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ruedespuces - Page 71

  • Un axe routier majeur des Boutières : La D 120

    borne D120.jpg Parmi toutes les routes qui sillonnent les Boutières, il en est une qui est incontestablement, une artère essentielle à la vie du secteur: il s'agit évidemment de la D 120 qui suit le cours de l'Eyrieux pratiquement de bout en bout. Même si cela n'a pas toujours été le cas (les déplacements se faisant autrefois plutôt par les crêtes ;exemple de route des crêtes: la D21), elle est aujourd'hui incontournable, tant pour le commerce que les industries ou le tourisme. Parcourons donc cette route, de son point de départ à La Voulte à son terminus à 6 km après Saint-Agrève,à la limite de la Haute-Loire.

      Un ruban de 80 km: en voiture, il se parcourt en moins de deux heures. Il s'élève de 100 m à La Voulte jusqu'à 1050 m à son terminus, ce qui fait un dénivelé de 950 m avec une pente moyenne de 1,2%. Mais la D 120 traverse des secteurs bien différents que l'on peut estimer  à trois de longueur quasi égales.

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    1. De la D86 (La Voulte) à Saint-Sauveur de Montagut: long de près de 24 km, ce premier secteur s'étend de la D86, juste au nord de La Voulte jusqu'au bourg de Saint-Sauveur-de- Montagut. L'altitude passe de 100 m environ à 200m, soit un pente moyenne de 0,4%. On pourrait donc penser à une route quasiment plate, mais ce n'est pas du tout le cas: c'est même le secteur le plus accidenté de toute la D120. En effet, si sur les sept premiers kilomètres (Saint Laurent du Pape), on reste sur un terrain horizontal, la route s'élève brusquement au défilé de Pontpierre jusqu'à 200m, passant après deux bosses extrêmement abruptes, avant de redescendre vers Saint fortunat, où elle reprend son parcours relativement plat jusqu'à Saint Sauveur, malgré une ou deux côtes peu conséquentes. Le tracé est sinueux mais avec de larges courbes et de belles portions rectilignes entre Saint Fortunat et Les Ollières. Il se déroule d'abord en rive droite de l'Eyrieux sur 2 km entre La Voulte et Saint Laurent du Pape, puis en rive gauche sur 15 km jusqu'aux Ollières et enfin à nouveau en rive droite sur 5km jusqu'à Saint-sauveur-de-Montagut, toujours dans une vallée large et riante, traversant les villages-rue de Saint Laurent du Pape, Saint Fortunat, Dunières, Les Ollières et Saint-Sauveur-de-Montagut.

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    2. De Saint-Sauveur-de-Montagut au Cheylard  (24 km): c'est un secteur peu pentu (0,92% de moyenne) qui s'élève régulièrement, sans bosse. La route suit l'Eyrieux au plus près et est en conséquence très sinueuse. C'est la partie la plus encaissée du parcours, entre des parois abruptes et resserrées. Il n'y a pas de villages traversés, simplement quelques hameaux (La Roche Saint Maurice, Le Bateau, Pont de Chervil, Sarny...) La route longe la rive droite de l'Eyrieux, sauf un court trajet en amont de Saint-Sauveur-de-Montagut, où elle passe sur la rive opposée, parallèlement à l'ancienne voie ferrée (aujourd'hui « Dolce via »).

     C'est aussi le secteur de la D 120 qui a longtemps posé le plus de problèmes à la circulation (chutes de pierres, éboulements...) en deux endroits particulièrement : en amont de Pont de Chervil, où la route en encorbellement, extrêmement étroite, ne permettait que très difficilement le croisement de deux véhicules, et en tous cas pas des poids lourds et dans la traversée du Cheylard (centre ville ), très encombrée, surtout les jours de marché. Mais depuis une quarantaine d'années, la situation s'est bien améliorée:

     -Par des travaux de soutènement et de consolidation des parois rocheuses

     -Par le percement d'un tunnel en amont de Pont de Chervil.

     -Par la déviation du Cheylard vers Saint Martin de Valamas, permettant aux poids lourds notamment d'éviter le centre ville.

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    3. De Le Cheylard à Saint Agrève (25 km) C'est une partie très sinueuse aussi qui longe l'Eyrieux (mais de moins près que dans le secteur précédent) sauf sur les 5 derniers kilomètres avant Saint Agrève, où la route s'écarte nettement du cours d'eau. La pente est un peu plus forte (1,2%) mais s'accentue fortement après Saint Julien d'Intres (4%) sur les 10 derniers kilomètres. La D120 traverse essentiellement les villages de Saint-martin-de-Valamas  et Saint Julien d'Intres, en rive droite de l'Eyrieux, dans un cadre austère pour rejoindre la D533 ( qui vient de Lamastre) à Saint Agrève.

     

    Enfin , le dernier tronçon de 6 km après Saint Agrève , fait la liaison avec la D103 en Haute Loire, menant au Chambon su Lignon.



      ANNEXES

     

    la D 120 et la voie ferrée (aujourd'hui « Dolce via »); on peut remarquer que la D120 et la voie ferrée sont toujours situées sur des rives opposées de l'Eyrieux sauf sur trois courts secteurs:

    - Entre La Voulte et Saint Laurent du Pape : sur 3 km en rive droite

    - A l'aval des Ollières : sur 3 km en rive gauche

    - En amont de Sain Sauveur de Montagut (Le Moulinas) sur 2 km en rive gauche.

        Il existe donc 5 passages à niveau sur le parcours de la D120 (en comptant celui de Saint julien d'Intres.

     

    Les ponts: La D120 ne franchit que 5 ponts sur l'Eyrieux (Saint Laurent du Pape, Les Ollières, Saint Sauveur de Montagut, Le Moulinas, Saint Julien d'Intres) et plusieurs autres sur des affluents de l'Eyrieux (la Dunière, l'Auzène, la Glueyre, la Dorne, ,l'Eysse, la Saliouse , la Rimande)

     

    Les routes adjacentes: les routes adjacentes ou sécantes de la D120 sont fort nombreuses,  tant à droite qu'à gauche (une vingtaine en tout). Nous nous attacherons à quelques-unes d'entre elles seulement, les plus importantes, à savoir:

    - La D21, entre Beauchastel et Saint Laurent du Pape, qui « double «  la D120 sur la rive gauche de l'Eyrieux et est même plus fréquentée que cette dernière sur ces 3 km! Il faut remarquer que cette D21, à partir de Saint Laurent, s'élève brutalement et devient ainsi une route de crête vers Vernoux et Saint Agrève, avant de se prolonger en Haute Loire vers Le Puy par la D15.

    - La D2 (Vernoux-Privas), qui coupe la D120 à hauteur des Ollières et permet surtout la communication entre la vallée de l'Eyrieux et la vallée de l'Ouvèze (Privas)

    - La D578 (Lamastre-Vals les Bains) qui coupe la D120 au Cheylard et relie la vallée du Doux et de l'Eyrieux d'une part et de l'autre rejoint la vallée de la Volane et de l'Ardèche par la vallée de la Dorne et le col de Mézilhac.

    - La D533 qui rejoint la D120 à Saint Agrève et met la D120 en liaison avec la vallée du Doux.

     

    La fréquentation: elle est à son maximum en été ( tourisme oblige), mais des secteurs s'avèrent être plus fréquentés  que d'autres, notamment la partie basse, entre la vallée du Rhône et Saint Sauveur de Montagut et la partie entre le Cheylard et Saint Martin de Valamas. Il faut remarquer en outre que la D120 est très employée par les poids lourds: livraisons mais aussi trafic de bois ou d'eaux minérales.




                                                                    Gilbert Verdier

  • Tout est fait pour maintenir la tranquillité de nos villages

    Criminalité, insécurité, incivilités, pollution, bruit, embouteillages etc... A l'heure où s'accumulent les problèmes dans les grandes villes et où l'on devrait essayer de les désengorger, nos gouvernements n'ont de cesse de prendre des décisions tendant à vider et à préserver le calme qui règne dans les campagnes, nous protégeant ainsi de tous les désagréments de la vie citadine, nous les en remercions.

    Nous sommes en effet heureux de constater que tout est fait pour préserver les avantages que nous offrent notre situation exceptionnelle dans nos vallées, au milieu de nos montagnes, dans nos villages tranquilles entourés d'une nature presque intacte avec des paysages à couper le souffle, sans oublier les odeurs en ce mois de mai.

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    Il y a quelques années déjà, nos routes ont été éventrées afin d'y enfuir des câbles destinés à nous apporter le bonheur : Le « haut débit », nous laissant croire que cela nous ferait gagner du temps alors que nous n'en manquons pas et que le télé travail permettrait l'installation de nouveaux habitants. Heureusement, jusqu'à présent le débit reste semblable à un électroencéphalogramme plat et nous permet, entre deux décrochages, de vaquer à d'autres occupations, regarder les nuages, écouter le silence, observer les hirondelles ou rêver en attendant que la connexion internet soit rétablie. La lenteur ne nous gène guère, étant habitués à prendre notre temps pour ne pas en perdre.

    Le fait que la plupart des services publics aient été supprimés (le bureau de poste de Saint-Martin vit d'ailleurs ses dernières heures*) décourage ceux qui seraient tentés de s'installer chez nous et, grâce aux lois portant sur l'occupation des sols (PLU) qui empêchent les municipalités d'accorder des permis de construire, nos villages restent préservés de l'arrivée de citadins. Les industries désertent petit à petit nos territoires donnant peut de perspectives aux jeunes générations qui seront de plus en plus obligées de chercher du travail sous d'autres cieux, allant grossir les villes et leurs problèmes. Ceci donne davantage de place aux retraités de "chez nous" qui se réjouissent de rester entre eux. Au bistrot, on peut continuer à parler de l'ancien temps sans être dérangés. 

    Quant aux autorités locale (Val'Eyrieux) elles prennent également leur part  en ce qui concerne le maintien de notre tranquillité : A Saint-Martin, l'Office de tourisme qui était bien situé sur la place a été transposé au bas du village, loin des commerces afin qu'on ne le trouve pas. Ceci nous épargne d'être dérangés par des touristes trop contents de profiter de notre cadre de vie. Malheureusement, la création de la Dolce Via nous amène une quantité toujours plus importante de cyclistes qui, les mois d'été, envahissent nos rues et nos terrasses et nous empêchent d'être entre nous. Malgré ce gêne passager, nous sommes reconnaissants envers nos gouvernants qui font de leur mieux pour préserver le calme de nos villages.

    Puisqu'il est bon de le préciser, ceci est du second degré !

    François Champelovier

    * La poste a des missions de service public et, comme tout service public ses services doivent échapper à la logique du marché. (voire annexe) Pourtant, la décision de fermer la poste de Saint-martin est bien basée sur le déficit de clientèle, donc sur un manque de rentabilité. En transposant son activité dans un commerce du village la Poste cherche ainsi à échapper aux logiques du marché.

    Déjà en 2012 une tentative de fermer le bureau de poste de St.Martin !

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    Annexe :

    « La Poste est une Société anonyme à capitaux 100% publics, le groupe La Poste est détenu par deux actionnaires : la Caisse des Dépôts à hauteur de 66%, et l'État à hauteur de 34%.Le rapprochement des deux groupes permet de nombreuses synergies au profit de projets comme la lutte contre les fractures territoriales, la logistique urbaine, la transformation numérique des territoires, la transition énergétique et écologique, les services à la personne. (…) Ce modèle original permet au Groupe La Poste d’assurer quatre missions de service public que l’État lui a confiées par la loi du 2 juillet 1990 et qui forgent son identité :

    Le service universel postal

    La contribution de La Poste à l’aménagement et au développement du territoire

    La mission d’accessibilité bancaire de La Poste

    Le transport et la distribution de la presse,

    L’exécution de ces missions est inscrite dans le contrat d’entreprise, qui lie La Poste et l’État et est renouvelé tous les cinq ans. L’objectif ? Proposer des services de proximité en accord avec les grands principes du service public : égalité, continuité, mutabilité.

    (Le fondement de la notion de service public est que certaines activités sociales considérées comme essentielles et stratégiques doivent être gérées selon des critères spécifiques pour permettre un accès à tous et contribuer à la solidarité et à la cohésion sociale, culturelle et économique de la société. Ces activités doivent donc échapper à la logique du marché et à la recherche du profit.)

  • Héros de papier...Mais pas oubliés !

    Après la  2° GM, la bande dessinée a connu un essor considérable en Europe de l'Ouest et particulièrement dans l'espace francophone, et ce, grâce aux revues qui lui étaient consacrées (Tintin, Mickey, Spirou...) et à des éditeurs spécialisés (Dupuis, Le Lombard, Dargaud....). La Belgique occupait alors une place prépondérante dans ce secteur de la littérature francophone: des dessinateurs et scénaristes les plus réputés (Hergé, Franquin, Jacobs, Jidéhem, Peyo...) étant originaires de ce pays.

     C'est au cours des années 50:60 que des personnages de BD  créés par ces auteurs se firent une place particulière dans le cœur et la mémoire des amateurs de BD francophiles (et même largement au-delà de ce cercle), place qu'ils ont conservée jusqu'à nos jours. Il faut remarquer qu'à l'époque, la BD était considérée comme  étant destinée à la jeunesse (enfants et adolescents) donc peu sérieuse et indigne d'intérêt. Ce n'est qu'à partir des années 70 que la BD s'adressa vraiment à un lectorat adulte. Une autre caractéristique de ce lectorat (qui existe encore de nos jours, mais de façon moins marquée, c'est sa masculinité: c'était les garçons qui lisaient des BD, et cela se ressent dans les personnages de cette littérature: les héros  (du moins jusque vers 1970) sont des garçons quasi exclusivement, la gent féminine n'occupant que des rôles secondaires. 

     La liste ci-après de ces héros de papier n'est évidemment pas exhaustive. Elle recense néanmoins une dizaine de personnages parmi les plus emblématiques de la période 1950-1970, tenant compte de leur notoriété passée et présente, de la qualité des  BD concernées, mais aussi des goûts de l'auteur de ces lignes. Liste donc partiellement subjective, qui peut être complétée ou modifiée selon la sensibilité de chaque lecteur. Et maintenant, souvenez-vous ...( personnages par ordre alphabétique)

     

    achille talon.jpg Achille Talon (dessin : Greg (1931-1999); scénarios: Greg/Goscinny): 48 albums sont parus entre 1963 et 1999). Achille Talon, c'est avant tout le contraire d'un héros séduisant: d'âge mûr, bedonnant, râleur, doté d'un gros pif, misanthrope, il se querelle régulièrement avec son voisin, le tout aussi détestable Hilarion Lefuneste. Si le graphisme est assez moyen et les gags parfois un peu répétitifs, cette BD est malgré tout souvent drôle et se lit sans ennui, Greg ne reculant pas devant les calembours ou les outrances verbales; elle peut être lue à tout âge, mais se savoure plutôt à l'âge adulte.

     

     alix.jpgAlix (scénario et dessin :Jacques Martin (1921-2010)): 19 albums publiés entre 1948 et 1988; la série a été reprise en 1996 par Moralès avant d'autres à la suite. Alix est un jeune esclave gaulois qui, devenu proche de César, vit des aventures dans cette période de l'Antiquité, dans divers lieux de la république romaine. Il a un compagnon d'aventures , Enak, jeune égyptien. Série réaliste qui souffre parfois d'un manque de dynamisme dans les scénarios, mais bénéficie d'une reconstitution soignée de l'époque. Il est difficile de donner un âge précis aux deux jeunes héros ( 15 ans? 18? ); en tout cas, elle s'adresse plus aux ados qu'aux enfants proprement dits. A noter que les relations entre Alix et Enak ont donné lieu à des supputations d'homosexualité plus ou moins larvée. (1)

    1. note de l'auteur de l'article: en fait , cette relation ne semble guère faire de doute, au vu de certaines planches, ce qui est extraordinaire à cette époque et de plus dans une publication destinée à la jeunesse. Plus extraordinaire encore, la censure n'y vit que du feu ou ne trouva rien à y redire, elle pourtant parfois si tatillonne !

     

    asterix 3.jpg Astérix: (scénario : Goscinny(1926-1977); dessin: Uderzo (1927-2020)); 21 albums de 1959 à 1977, puis 6 de Uderzo en solo après le décès de Goscinny. La série a été reprise par plusieurs dessinateurs depuis 2013, avec une certaine réussite, semble-t-il.

    Bon . On ne présente plus Astérix (désormais bien plus célèbre que Vercingétorix) et son compagnon Obélix ,le barde Assurancetourix, le druide Panoramix et les autres villageois hauts en couleur : des millions d'albums vendus, une renommée quasi planétaire. La série, d'emblée très populaire est due à la conjonction d'un scénariste de génie (René Goscinny), avec ses jeux de mots, ses clins d'oeil à notre époque, son humour à plusieurs degrés et d'un dessinateur de grand talent (Albert Uderzo) qui a su rendre crédible à la fois les personnages et les décors pourtant souvent fantaisistes de cette série humoristique. Certains albums de la série sont tout à fait remarquables. Bref: série incontournable: Astérix et Obélix font désormais partie du patrimoine culturel français!

     

     blake et mortimer 2.jpgBlake et Mortimer (scénario et dessin: Edgar P. Jacobs 1904-1987):10 albums entre 1950 et 1987. Les deux personnages (Blake, capitaine des services secrets britanniques et Mortimer, scientifique jovial et barbu) forment un duo inséparable dans des aventures où règnent le mystère et le crime dans  une Angleterre d'après-guerre , admirablement mise en images par Jacobs. Cette série légendaire, au style réaliste et au graphisme soigné, possède des intrigues très travaillées, s'adresse plutôt à des jeunes ados qu'à des enfants; elle a été reprise depuis 1996 par divers dessinateurs et scénaristes, avec succès, notamment Van Hamme, Yves Sente (scénario) ou Julliard (dessin) dans le même esprit et la même esthétique mais avec des scénarios plus ancrés dans la réalité politique.

     

      gaston lagaffe 2.jpgGaston Lagaffe (dessin :André Franquin (1924-1997) scénarios: Franquin , Delporte, Greg, …) Né en 1957 dans les pages du journal Spirou, Gaston Lagaffe n'a vécu que 40 ans, disparu en 1997, en même temps que son créateur, André Franquin) mais durant ces 40 années, il a eu le loisir d'accumuler quelques 900 gaffes, de dévaster la rédaction du journal et de provoquer, grâce à ses inventions (dont le « gaffophone ») et l'aide de son chat et de la mouette rieuse, quelques autres cataclysmes, au grand dam de son entourage, Fantasio, Prunelle, Mademoiselle Jeanne, Lebrac le dessinateur, Boulier le comptable et bien sûr De Maesmaker, l'homme d'affaires (dont les contrats resteront à jamais vierges de toute signature) , la liste de ces victimes n' étant pas exhaustive, mais à la grande joie des lecteurs, dont la fidélité ne s'est jamais démentie et s'est même renforcée depuis la port de Franquin. Le succès de cette BD n'est d'ailleurs pas seulement dû à la qualité des scénarios, mais aussi à celle du graphisme: Franquin, grand maître du mouvement et de l'expression, tire le maximum de ses personnages; les dialogues eux-mêmes sont très travaillés et les onomatopées sont également très recherchées. Enfin, Franquin truffe souvent les vignettes de petits détails que l'on ne voit pas forcément au premier abord, mais qui s'avèrent fort réjouissantes à la relecture.

     A beaucoup d'égards, Gaston apparaît comme un précurseur: adepte du droit à la paresse, il s'oppose ainsi à un monde déshumanisé, mû par la seule logique du rendement; écologiste bien avant l'heure, il fut sollicité par l'Unicef, Amnesty International et Greenpeace pour défendre leurs causes. Bref, Gaston, c'est le rire au service d'un monde plus humain, plus fraternel. Par cela, il est plus actuel que jamais et le restera sans doute encore longtemps.

     NB: Le personnage n'a pas été repris à la mort de Franquin (ce dernier ne le souhaitait d'ailleurs pas). Et puis, imagine -t-on Gaston dessiné par un autre que Franquin ?

     

     gil jourdan 2.jpgGil Jourdan( Maurice Tillieux (1921-1977)) Personnage et BD trop méconnus du grand public. Pourtant ces 16 albums parus entre 1956 et 1977 sont souvent remarquables: Gil Jourdan est un jeune détective privé entouré de son adjoint Libellule (ex-cambrioleur et qui a pour habitude d'affliger son auditoire par des blagues lamentables), de l'inspecteur Croûton et de sa secrétaire Queue-de-cerise (!) qui doit résoudre quelques enquêtes, toujours pleines de rebondissements et d'humour. Impeccablement dessinée (Tillieux adore croquer les voitures de l'époque, telle la Dauphine), cette série mérite assurément d'être redécouverte et fortement réévaluée: Tillieux est un grand de la BD !

     

     lucky luke 3.jpgLucky Luke ( dessin : Morris (1923 – 2001), scénarios Goscinny, Morris...): bien sûr, on connaît le cow-boy qui tire plus vite que son ombre, accompagné de son cheval Jolly Jumper  et du chien un peu faible des neurones Rantanplan, souvent à la poursuite des frères Dalton , guère gâtés eux aussi du côté intellectuel. . Personnage devenu populaire, dont les aventures humoristiques relèvent du western, tout en inversant les codes de celui-ci. Même si le dessin est  moins élaboré que chez d'autres dessinateurs de l'époque (Franquin,Uderzo), elles se lisent sans ennui . 73 volumes de la série sont parus depuis 1946, la série ayant été reprise à la mort de Morris par un autre dessinateur, Achdé.

     

     les schrumpfs 2.jpgLes Schtroumpfs (dessin : Peyo (1928 – 1992)): cette série, destinée principalement eu public enfantin, mettait en scène  des petits hommes bleus, appelés « schtroumpfs », vivant dans un monde à leur échelle. Elle connut un grand succès dans les années 60, au point que le parler schtroumpf se répandit dans toute la jeunesse : on pouvait ainsi remplacer n'importe quel terme par « schtroumpf » à condition que la phrase reste compréhensible: « voulez-vous schtroumpfer un verre?; il y a eu un grave schtroumpf sur la route, etc. Cette habitude a perduré plus ou moins jusqu'à nos jours, où le terme « schtroumpf » est toujours compris. Peyo, le créateur dessina 16 albums de 1958 à sa mort, puis le série fut reprise par son fils au scénario et divers dessinateurs (40 volumes au total)

     

     spirou 2.jpgSpirou ( André Franquin). Franquin ne fut pas le créateur du personnage, mais il reprit la série en 1950 (19 albums entre  1950 et 1968) et  en reste le principal dessinateur, avec l'aide de divers scénaristes (Delporte, Greg, Jidéhem...). Franquin fit  de Spirou (un groom!) un personnage très moderne, ancré dans son époque (1950/1960)conduisant des voitures d'avant-garde (la turbotraction), avec son ami Fantasio et l'écureuil Spip. Il leur adjoignit notamment le comte de Champignac, savant sympathique et original et surtout le célèbre Marsupilami, animal fantastique doté de pouvoirs étonnants, ramené d'une de ses aventures et dont la notoriété a perduré jusqu'à nos jours..

     Il faut bien remarquer que les aventures de Spirou peuvent se lire souvent à deux niveaux: l'un agréable et superficiel (aventures humoristiques) et un autre, plus profond, qui exprime des problèmes plus profonds et les préoccupations de Franquin : tels l'emprise de la publicité (dans les délirants « Z comme Zorglub » et « L'ombre du Z ») ou encore les méfaits de l'absence de démocratie (dans « QRN sur Bretzelburg »). Ainsi donc , Franquin a su faire des aventures de Spirou une BD authentiquement moderne, en avance sur son temps, annonçant par là les BD très politiques des années 70 et 80.La série a té reprise après Franquin par divers dessinateurs successifs (Fournier, Batem, Janry, Chaland....)   qui , sans égaler le maître, ont néanmoins fait oeuvre honorable.

     

     tintin 2.jpgTintin (dessin et scénario : Hergé (1907-1983) et divers scénaristes non crédités).Attention : monument historique ! Tintin , c'est près d'un siècle d'existence, 24 albums, 250 millions d'exemplaires vendus, une renommée quasi planétaire. Donc, inutile de mégoter, malgré quelques « taches » qui ont marqué ses débuts en 1930:  racisme à peine voilé dans « Tintin au Congo » (encore que dans « Tintin en Amérique » il prenne bien fait et cause pour les Indiens spoliés par les colonisateurs européens), anticommunisme « primaire » dans « Tintin au pays des soviets », mais somme toute rien de très grave. Tintin, qui est une création d'Hergé,  a vécu de nombreuses aventures dans de nombreuse contrées du monde -il est reporter- que ce soit en Europe, Afrique , Asie ou Amérique, et même extraterrestres (« On a marché sur la Lune »). Aventures parfois dramatiques (Tintin au Tibet),parfois franchement comiques (Les bijoux de la Castafiore), mais toutes dotées d'un solide scénario et soutenues par le dessin à la fois efficace et inventif d' Hergé, grand maître de la BD. Au fil des albums, Tintin s'est entouré de compagnons hauts en couleurs: outre évidemment le fidèle chien Milou, on vit apparaître le capitaine Haddock, colérique mais dévoué et courageux, dont les jurons sont devenus célèbres, le professeur Tournesol, devenu l'emblème de tous les scientifiques distraits, les enquêteurs Dupont et Dupond et bien sûr la Castafiore, diva aussi envahissante qu'insupportable, qui sont désormais bien ancrés dans la mémoire collective. Tintin fut le porte-drapeau de la BD durant trente ans avant d'être concurrencé au milieu des années 60 par deux nouveaux venus (Gaston Lagaffe et Astérix) qui l'obligèrent à partager le podium. Mais le souvenir reste et ne s'est guère estompé , même si la série n'a pas été reprise après la mort d'Hergé.

     

                                                    Emile Sabord (éditions Houba Houba)