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ruedespuces - Page 73

  • Ne pas se plaindre

    Novembre 2022

    Cette semaine, pas de médecin à Saint-Martin. On ne se plaint pas, il y en a 3 au Cheylard et 3 à Saint-Agrève. Non, nous n'avons pas à nous plaindre. Les déserts médicaux existent mais pas dans notre communauté de Communes. Il suffit de faire quelques kilomètres.

    Un de ces six médecins veut bien me recevoir, il m'examine et appelle une ambulance. Arrivé à destination, sur la porte d'entrée il y a marqué « Urgence ». A l'intérieur, aucun signe d'urgence. Calme plat. Pas d'agitation. Par contre, comme on le voit à la télé, ou dans des films, des brancards dans un couloir sont alignés le long du mur et semblent attendre depuis longtemps. Les brancardiers me déposent derrière le dernier de la file. A la queue, comme tout le monde.urgences.jpg De temps en temps un brancard disparaît, emmené par un infirmier ou une infirmière. Au suivant. Je suis là depuis deux heures lorsqu' à 16H on vient me chercher pour m'entreposer dans une salle de soin. Ne pas se plaindre, on va s'occuper de moi. On connaît le problème. Manque de personnel. J'attends une heure puis, un médecin et d'aimables infirmières me procurent quelques soins avant de me ranger à nouveau dans la file du couloir. Je ne veux pas me plaindre, néanmoins, je fais remarquer qu'il est 18H et que je n'ai ni bu ni mangé depuis ce matin 8H. « On va vous mettre dans une chambre, là vous allez avoir tout ce dont vous avez besoin. ». 20H, toujours dans le couloir. Il paraît qu'en France, aux urgences des gens meurent dans les couloirs, sur des brancards. Le personnel hospitalier fait ce qu'il peut. On est au courant de leur situation. Manque de personnel, pas assez de lits. C'est bien pour cela que nous ne nous plaignons pas. On sait aussi ce qu'ils ont subi avec la pandémie, on les a même applaudi pour leur courage et leur dévouement, alors maintenant nous n'allons quand même pas les embêter. Les économies sur le système de santé, ce n'est pas leur faute. 21H, toujours dans le couloir, nous sommes moins nombreux, personne n'est mort. Une dame dit à un infirmier qui passe qu'elle voudrait bien sortir, que quelqu'un vient la chercher. « On va venir, madame, on ne peut pas être partout en même temps. » La dame ne se plaint pas. 22H, il ne reste plus que moi dans ce couloir dont les néons pourraient me permettre de lire, mais je n'ai pas prévu de livre. A une infirmière qui passe en me regardant me semble t-il avec quelques lueurs de pitié dans les yeux je fais gentiment remarquer que si je dois passer la nuit là, peut-être pourrait-on me mettre à un endroit où il y a moins de lumière. " Vous allez bientôt aller dans une chambre.". 23H30, Je suis dans la chambre. On me transvase dans un vrai lit, on éteint les lumières. Bonne nuit.

    5H du matin, j'ai mal. Ne pas se plaindre. J'appelle quand même une infirmière. 8H00, petit déjeuner. Ni bu ni mangé depuis 24h. 10H, un médecin passe. " Comment vous sentez-vous ? avez-vous besoin de quelque chose ? " " Merci, ça va, je voudrais rentrer chez moi."  ( je ne veux quand même pas surcharger le service) " Très bien, on vous fait les papiers et vous pourrez sortir." 14H, un taxi vient me chercher. Le temps est beau, les paysages aussi, les couleurs automnales sur le plateau sont à leur apogée. Le chauffeur du taxi ne se plaint pas non plus. Depuis la disparition des petits hôpitaux, des maternités, les affaires marchent.

    Merci au personnel hospitalier.

    François Champelovier

  • Ah ! Si, Ah ! Si.

    coupure de courant.jpgAh ! si la décision de fermer prématurément le Centre de Production Nucléaire de Fessenheim avec une arrière-pensée électoraliste pour capter les votes des anti-nucléaires, ces anti-nucléaires qui n’ont pas de mots assez durs contre le nucléaire civil mais rarement contre le nucléaire militaire, peut-être que les saint-martinois comme le reste des français ne subiraient pas de coupures d’électricité et ne grelotteraient pas dans leur chaumière cet hiver !

    Il paraît que gouverner c’est prévoir !

    A moins d’interroger des météorologistes, comment savoir qu’en hiver généralement lorsqu’il fait froid il n’y a pas de vent ?

    Comment se douter qu’en hiver, la période d’ensoleillement est courte et que les panneaux photovoltaïques produisent très peu d’électricité ?

    Avec la pandémie, était-il possible de prévoir que des opérations programmées d’entretien des outils de production devraient être décalées ? Surtout si l’opérateur historique est resté muet sur le sujet !

    Et, tous les chefs d’État qui se sont succédés pouvaient-ils prévoir que les outils de production électrique pilotables seraient un jour à remplacer ?

    En attendant, soyez prévoyants, pour ceux et celles qui savent le faire, à vos aiguilles pour vous tricoter de bien chauds pulls à col roulé !

    Alain Amsellem

  • Conte en occitan

    « La voiteta »

     

    Los ancians, belèu un pauc imaaginaires,

    Vos violan ensenhar -dision que dins un caire-

    Aval dins lo torrent, au fond d'un gorg prigond,

    Ont l'aiga fresqueta que davala d'amont ;

    S'escondià, la  « voireta », una mena de peis;

    Un retrach de femma, que sortià que la nuèit.

     

    Un vespri, lo Guston, qu'avia fach la ribota,

    Se prenguét -volontos- per veire dins la crota ;

    Per gaitar « voireta » escalet sus lo fau ;

    Coma fasià frisquet, tremolava un pauc,

    Sos la capa dau cèl, la luna palinella

    A l'òme fasià lûm, e mai l'estolia bela.

     

    Quau sap se qu'ela Dona, se disià lo Guston,

    Aquel vespre sortra (sortira) per me far un poton ?

    Se, vendra penchenarsos pials de clar de luna ;

    Los far espolsar subri sa pel de bruna ?

    E mai -l'araparei- se qu'es pas un demon--

    L'adurei qu'es segur tot dreit en la meison.

     

    Aquera ben pensar ; mas la nuèit s'estivara,

    E amont en l'ostau lo grand jalha chantava,

    Quilhat dessus lo fau, lo Guston trabuquét,

    Lo som-som l'avia prés, tot d'un cop cabussét ;

    En tombent per lo sol, veguét subri clapas ;

    Un nebladis grisenc que coria per champas.

     

    « La voïrete »

     

    Les anciens nous contaient, que dans un lieu caché

    Où aucun gros poisson ne fut jamais péché

    Au fond du grand torrent, vivait là, solitaire

    Un drôle d'animal, un mythe, un mystère ;

    Dans la bonne fraîcheur de l'eau claire des monts

    Ne sortait que la nuit de ces gouffres profonds.

     

    Un beau soir le Guston, ayant fait la « ribote »,

    S'en vint, rempli d'ardeur, jusqu'au bord de la grotte ;

    Pour guetter l'animal il grimpe sur fayard ;

    La fraîcheur de la nuit, ou bien est-ce hasard,

    Faisait qu'il grelottait , au ciel la lune claire

    De sa pale lueur dispensait la lumière.

     

    Il voyait bien l'endroit où se cachait « dragon » ;

    « Ce soir je le verrai, se rouler sur gazon,

    S'étendre, se pâmer, peigner sa chevelure,

    L'étendre sur ses seins, sur son épaule brune ;

    Bien sûr, je la prendrai, serait-ce un démon

    Pour venir avec moi, tout droit à la maison ? »

     

    C'était un bon calcul...mais là-haut sur le hêtre

    Le garçon s'assoupit... il rêva d'un orchestre...

    C'était le champ du coq qui annonçait le jour,

    Le garçon chavira...adieu baiser d'amour,

    Il tomba sur gazon... au fil de l'onde claire

    Il crut voir s'enfuyant au loin sur la clairière...

     

    Marie Norcen