile de l'artiste et le cimetière du Père Lachaise, qui fut envahi par quelque 40000 personnes , dans une cohue indescriptible.
Il y a 50 ans , en 1973
Le 11 septembre: coup d'État militaire au Chili. L'Unité populaire (coalition des partis de gauche) était alors au pouvoir dans le pays, avec à sa tête le président Salvador Allende. Au matin du 11 septembre, donc, l'armée donna l'assaut au palais présidentiel de la Moneda, assaut durant lequel le président Allende perdit la vie, tout comme des centaines de militants de gauche. La répression fut féroce: des milliers d'arrestations, les prisonniers étant souvent parqués dans ces stades, torturés. La CIA fut impliquée dans le coup d'État, sa préparation et le soutien à l'armée, alors conduite par le général Pinochet. Si l'émotion fut considérable dans le monde, la mobilisation populaire internationale ne put faire reculer le régime militaire, qui n'osa toutefois pas s'en prendre au poète Pablo Neruda, de renommée internationale. De nombreux chiliens prirent alors le chemin de l'exil, vers l'Europe notamment. Le régime militaire perdura jusqu'en 1990.
« L'affaire LIP » en fait, c'est là le nom qu'avait donné la presse à un des plus importants mouvements revendicatifs de l'après-guerre, un des plus innovants en tout cas.. Rappelons d'abord que LIP était une entreprise fabriquant essentiellement des montres (fort réputées), sise à Besançon.
Le 10 juin 1973, lors du comité d'entreprise, les salariés apprennent les projets de la direction concernant l'évolution des effectifs, à savoir 480 licenciements. Aussitôt, les employés décident d'occuper l'usine et de mettre en lieu sûr un stock de 25000 montres.
Le 15 juin, une manifestation de soutien aux employés de Lip regroupant 1500 personnes est organisée à Besançon
Le 18 juin, la chaîne de production des montres est remise en route, sous le contrôle des travailleurs, avec le slogan : « on fabrique, on vend, on se paie »; aussitôt, des commandes affluent de toute le France. Mais le 11 août, sur ordre du gouvernement, l'usine est envahie par les CRS (qui y resteront jusqu'en février 1974). De nombreuses usines de la région se mettent aussitôt en grève pour protester contre ce coup de force , tandis que des affrontements se produisent entre manifestants et forces de l'ordre. La production de montres reprend alors hors de l'usine, alors que la popularité du mouvement s'amplifie.
Le 29 septembre, une manifestation regroupe à Besançon sous une pluie battante environ 100 000 personnes, soutenue notamment par la CFDT, le PSU, la LCR, avec de nombreuses délégations étrangères .
Le mouvement se poursuivit durant tout l'hiver, jusqu'au 29 janvier 1974, date à laquelle un accord de reprise par une société fut signé à Dôle et qui prévoyait la reprise de 850 employés.
Gilbert Verdier