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La démocratie dévoyée des réseaux sociaux

 

 

 Hier le cardinal Barbarin a démissionné de son poste. Sa foi et sa volonté d'assurer son sacerdoce n'ont pas résisté à la vindicte qui s'exerçait sur lui. Sans porter de jugement sur cette affaire que nous connaissons mal, prenons en note.

La pression médiatique était trop forte et la poursuite de son ministère en aurait souffert..

Cela m'amène à la réflexion suivante : A présent n'importe quel lobby, groupe de pression, réseau social peut influer sur le cours des choses, bloquer les réalisations et influer sur notre mode de vie collectif.

Dans toute société organisée, il y a deux sortes de citoyens, il y a "ceux qui font" et "ceux qui commentent".

La première catégorie entreprend des choses pour le collectif, elle bâtit, crée, imagine l'avenir, essaie de divertir. Elle doit souvent le faire dans l'urgence pour régler un problème, répondre à un besoin, elle peut être hâtive, imparfaite, maladroite, se tromper.

La deuxième catégorie, celle qui commente, a tout son temps, elle ne fait rien mais est très bien organisée en groupes de pression, lobbyes, associations de défense peut-faire appel à plein d'expertises fallacieuses et à des démonstrations vraies ou fausses que personne n'aurait le temps de démonter. Elle est mue par une force d'inertie implacable et démultipliée par le nombre. Avec les réseaux sociaux elle a maintenant trouvé un levier d'une force inimaginable pour bloquer la moindre initiative.

"Les chiens aboient et la caravane ne passe plus".

Par exemple Il faut ne jamais avoir eu besoin de se rendre de Saint-Etienne à Lyon en voiture aux heures de pointe pour penser que la situation actuelle est satisfaisante. Des opposants déterminés peuvent empêcher la construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes, remettre en question la liaison ferroviaire Lyon-Turin, bloquer les projets d'énergie renouvelables ou d'unités de méthanisation.  A la limite être d'accord avec la construction d'éoliennes mais "pas à côté de chez soi".

Dans un autre domaine,  les artistes, metteurs en scène et cinéastes qui ont choisi pour mission de divertir en font les frais. En s'offusquant en nombre pour une blague pas drôle et un peu sexiste, on peut faire perdre son emploi à la télévision à l'humoriste Tex - pour une histoire crapoteuse racontée dans une émission, amener à supprimer par les organisateurs des dates dans la tournée de Jean-Marie Bigard. Pour une blague plus ridicule que méchante sur un plateau télé faire perdre 3 millions d'euros de contrats de pub à une société de production. Les réseaux sociaux sont maintenant les gardiens du bon goût et du politiquement correct. Malheur à ceux qui ne partagent pas leurs idées ils seront vilipendés et insultés sur le net (cela m'est personnellement  arrivé - une première et dernière fois) quand ce n'est pas menacés physiquement. On veut essayer de faire interdire des films, de remettre en cause par des manifs hostiles devant les théâtres la tenue de spectacles , venir jeter des livres par terre dans une librairie et vouloir intimider l'auteur.

"c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. !" (Molière)



Une petite notation personnelle pour étayer mon propos. Il y a quelques temps on m'a demandé de signer une pétition pour soutenir une thérapie non prise en charge par la sécu pour un enfant atteint d'une maladie orpheline. Comme c'est un enfant que je connais et une bonne cause, j'ai signé auprès de l'organisme qui s'occupait de cela. Depuis je reçois de cette société, qui centralise les pétitions, tous les jours des demandes de soutien à des causes diverses et variées, justifiées ou non - 4 à 5 sur la même page. "si vous êtes contre ceci, cliquez" "si vous êtes pour cela cliquez" Si par paresse, pour faire plaisir ou me débarrasser je commence à être d'accord pour tout, les groupes de pression qui font signer vont se targuer d'avoir tant de signature pour réclamer un changement ou un arrêt de telle chose en disant qu'un nombre significatif de personnes ont signé cette pétition et que le gouvernement ferait bien de prendre leur avis en compte. Alors que la plupart des signataires n'auront même pas lu ce qu'on leur demandait avant de cliquer.

Alors, continuons de vivre comme nous l'avons toujours fait, parlons nous en direct et plus par écrans interposés ou regroupés dans des lobbyes, on échangera des idées : "vous serez pour, je serai contre", ou inversement, et à la fin on ira boire un coup ensemble à la Glycine ou au bar des Pêcheurs.

GV




Commentaires

  • Même si je suis d’accord avec la plus part des interrogations de GV que je partage , je dois réagir sur la première partie de son article . La condamnation de monseigneur Barbarin n’a rien à voir avec les reseaux sociaux et n’est en aucun cas le résultat de fakenews . Il y a des victimes qui ont libéré leur parole et ont eu le courage de parler de l’innomable . L’intégrité De Msg Barbarin n’est pas en cause , mais dans un état de droit un prêtre soit il évêque ne peut ignorer la loi , et si il le fait par convictions religieuses il est normal que la loi des hommes le condamne .
    Regis Duchamp

  • Quelques réflexions

    « La démocratie dévoyée des réseaux sociaux »
    Dévoyée ou non cela reste une démocratie. Et « dévoyé » s’applique aussi à celle des élus !

    « La pression médiatique était trop forte et la poursuite de son ministère en aurait souffert... »
    Cela ne serait-il pas la conclusion d’un jugement ?

    « A présent n'importe quel lobby, groupe de pression, réseau social peut influer sur le cours des choses, bloquer les réalisations et influer sur notre mode de vie collectif. »
    C’est depuis longtemps, mais c’est plus visible aujourd’hui.

    « Dans toute société organisée.. »
    Il y a une société très bien organisée, la dictature (de l’ordre, encore de l’ordre et toujours de l’ordre), dans laquelle beaucoup ne peuvent pas faire ou sont obligés de faire et ne peuvent pas commenter et sont obligés d’acquiescer !
    Qui donc organise notre société ?

    « .. les artistes, metteurs en scène et cinéastes qui ont choisi pour mission de divertir... »
    Je ne savais pas que Vincent van Gogh était un « divertisseur ».
    Vendredi (15 mars) pendant un atelier d’écriture poétique proposé à des écoliers de St Martin, l’un d’eux a donné, à quelques mots près, une définition (ou ce qu’il pensait d’un poème) : « cela permet à quelqu’un d’exprimer des sentiments ». Les poètes ne sont pas des artistes.

    Je laisse de côté la citation de Molière qui laisse de lui une seule image.... et il faudrait disserter sur le rire qui peu même devenir une arme politique... presqu’un lobby ?

    « et plus par écrans interposés ou regroupés dans... » un blog !

    JC

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