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Toutes les Mercedes du monde

A la fin des années 1970, nous habitions une belle région dans le sud de l'Allemagne. Il m'arrive d'y retourner. Nous avions trouvé à nous loger dans un nouveau quartier d'une petite ville. Les maisons étaient à peine finies, les jardins entre ces maisons n'étaient séparées que par un trait de terre entre les pelouses naissantes. Entre voisins, pour se rendre visite, on ne passait pas par la porte d'entrée donnant sur la rue, mais par la porte du jardin. Nous profitions de cette région boisée et vallonnée pour faire de longues promenades. Lorsqu'on croisait d'autres promeneurs on se disait « Grüss Got » le bonjour traditionnel dans cette contrée catholique.

La région est devenue une des plus riche d'Allemagne. Les grosses berlines ont envahi le domaine publique. Devant les maisons de mon ancien quartier, Mercedes, BMW, Audi sont garées devant des maisons bien entretenues. Tout est en ordre. Les jardins sont maintenant séparés par des murs de 2m de haut. Ca ne s'est pas fait d'un coup. Plus les gens s'enrichissaient, plus les murs s'élevaient.

Aujourd'hui en ce début d'année, dans ce sud de l'Allemagne où je me trouve, il a neigé. J'en ai profité pour aller me promener dans la neige sur les chemins que j'empruntais jadis. J'ai croisé beaucoup de gens. Alors qu'au passage, comme jadis, je gratifiais tout le monde d'un Grüss Got ! ou d'un allo ! personne ne me répondait. On me regardait dans les yeux mais sans me saluer. Ce simple signe d'humanité n'est plus de mise.

En s'enrichissant, les gens sont devenus égoïstes : « par mon travail, mon intelligence, j'ai réussi. Je n'ai besoin de personne, je ne veux rien devoir à personne. J'ai ma maison, ma voiture, ma femme, mes enfants, ma télé, mes vacances aux Bahamas, les autres, ce n'est pas mon problème. »

Je vais rentrer à Saint-Martin-de-Valamas, heureux de retrouver des maisons peut-être moins bien rangées mais vivantes, des jardins potagers qui servent à se nourrir et pas à la décoration, où l'avoir est moins important que l'être, content, malgré le confinement de retrouver des voisins serviables et des gens qui vont, même masqués, répondre à mon salut. Un « bonjour », un « ça va ? » un « merci » ces petits signes d'humanité, ça ne demande pas beaucoup d'effort, mais ça rend la vie tellement plus agréable.

Toutes les Mercedes du monde pour un bonjour !bonjour bis.jpg

François Champelovier

Commentaires

  • Complément: Allemagne, été 2020.
    Un nouveau lotissement autour d'un grand pré où paissaient dans les années 60 à 80 des moutons et des vaches. Aujourd'hui, ce sont des chevaux sur lesquels tombent les regards des habitants des jolies nouvelles maisons , bâties selon les dernières normes d'isolation thermiques et sonores. Un quartier aujourd'hui très cher à la périphérie de Cologne, centre-ville en tram à 20 minutes, champs et forêts à pieds à 10 minutes.
    Les jardinets sont séparés par une haie ou un grillage pas bien haut. Des enfants jouent, un ballon part chez le voisin. le portillon n' est pas fermés, les enfants passent sans sonner pour récupérer le jouet ne faisant qu'à sa tête.
    Un voisin accueuille un jeune homme français, inconnu jusqu'à la veille , pour lui permettre de profiter de son ordinateur pour un entretien d'embauche par visioconférence, le grand-père du jeune homme étant refractaire aux outils de communication modernes.
    Le lendemain, des pots de confiture de framboise se trouvent devant la porte d'entrée du grand-père avec un petit mot: "Merci pour les framboises de votre jardin et bon appétit."
    Encore un jour plus tard, une voisine sonne pour une invitation au goûter.
    Rien n'a changé depuis les années 60.
    Si:
    Il y a beaucoup plus de maisons, les habitants ne sont plus les mêmes à 70 %, le quartier est devenu riche.
    Mais la convivialité est restée la même.
    Serait-ce dû aux dictons de Cologne? "Chaque fou est différent et nous sommes tous différemment fous ." On a l'impression que la folie est là pour être partagée.
    Moi, je suis tombée complètement amoureuse du meilleur village de France en Ardèche -Saint Martin de Valamas bien sûr! - parce que j'y ai retrouvé la chaleur humaine de mon quartier d'origine.
    Merci!

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